Dominique LAFFIN
 Actrice française
Mourir à 33 ans ! Dominique Laffin fut une actrice à la fulgurante carrière et au parcours autodestructeur. Un parcours semblable à celui de Patrick Dewaere qui a fait d'elle une étoile filante alors qu'elle était prédestinée à un destin de star.
Dominique Laffin est née à Saint-Mandé, le 3 juin 1952. Son père, André Laffin, chirurgien dentiste et homme politique (il est député d'extrême-droite de l'Yonne), meurt lorsqu'elle a quatorze ans. Elle pratique d'abord divers métiers alimentaires comme baby-sitter, fleuriste, hôtesse, standardiste. En 1981, elle se confie sur son choix de devenir actrice dans les années 1970. « À 22 ans, j'avais l'impression d'en avoir cinquante ! J'étais mariée, mère d'une petite fille et isolée en banlieue sans voiture. Un moment, j'ai eu l'impression que la vie s'était arrêtée. Et quand, tout d'un coup, j'ai décidé de changer de vie et de devenir comédienne, je me suis libérée tellement brutalement et avec une telle force, que rien ne pouvait plus m'arrêter. J'ai couru de production en production en sentant que cela allait être payant et effectivement, sans jamais rien avoir appris de ce métier, j'ai été engagée pour jouer dans Dites-lui que je l'aime ».
Actrice prometteuse
En 1977, elle tourne son premier film, La nuit, tous les chats sont gris de Gérard Zingg, dans lequel elle rencontre Gérard Depardieu qu'elle retrouvera la même année dans Dites-lui que je l'aime de Claude Miller. On la verra par la suite dans la seule comédie qu'elle jouera, Les Petits Câlins de Jean-Marie Poiré, avec Roger Mirmont. Elle y incarne une jeune femme dragueuse inhabituelle dans le panorama français de l'époque. Elle est nommée en 1980 aux Césars comme meilleure actrice pour son interprétation dans La Femme qui pleure de Jacques Doillon. C'est finalement Miou-Miou qui obtient le César pour La Dérobade. En 1980, elle reçoit le prix Suzanne-Bianchetti, qui récompense la jeune actrice la plus prometteuse.
La femme qui pleure
Elle se cantonne ensuite à des films exigeants mais peu diffusés, dont certains restés inédits comme À propos de neige fondue de Gilles Katz, Instants de vie/ Instincts de femme de Claude Othnin-Girard ou Un homme à l'endroit, un homme à l'envers de Madeleine Laïk. Elle tourne dans d'autres premiers films comme Félicité de Christine Pascal ou Tapage nocturne de Catherine Breillat. Elle refuse la proposition d'Alain Delon de jouer avec lui dans Le Toubib à cause de divergences idéologiques. Le producteur bientôt quinquagénaire entreprend de prendre des jeunes actrices sous contrat pour donner la réplique à l'acteur. Mais la jeune comédienne lui répond en lui lançant un verre au visage lors d'une soirée après qu'il ait proféré une remarque sexiste. Elle paiera très chère cette rebellion. Moins farouche, Véronique Jannot prendra sa place et Anne Parillaud lui succèdera. Dominique fait un détour par le cinéma allemand avec La Main dans l'ombre de Rudolf Thome avec Bruno Ganz, et par le cinéma italien avec Pipicacadodo de Marco Ferreri au côté de Roberto Benigni. Elle revient en France avec L'Empreinte des géants de Robert Enrico, L'Oil du maître de Stéphane Kurc, Liberty belle de Pascal Kané et surtout Garçon ! de Claude Sautet face à Yves Montand.
Une fin trop précoce
Mais victime de blacklistage, elle ne reçoit plus que de rares propositions. Elle sombre dans l'alcool et la dépression et travaille dans le récit illustré pour enfants. Elle meurt subitement d'une crise cardiaque, neuf jours après son trente-troisième anniversaire, le 12 juin 1985 dans son appartement du Faubourg Saint-Antoine à Paris où elle sera retrouvée dans sa baignoire. Sa tombe se trouve au cimetière de Montmartre, près de celle de François Truffaut. Laurent Perrin, qui l'a dirigée dans Passage secret, réalise un documentaire sur elle en 2007. Dans son livre Le Festival de Cannes, Frédéric Mitterrand revient sur cette actrice dont il garde un souvenir ému. Épouse du chanteur iconoclaste Yvan Dautin, Dominique Laffin est la mère de la députée insoumise Clémentine Autain, qui a consacré un livre à la relation qu'elle a entretenue avec elle, Dites-lui que je l'aime, publié chez Grasset en 2019.


FILMOGRAPHIE :

Avec Roberto Benigni
1975 : Le Pied !.. de Pierre Unia
1977 : La Nuit, tous les chats sont gris de Gérard Zingg
1977 : Dites-lui que je l'aime de Claude Miller
1978 : Les Petits Câlins de Jean-Marie Poiré
1979 : Tapage nocturne de Catherine Breillat
1979 : La Femme qui pleure de Jacques Doillon
1979 : Félicité de Christine Pascal
1980 : L'Oil du maître de Stéphane Kurc
1980 : Bobo la tête( À propos de neige fondue) de Gilles Katz
1980 : L'Empreinte des géants de Robert Enrico
1980 : Pipicacadodo (Chiedo asilo) de Marco Ferreri
1981 : Instinct de femme de Claude Othenin-Girard
1981 : La Meute d'Yvan Butler (tv)
1981 : L'Arbre aux mensonges de Denis Chegaray (tv)
1982 : La Tribu des vieux enfants de Michel Favart (tv)
1982 : La Main dans l'ombre (System ohne Schatten) de Rudolf Thome
1983 : Il faut marier Julie de Marc Marino (tv)
1983 : Hughie de Frédéric Compain (tv)
1983 : Garçon ! de Claude Sautet
1983 : Liberty belle de Pascal Kané
1984 : Akropolis Now de Hans Liechti
1984 : Voir l'Amérique de Jean Marboeuf (tv)
1984 : Maman, il faut que je te quitte de Madeleine Laïk
1984 : Passage secret de Laurent Perrin


Filmographie de Dominique LAFFIN
 
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