Vera KORÈNE
 Actrice française d'origine ukrainienne
La carrière au cinéma de la sculpturale et vibrante Vera Korène s'étend seulement pendant six ans. Au théâtre, sociétaire de la Comédie française, elle a tenu les roles les plus divers, tous de haute tenue. Elle sut donner à la poésie son rythme le plus sûr sans céder aux excès. Une beauté fière mais sans arrogance, une voix chaude et tendre pour animer des héroïnes dont la pudeur dans la passion, la retenue dans le bonheur ou dans le désespoir ne pouvaient s'accomoder d'aucune outrance.
Rebecca Véra Koretzky voit le jour le 17 juillet 1901, à Bakhmout, petite ville située au sud de Kharkov, dans cette immense Ukraine alors rattachée à l'empire russe. Au moment de la révolution bolchevique, la famille qui appartient à la petite bourgeoisie, se réfugie en France. Rebecca réussit à convaincre ses parents qu'elle a une vocation de comédienne. Elle prend des cours d'art dramatique et obtient ses premiers engagements dans les années vingt dans différents théâtres parisiens. Elle devient pensionnaire en 1931 puis sociétaire en 1936 de la Comédie Française. Côté cinéma, elle interprète un petit rôle, en 1922, dans Son excellence le Bouif de Louis Osmont qui met en scène Félicien Tramel dans son rôle récurrent. Onze ans plus tard, elle retrouve les caméras par l'intermédiaire du théâtre filmé avec Tartuffe de Molière, réalisé par Léonce Perret puis le court métrage Un soir à la Comédie Française avec Madeleine Renaud. Mais Véra Korène devient vraiment une grande vedette des salles obscures avec deux mélodrames tournés en 1933 La voix sans visage de Léo Mittler et Belle de nuit de Louis Valray, où Aimé Clariond se sert d'une prostituée toulonnaise pour se venger.
Beauté slave à Paris
Deux ans plus tard, la comédienne commence une carrière d'espionne au cinéma en interprétant dans Deuxième Bureau de Pierre Billon, l'Allemande Erna Flieder qui doit neutraliser un officier français, le Capitaine Benoît, sorti de l'imagination de Charles Robert Dumas, joué Jean Murat. En 1937, elle est l'héroïne, aux côtés de Victor Francen, de Double crime sur la ligne Maginot, d'après le livre de Pierre Nord, adapté par Félix Gandéra. Dans le film réalisé par Jean-Paul Paulin, elle est aussi La danseuse rouge, une artiste originaire d'Europe Centrale qui se produit dans toutes les capitales pour soutirer des informations militaires. Véra apparaît également dans des œuvres au charme désuet irremplaçable qui tentent de récréer l'atmosphère des dernières années de la Russie impériale. Elle a, dans Au service du Tsar de Pierre Billon, comme partenaire Pierre Richard-Willm transformé en officier russe. Puis c'est Pierre Blanchar, pour Les Bateliers de la Volga de Vladimir Strijewski, qui est accusé d'un forfait qu'il n'a pas commis. Vera est ensuite Tamara la complaisante, paysanne sibérienne qui bouleverse l'existence de Gregory joué par Victor Francen. Enfin en 1938, dans La brigade sauvage de Jean Dréville et Marcel L'Herbier, elle est, à la vieille de la Première Guerre mondiale, l'épouse de Charles Vanel. Ce sera la dernière prestation de Véra Korène au cinéma.
L'exil et le retour sur scène
En effet, pendant l'occupation, elle est ignominieusement traitée par la propagande nazie soutenue par le gouvernement de Vichy. D'origine juive, lors d'une exposition en 1941 sur le cinéma, son beau visage est placardé, aux côtés notamment de ceux de Marcel Dalio et Jean-Pierre Aumont, sur une fresque qui dénonce la perversion du goût et de l'esprit français par les artistes israélites. La belle artiste se réfugie au Canada puis se rend à Hollywood et au Brésil. Heureusement, après la guerre Véra Korène accepte de retrouver la France, Paris et son activité de comédienne au Français jusqu'en 1952. Elle adapte Le Martyre de saint Sébastien de Gabriele d'Annunzio et Claude Debussy dont elle grave trois disques. Elle monte sa propre compagnie théâtrale puis dirige, jusqu'en 1978, le théâtre de la Renaissance où elle monte notamment Les Séquestrés d'Altona de Jean-Paul Sartre avec Serge Reggiani et Qui a peur de Virginia Woolf ? avec Madeleine Robinson. Cette très grande artiste, née en Ukraine, la même année que la Grande Duchesse Anastasia, l'une des filles du Tsar Nicolas II, meurt à l'âge de quatre-vingt quinze ans dans une maison de retraite, à moins de dix kilomètres du château de Versailles, le 20 novembre 1996.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jean Yonnel
1922 : Son excellence le Bouif de Louis Osmont
1933 : Tartuffe de Léonce Perret
1933 : La voix sans visage de Léo Mittler
1934 : La belle de nuit de Louis Valray
1934 : Un soir à la Comédie Française de Léonce Perret (cm)
1935 : Deuxième bureau de Pierre Billon
1935 : L'argent de Pierre Billon
1936 : Au service du tsar de Pierre Billon
1936 : Sept hommes. une femme d'Yves Mirande
1936 : Les bateliers de la Volga de Vladimir Strijewski
1937 : La danseuse rouge d'or de Jean-Paul Paulin
1937 : Tamara la complaisante de Félix Gandéra & Jean Delannoy
1937 : Double crime sur la ligne Maginot de Félix Gandéra
1938 : Café de Paris de Yves Mirande
1939 : La brigade sauvage de Jean Dréville & Marcel L'Herbier


Filmographie de Vera KORÈNE
 
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