Élina LABOURDETTE
 Actrice française
Avec son beau visage ovale et ses yeux clairs, Élina Labourdette figure la Parisienne, telle que l'imagine Hollywood, habillée par Cardin et coiffée par Alexandre. C'est une femme racée, à la grâce native et au charme espiègle, que ravit un sourire radieux. Elle va promener son élégance au théâtre mais fera de précieuses apparitions sous la direction de grands réalisateurs.
Élina Labourdette est née dans le XVIe arrondissement de Paris, le 21 mai 1919. Toute petite, elle se consacre à la danse, chez Volimine, puis, devenue adolescente, opte pour la comédie et s'inscrit au Cours René Simon, tout en prenant des leçons auprès d'Ève Francis, la femme de Louis Delluc. Le théâtre a ses premières faveurs et Élina Labourdette ne tarde pas à rejoindre la prestigieuse Compagnie Renaud-Barrault. On peut dès lors l'applaudir, au théâtre Marigny, dans La répétition ou l'amour puni d'Anouilh, ou dans Malatesta de Montherlant, la même année. L'année suivante, elle est dirigée, au théâtre des Célestins, par le grand Louis Jouvet dans Les fourberies de Scapin de Molière et la voilà dans La main passe de Feydeau, en 1954, au théâtre Antoine.
Vedette grâce à Bresson
Après avoir fait une petite apparition non-créditée dans Prison sans barreaux, Élina Labourdette est choisie par G.W. Pabst pour jouer la jeune Véra qui, élevée dans un pensionnat de Hong Kong est longtemps tenue dans l'ignorance des activités douteuses de sa mère dans Le drame de Shanghaï. Pour la retrouver à l'écran, il faut ensuite attendre Le pavillon brûle avec Jean Marais, adaptation d'une pièce qui lui avait valu un beau succès sur scène au théâtre des Mathurins. Le titre le plus connu de la filmographie de cette élégante vedette demeure sans doute Les dames du Bois de Boulogne de Robert Bresson, dans lequel sa formation de danseuse est mise à contribution et aide à la crédibilité du personnage. Elle devient cette fragile danseuse en collant noir qui, manipulée par Maria Casares, doit séduire le libertin Paul Bernard. Un rôle qui l'inscrit tout de suite dans la mémoire des cinéphiles.
Une allure altière
Comme Élina Labourdette a un port altier et des façons de reine, on lui donne des rôles d'aristocrates. Elle est ainsi la comtesse de La Porte, qui s'intéresse aux travaux de Monsieur Fabre alias Pierre Fresnay, mais aussi Florence Borch de Martelie, sensible au talent de pianiste de Daniel Gélin dans Édouard et Caroline de Jacques Becker ou encore Mme de Saint-Aigne dans Snobs de Jean-Pierre Mocky. Ses bonnes manières lui valent des rôles assez policés, comme cette hôtesse de l'air qui, dans Les aventuriers de l'air essaie de tirer Yves Furet, un ancien pilote, du mauvais pas, la maîtresse et complice de Jean Marais dans Le Château de Verre de René Clément, cette maîtresse d'un homme d'affaires accusée du meurtre de son amant dans Ouvert contre X, scénarisé par maître Floriot ou cette comédienne qui se trouve bloquée à Aden lors d'une tournée dans C'est arrivé à Aden de Michel Boisrond. C'est aussi cette ancienne danseuse étoile, qui, pendant la guerre, se cache, avec son mari cardiaque, Michel Vitold, dans une vallée des Pyrénées dans Vacances en enfer de Jean Kerchbron ou Mme Desnoyers, qui, dans Lola de Jacques Demy, côtoie l'ami d'enfance d'Anouk Aimée.
Des rôles plus troubles
Mais il arrive à Élina Labourdette de s'égarer. Dans Les trafiquants de la mer de Willy Rozier, elle est mêlée à un trafic d'opium, dans Tapage nocturne de Marc-Gilbert Sauvajon, elle incarne une secrétaire, qui tue un libidineux Lucien Baroux, prêt à abuser d'elle, et elle n'hésite pas, dans La vierge du Rhin de Gilles Grangier, à imaginer le meurtre de Jean Gabin, mari gênant revenu d'entre les morts. À la télévision, on voit Élina Labourdette dans un épisode des Cinq dernières minutes en 1960. Elle incarne la baronne Hulot dans La cousine Bette d'après Balzac, et la maîtresse de ce dernier, Laure de Berny, dans Un grand amour de Balzac, ainsi que Mme de Lamartine dans Julie Charles, la maîtresse de Pierre Clémenti dans On est tellement seuls. On peut aussi la voir dans Président Faust en 1974, une version moderne du drame de Goethe dont le journaliste et écrivain Louis Pauwels, son époux depuis 1956, est le dialoguiste et co-scénariste. Mère adoptive d'une fille Zoé, Élina Labourdette décède le 30 septembre 2014 au Mesnil-le-Roi, dans les Yvelines.


FILMOGRAPHIE :

Avec Louis Pauwels
1937 : Prison sans barreaux de Léonide Moguy
1938 : Le drame de Shanghai de Georg Wilhelm Pabst
1940 : Le pavillon brûle de Jacques de Baroncelli
1942 : Des jeunes filles dans la nuit de René Le Hénaff
1944 : Les dames du Bois de Boulogne de Robert Bresson
1947 : Les trafiquants de la mer de Willy Rozier
1950 : Les aventuriers de l'air de René Jayet
1950 : Le château de verre de René Clément
1950 : Édouard et Caroline de Jacques Becker
1951 : Monsieur Fabre d'Henri Diamant-Berger
1951 : Tapage nocturne de Marc-Gilbert Sauvageon
1952 : Ouvert contre X / L'enquête est ouverte de Richard Pottier
1952 : Mon mari est merveilleux d'André Hunebelle
1953 : La vierge du Rhin de Gilles Grangier
1954 : A Paris tous les deux (To Paris with love) de Robert Hamer
1955 : Papa, maman, ma femme et moi de Jean-Paul Le Chanois
1956 : Élena et les hommes de Jean Renoir
1956 : C'est arrivé à Aden de Michel Boisrond
1957 : La nuit des suspectes / Huit femmes en noir de Victor Merenda
1957 : La vérité sur les femmes (The truth about Women) de Muriel Box
1960 : Lola de Jacques Demy
1960 : Vacances en enfer de Jean Kerchbron
1961 : Les parisiennes, segment Sophie de Marc Allégret
1961 : Snobs ! de Jean-Pierre Mocky
1961 : Le couteau dans la plaie (Five miles to midnight) d'Anatole Litvak
1962 : Le glaive et la balance d'André Cayatte
1967 : Au pan coupé de Guy Gilles
1968 : Les jeunes loups de Marcel Carné
1970 : Clair de terre de Guy Gilles
1976 : L'Homme pressé terre d'Édouard Molinaro

Télévision
1958 : La Répétition ou l'Amour puni de Jean-Paul Carrère
1964 : La Cousine Bette d'Yves-André Hubert
1967 : Julie de Chaverny ou la Double Méprise de Jean-Pierre Marchand
1973 : Un grand amour de Balzac de Jacqueline Audry
1974 : Président Faust de Jean Kerchbron
1974 : Julie Charles de Jean Kerchbron
1974 : Les Jardins du roi de Jean Kerchbron
1975 : Monsieur Jadis de Michel Polac
1976 : Anne jour après jour de Bernard Toublanc-Michel
1978 : Allégra de Michel Wyn
1979 : Les Moyens du bord de Bernard Toublanc-Michel
1979 : L'Oil du sorcier de Alain Dhénaut
1978 : Les Jeunes Filles de Lazare Iglesis
1981 : Le Piège à loups de Jean Kerchbron
1983 : Deux amies d'enfance de Nina Companeez


Filmographie d'Élina LABOURDETTE
 
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