Lila KEDROVA
 Actrice française d'origine russe
Il aura suffi d'un rôle pour faire rentrer Lila Kedrova dans la légende. En 1963, elle endosse le personnage destiné au départ à Simone Signoret de la Bouboulina, vieille prostituée amie de Zorba le Grec incarné par Anthony Quinn. Malgré l'Oscar décroché à Hollywood, Lila Kedrova, excentrique et attachante ne parviendra plus à obtenir des rôles de cette envergure malgré Alfred Hitchcock, de beaux personnages dans le cinéma français et international et une belle carrière au théâtre.
Issue d'une famille d'artistes, Lila Kedrova voit le jour, d'après certaines sources, dans les derniers jours de la Russie tsariste, pour d'autres, un an plus tard soit le 9 septembre 1919, à Saint-Pétersbourg, renommé Petrograd depuis 1914, la future Leningrad de 1924 à 1991. Elle est encore tout bébé quand sa famille prend le chemin de l'exil et réside cinq ans en Allemagne avant de gagner la France. La petite fille est alors déclarée sous son identité occidentalisée d'Elisabeth Kedroff.
Seconds rôles ingrats
Le nom de Lila Kedrova est cité dans certains ouvrages au crédit du film Ultimatum de Robert Wiene, avec Eric von Stroheim et Dita Parlo en 1938. L'artiste semble cependant avoir vraiment commencé sa carrière cinématographique dans les années cinquante, après avoir acquis une solide réputation de professionnelle sur les planches, sous la tutelle de Charles Dullin puis de Pierre Valde dont elle est devenue l'épouse en 1948. Lila Kedrova apparaît tout d'abord dans un film ouest-allemand de Victor Vicas et Beate von Mollo, Sans retour aux côtés d'Ivan Desny qui interprète un ingénieur soviétique. Elle endosse ensuite avec talent la personnalité de personnages secondaires marquants aux nationalités diverses notamment en tenancière dans Le grand jeu avec Gina Lollobrigida, nouvelle version du film de Jacques Feyder réalisée par Robert Siodmak, avec Jean-Claude Pascal remplaçant Pierre Richard-Willm, en toxicomane dans Razzia sur la chnouf d'Henri Decoin avec Jean Gabin, en logeuse dans Les Impures avec Raymond Pellegrin et Micheline Presle, en dolorosa dans Grand'Rue de Juan Antonio Bardem, dans Montparnasse 19 avec Gérard Philipe alias le peintre Amedeo Modigliani et dans La femme et le pantin de Julien Duvivier, avec Brigitte Bardot (qu'elle avait croisée en Future vedette) et Antonio Vilar, dans les deux rôles-titres.
Bouboulina for ever
En 1964, Lila Kedrova se voit décerner l'Oscar du meilleur second rôle féminin pour sa magistrale composition d'une prostituée face à Anthony Quinn dans Zorba le Grec de Michael Cacoyannis. Artiste polyglotte, elle débute alors une carrière nord-américaine en jouant en particulier dans des films très influencés par la Guerre Froide comme Le rideau déchiré d'Alfred Hitchcock avec Paul Newman et Julie Andrews, et La lettre du Kremlin de John Huston. Elle travaille également en Italie (Alla mia caro mamma, Le Orme) et en Israël (Évasion vers le soleil de Menahem Golan). Mais les spectateurs français peuvent continuer à la voir régulièrement à la télé dans Les glaces de Claude Gagues, avec Jean Topart et Au bout du printemps avec Niels Arestrup et Clémentine Amouroux ou au cinéma dans Les égouts du paradis de José Giovanni et Clair de Femme de Costa-Gavras d'après Romain Gary avec Yves Montand.
Des auteurs russes sur scène
Elle poursuit également une carrière théâtrale où elle joue bien sûr les auteurs russes mais aussi Marcel Aymé (Clérembard), Shelagh Delaney (Un goût de miel), Jacques Audiberti (La Logeuse), Jean Anouilh (La Grotte), René de Obaldia (Le Satyre de la Villette) ou Tennessee Williams (La Rose tatouée). Remariée en 1968 à un metteur en scène canadien de l'Ontario, Richard Howard, elle s'installe Outre-Atlantique. Dans les années quatre-vingts elle reprend à Broadway son rôle de prostituée dans l'adaptation théâtrale du roman de Nikos Kazantzakis, Zorba le Grec où elle a de nouveau comme partenaire Anthony Quinn. À Paris, elle reprend Les Parents terribles de Jean Cocteau mis en scène par Jean Marais en 1977. Âgée de soixante-quinze ans, avec une cinquantaine de longs métrages à sa filmographie, elle se retire définitivement de la scène en 1994. Atteinte de la maladie d'Alzheimer, ayant tout oublié de sa belle carrière et de son existence commencée huit décennies plus tôt sur les rives de la Neva, Lila Kedrova s'éteint le 16 février 2000 à l'hôpital de Sault-Sainte-Marie, ville canadienne où elle résidait avec son second mari.


FILMOGRAPHIE :

Avec Alfred Hitchcock
1938 : Ultimatum de Robert Wiene (figuration)
1952 : Sans retour (Weg ohne umkehr) de Victor Vicas & Beate von Mollo
1953 : Le grand jeu de Robert Siodmak
1953 : Le défroqué de Léo Joannon
1954 : Les impures de Pierre Chevalier
1954 : Les chiffonniers d'Emmaüs de Robert Darène
1954 : Futures vedettes de Marc Allégret
1955 : Des gens sans importance d'Henri Verneuil
1955 : Razzia sur la chnouf d'Henri Decoin
1956 : Grand'Rue (Calle Mayor) de Juan Antonio Bardem
1956 : La Part des Dieux de Jean Vernier (tv)
1956 : Jusqu'au dernier de Pierre Billon
1957 : Ce joli monde de Carlo Rim
1957 : Montparnasse 19 de Jacques Becker
1959 : Épouses coupables (Jons und erdme) de Victor Vicas
1959 : La femme et le pantin de Julien Duvivier
1959 : Mon pote le gitan de François Gir
1961 : Les Concini de Jean Kerchbron (tv)
1962 : Kriss Romani de Jean Schmit
1962 : Mesdemoiselles Armande de René Lucot (tv)
1963 : Les eaux dérobées de Roger Kahane (tv)
1963 : La mort d'un tueur de Robert Hossein
1964 : Zorba le Grec (Zorba the greek) de Michael Cacoyannis
1965 : Cyclone à la Jamaïque (A high wind in Jamaica) d'Alexander Mackendrick
1966 : Le rideau déchiré (The torn curtain) d'Alfred Hitchcock
1966 : Le canard en fer blanc de Jacques Poitrenaud
1966 : Maigret à Pigalle de Mario Landi
1967 : Les plaisirs de Pénélope (Penelope) d'Arthur Hiller
1968 : Tenderly (The girl who couln't say no) de Franco Brusati
1969 : La lettre du Kremlin (The Kremlin letter) de John Huston
1970 : L'horoscope d'Eliza (Eliza's horoscope) de Gordon Sheppard
1970 : Le temps d'aimer (time for loving) de Christopher Miles
1972 : Rak ! de Charles Belmont
1972 : La fuite vers le soleil (Habricha el hashemesh) de Menahem Golan
1973 : Les Glaces de Claude Dagues (tv)
1973 : En voiture Simone ! (Undercovers hero) de Roy Boulting
1974 : Alla mia cara mamma nel giorno del suo compleanno de Luciano Salce
1974 : Le orme de Luigi Bazzoni
1975 : Emilie, l'enfant des ténèbres (Il medaglione insanguinato) de Massimo Dallamano
1976 : Le locataire (The tenant) de Roman Polanski
1976 : Le paradis des riches de Paul Barge
1976 : Trosky est mort (Trotsky is dead) de Tony Bicat (tv)
1977 : Il était une fois la légion (March or die) de Dick Richards
1977 : Moi, fleur bleue d'Eric Le Hung
1977 : Au bout du printemps de Bernard Dubois(tv)
1977 : Widow's nest (Nido de viudas) de Tony Navarro
1978 : Les égouts du paradis de José Giovanni
1978 : Le cavaleur de Philippe de Broca
1979 : Clair de femme de Costa-Gavras
1979 : Le Bifteck de Jean Brard (tv)
1980 : Mon amie Nane de Dominique Giuliani (tv)
1980 : Tell me / David et Eva (Tell me a riddle) de Lee Grant
1980 : Sonate fantôme (The Ghost Sonata) de Philip Saville (tv)
1980 : Les Parents terribles d'Yves-André Hubert (tv)
1981 : Blood tide / Demon Island de Richard Jeffries
1982 : Il turno de Tonino Cervi
1983 : Le glaive du vaillant (Sword of the valiant) de Stephen Weeks
1983 : Le dernier testament (Testament) de Lynne Littman
1987 : Les trois grâces et moi (Some girls) de Michael Hoffman
1988 : Deux Hommes (Two Men) de Gordon Pinsent (tv)
1991 : Une étoile pour deux (A star for two) de Jim Kaufman
1993 : Et ensuite, le feu (La prossima volta il fuoco) de Fabio Carpi
1994 : Getting away with murder d'Harvey Miller


Filmographie de Lila KEDROVA
 
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