Barbara LAAGE
 Actrice française
Barbara Laage n’aura pas été une des plus éblouissantes étoiles du cinéma, mais elle aura été une de ses plus lumineuses beautés. Symbole de l’existentialisme et des caves de Saint-Germain-des-Prés, elle aura connu son heure de gloire pendant les années cinquante avant de sombrer dans le cinéma commercial de la pire espèce.
La petite Claire Colombat voit le jour à Menthon-Saint-Bernard, une petite bourgade près du lac d’Annecy, le 30 juillet 1920. L’adolescente d’une grande beauté tente sa chance comme actrice et prend des cours d’art dramatique avec Raymond Rouleau qui lui fait visiter le répertoire classique. Mais ses débuts sont contrariés par la seconde guerre mondiale. Elle n’apparaît que comme figurante dans Signé illisible de Christian Chamborant en 1942 auprès de Gaby Sylvia et André Luguet.
Une carrière américaine avortée
À la fin de la guerre, la jeune Claire prend le pseudonyme de Barbara Laage et rêve d’Hollywood. Remarquée par le magazine Life, elle rencontre Orson Welles qui lui promet le rôle principal de La Dame de Shanghai. Mais les difficultés financières récurrentes du génie américain retarde considérablement le tournage du film. À contre cœur, Orson Welles confie le rôle à son épouse Rita Hayworth dont il n’a jamais accordé beaucoup de crédit en tant qu’actrice. En consolation, Barbara Laage tourne L’Indomptée avec Barbara Stanwyck. Elle revient en France où elle fait une apparition remarquée dans La Rose rouge, un film musical rive-gauche à la gloire des frères Jacques. Le réalisateur Marcel Pagliero lui confie le rôle principal de La Putain respectueuse, adapté de la pièce de Jean-Paul Sartre. D’une beauté provocante, la comédienne démarre une carrière qui l’amènera en Italie pour une énième Dame aux Camélias dans Fille d’amour, à Hollywood pour Un acte d’amour d’Anatole Litvak tourné en France avec Kirk Douglas. Mais la vedette refuse les mondanités et n’affiche pas sa vie privée dans les gazettes. De plus, Barbara Laage a une santé fragile. En 1955, elle tourne en Afrique Nagana mais après le tournage éprouvant, elle doit être hospitalisée et sombre plusieurs jours dans le coma.
La pépée du polar années 50
Elle occupe un rôle secondaire dans Les Assassins du Dimanche, joue les mamans de Brigitte Fossey dans La route joyeuse de Gene Kelly, participe à la distribution prestigieuse d’Éléna et les Hommes de Jean Renoir mais replonge aussitôt dans la production courante. Si elle est connue et réclamée partout dans le monde, la belle actrice se voit cantonnée en France dans des films policiers de série B comme Miss Pigalle, Ça va être ta fête, Ce soir on tue ou Quai des Blondes. Elle enflamme le timide professeur de philosophie pris pour un malfrat interprété avec beaucoup de surcharge par Fernandel dans Le Caïd de Bernard Borderie. Ses apparitions sont de plus en plus espacées et si elle trouve de beaux rôles dans Paris Blues de Martin Ritt avec Paul Newman et Vacances portugaises de Pierre Kast, elle ne trouve guère de quoi continuer à exister que dans des productions brésiliennes comme O crime de Aldeia Velha de Manuel Guimarães ou O corpo ardente de Walter Hugo Khouri.
Dernier sursaut avec Truffaut
En effet, les jeunes génies auto proclamés de la Nouvelle Vague ont pris soin d’enterrer les jeunes starlettes des années cinquante comme Claudine Dupuis, Dominique Wilms ou Brigitte Auber et les réalisateurs qui les ont faites tourner. Seul, François Truffaut dans une sorte de repentir où il avouait avoir été fou amoureux de Tilda Thamar l’engage pour Domicile conjugal en 1970. Barbara Laage se produit au théâtre dans Les Cailloux de Félicien Marceau aux côtés de Michel Picoli. La pièce qui vilipende la jet set qui part se bronzer à Capri provoque un petit scandale et obtient un gros succès. Toujours aussi belle et classe, la cinquantaine venue, elle participe au singulier Projection privée de François Leterrier auprès de Françoise Fabian et Jane Birkin et donne la réplique à Jean-Louis Trintignant dans Défense de savoir. Elle fait une dernière apparition dans le téléfilm Une place forte par amitié pour Ivan Desny, son partenaire de La P… respectueuse. En 1988, Barbara Laage est à nouveau rattrappée par la maladie et sombre une fois encore dans le coma. Après 33 ans de lutte, la superbe actrice décède le 19 mai 1988 sans avoir repris conscience.


FILMOGRAPHIE :

Avec Michel Piccoli
1942 : Signé illisible de Christian Chamborant (figuration)
1948 : L'Indomptée (B.F's Daughter) de Robert Z. Leonard
1951 : La Rose rouge de Marcello Pagliero
1952 : La Putain respectueuse de Charles Brabant et Marcello Pagliero
1953 : Une Parisienne à Rome (Una parigina a Roma) d’Erich Kobler
1953 : Zoé de Charles Brabant
1953 : L'Esclave d’Yves Ciampi
1953 : Fille d’amour (Traviata 53) de Vittorio Cottafavi
1953 : Quai des blondes de Paul Cadéac
1954 : Nagana d’Hervé Bromberger
1954 : Un acte d’amour (Act of Love) d’Anatole Litvak
1955 : Les Aventures de Gil Blas de Santillane de René Jolivet
1955 : Les Assassins du dimanche d’Alex Joffé
1956 : Je plaide non coupable d’Edmond T. Gréville
1956 : Action immédiate de Maurice Labro
1956 : Élena et les hommes de Jean Renoir
1957 : La Route joyeuse (The Happy Road) de Gene Kelly
1957 : Deuxième Bureau contre inconnu de Jean Stelli
1957 : Miss Pigalle de Maurice Cam
1959 : Tentations (Un mundo para mi) de José Antonio de la Loma
1959 : Y'en a marre / Ce soir on tue d’Yvan Govar
1959 : Une nuit à Monte Carlo (Bomben auf Monte Carlo) de Georg Jacoby
1960 : Le Caïd de Bernard Borderie
1960 : Ça va être ta fête de Pierre Montazel
1960 : Nuits orientales (Orientalische Nächte) d’Heinz Paul
1961 : Paris Blues (Paris Blues) de Martin Ritt
1962 : Belles dames du temps jadis de Jacques Rutman (tv)
1963 : Le Captif de Maurice Labro
1963 : Vacances portugaises de Pierre Kast
1964 : O crime da aldeia Velha de Manuel Guimarães
1965 : Des inconnus sous le soleil de Jacques Manlay (tv)
1966 : Drôle de jeu de Pierre Kast et Jean-Daniel Pollet
1966 : O Corpo ardente de Walter Hugo Khouri
1968 : Thérèse et Isabelle (Therese und Isabell) de Radley Metzger
1968 : Les atomistes de Léonard Keigel (tv)
1968 : Don Juan revient de guerre de Marcel Cravenne (tv)
1969 : La Main du mort de Guy Jorré (tv)
1970 : Domicile conjugal de François Truffaut
1971 : La Maison des bois de Maurice Pialat (tv)
1972 : Le Père Goriot de Guy Jorré (tv)
1972 : Maigret en meublé de Claude Boissol (tv)
1973 : Projection privée de François Leterrier
1973 : Défense de savoir de Nadine Trintignant
1976 : Une place forte de Guy Jorré (tv)


Filmographie de Barbara LAAGE
 
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