Odette Joyeux naît à Paris le 5 décembre 1914. Ses parents non mariés se séparent avant sa naissance. Sa mère assure seule son éducation. Odette étudie le violon avant de devenir petit rat de l'opéra. Mais turbulente et primesautière elle est renvoyée pour indiscipline. Elle se tourne alors vers le théâtre. Louis Jouvet remarque ce petit bout de femme qu'il choisit pour faire partie de la distribution, à sa création en 1933, d'Intermezzo de Jean Giraudoux. En 1935, elle est Madeleine dans la pièce Grisou écrite et joué par Pierre Brasseur. Elle épouse la même année cet homme de théâtre déjà bien connu au cinéma. Il est son aîné de neuf ans. Leur fils Claude, futur comédien, voit le jour en 1936.
La fausse ingénue
Odette Joyeux rencontre le monde du cinéma dès 1931 dans deux films de Charles de Rochefort. En 1934, elle donne la réplique à Jean-Pierre Aumont dans l'adaptation du roman de Vicki Baum Lac aux dames. Elle tourne la même année avec son mari Valse éternelle et Une femme qui se partage. Mais ce n'est vraiment qu'en 1938 qu'elle accède à la notoriété grâce à Entrée des artistes de Marc Allégret, où elle est une apprentie-comédienne qui convoite Claude Dauphin. L'ingénue se transforme en garce lorsque ce dernier lui préfère Jacqueline Francey. Commencé en 1939 Notre Dame de la Mouise de Robert Péguy ne sort que dix mois après l'armistice de juin 1940. Odette est La môme dans une banlieue où un jeune curé, François Rozet, n'y rencontre d'abord que l'hostilité.
Avec de Poligny et Autant-Lara
Pendant l'occupation, Odette est régulièrement à l'affiche. En 1942, elle tourne Le lit à colonnes avec Jean Marais. Dans Le baron fantôme de Serge de Poligny écrit par Cocteau, elle découvre le testament qui permet à Jany Holt d'épouser le véritable héritier du domaine. Claude Autant-Lara lui donne également trois rôles importants. Elle est la jeune fille que sa mère destine à l'élégant quinquagénaire André Luguet dans Le mariage de Chiffon. En 1943, elle sert d'intermédiaire aux Lettres d'amour de François Périer et interprète Douce une jeune aristocrate qui affronte la société parisienne. Très remarquée sur scène dans L'École de la médisance de Sheridan, Odette Joyeux participe après l'armistice à une tournée en zone libre et en Afrique du Nord. Avec sa petite taille, son physique menu, elle a cultivé à l'écran un personnage d'adolescente fragile et sans défense, bien loin de son vrai caractère. «Les ingénues gentilles n'ont jamais correspondu vraiment à ma nature profonde. Je suis quelqu'un de très violent et de coléreux aussi», devait-elle avouer. En 1945 Odette Joyeux divorce. Elle poursuit pendant une dizaine d'années sa carrière au théâtre et au cinéma. Elle retrouve Claude Autant-Lara pour Sylvie et son fantôme et le tourne le mélodrame Orage d'été de Jean Gehret. Paul Meurisse est son partenaire dans Scandale. Mais les producteurs ont du mal à voir l'actrice autrement qu'en femme-enfant romanesque. Ophüls enfin la voit en grisette courtisée par Fernand Gravey puis séduite par le poète Jean-Louis Barrault dans La Ronde.
Scénariste et romancière
Odette qui s'approche de la quarantaine et qui commence à être un écrivain reconnu, décide de devenir scénariste. On lui doit, en 1956, La mariée était trop belle, délicieuse comédie où Brigitte Bardot chipe en toute innocence Louis Jourdan à Micheline Presle. Le film Rencontres avec Michèle Morgan et Pierre Brasseur, est réalisé par son tout récent mari mais compagnon depuis plus de quinze ans, Philippe Agostini. Le couple poursuit une très fructueuse collaboration à la télévision pendant vint ans avec notamment en 1966 L'âge heureux où elle décrit le monde de son enfance et joue la maman de Delphine Desyeux, petit rat de l'opéra. Mais la comédienne-scénariste, installée sur la côte d'Azur depuis de nombreuses années, a aussi une activité littéraire soutenue avec romans et recueil de mémoires sous le titre Entrée d'une artiste. Odette Joyeux foudroyée par une attaque cérébrale, s'éteint le 26 août 2006 à Ollioules, petite ville varoise du sud de la France, alors qu'elle approche de ses quatre-vingt six ans.
FILMOGRAPHIE :
Avec Pierre Brasseur
et Claude Brasseur
1930 : Le secret du docteur de Charles de Rochefort
1931 : Jean de la lune de Jean Choux (apparition)
1932 : Le chien jaune de Jean Tarride
1934 : Lac aux Dames de Marc Allégret
1935 : Le chant de l'amour de Gaston Roudès
1936 : Hélène de Jean Benoît-Lévy & Marie Epstein
1936 : Valse éternelle de Max Neufeld
1936 : Une femme qui se partage de Maurice Cammage
1936 : La glu de Jean Choux
1937 : Trois artilleurs au pensionnat de René Pujol
1938 : Altitude 3200 de Jean Benoît-Lévy & Marie Epstein
1938 : Entrée des artistes de Marc Allégret
1938 : Grisou de Maurice de Canonge
1939 : Notre Dame de la Mouise de Robert Péguy
1941 : Le mariage de Chiffon de Claude Autant-Lara
1942 : Le lit à colonnes de Roland Tual
1942 : Le baron fantôme de Serge de Poligny
1943 : Lettres d'amour de Claude Autant-Lara
1943 : Douce de Claude Autant-Lara
1944 : Les petites du quai aux fleurs de Marc Allégret
1944 : Échec au roi de Jean-Paul Paulin
1945 : Sylvie et le fantôme de Claude Autant-Lara
1945 : Leçon de conduite de Gilles Grangier
1946 : Pour une nuit d'amour d'Edmond T. Greville
1946 : Messieurs Ludovic de Jean-Paul Le Chanois
1948 : Scandale de René Le Hénaff
1949 : Orage d'été de Jean Gehret
1949 : Dernière heure, édition spéciale de Maurice de Canonge
1950 : La ronde de Max Ophüls
1952 : Devoirs de vacances de Paul Paviot (cm)
1955 : Si Paris nous était conté de Sacha Guitry
1957 : Le naïf aux quarante enfants de Philippe Agostini
1966 : L'âge heureux de Philippe Agostini (tv)
1971 : La petite fille à la recherche du printemps de Philippe Agostini (tv)
Filmographie d'Odette JOYEUX