![]() | Louis JOUVET | |
Acteur et metteur en scène français | ||
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S'il a consacré plus de quarante ans de sa vie au théâtre, Louis Jouvet n'a fréquenté le cinéma que pendant une quinzaine d'années, le temps de tourner 32 films qui conservent pour toujours son image magnétique avec son regard d'aigle, le sourcil ironique, sa voix grave aux langueurs insolites et son humanité profonde dévoilant sous des apparences intimidantes une grande sensibilité. Jules Eugène Louis Jouvet naît le 24 décembre 1887, dans le petit village finistérien de Crozon. Le père, originaire de Brive, travaille dans une entreprise de travaux publics. Devenue veuve, Madame Jouvet s'installe chez son frère pharmacien à Rethel. Animée d'une foi profonde qu'elle transmettra à ses enfants, elle les inscrit au collège catholique de la ville. C'est là que le futur Louis Jouvet découvre le théâtre d'amateur. La famille veut le voir apothicaire, il étudie à la faculté à Paris tout en hantant les théâtres et les cours d'art dramatique. Un grand maître du théâtre Il se marie, en 1912, avec une jeune danoise Else Collin, dont il aura trois enfants. Docteur en pharmacie l'année suivante, il se fait embaucher par Jacques Copeau directeur du Vieux Colombier. Il y est à la fois comédien et homme à tout faire. Il sert comme brancardier pendant la première guerre mondiale. Il devient après guerre directeur du théâtre des Champs-Élysées, puis de l'Athénée. Il ne va désormais plus vivre que pour et par le théâtre. Dans son théâtre de l'Athenée, il joue 12 pièces, beaucoup de création de Giraudoux (Amphitryon 38, la guerre ne Troie n'aura pas lieu, Électre ou Ondine), de Molière (L'école des femmes, Don Juan, Le Tartuffe) mais aussi Marcel Achard (Le Corsaire) et même Sartre à la fin de sa vie (Le Diable et le bon Dieu). Que des grands films ! S'il fait une petite apparition dans un court métrage, en 1913, aux côtés de Harry Baur, ce n'est qu'à partir de 1932, qu'il fait vraiment du cinéma en entrant directement dans la cour des grands pour jouer Topaze de Louis J. Garnier, d'après Marcel Pagnol. L'année suivante, il se dirige dans Knock, ou le triomphe de la médecine d'après la pièce de Jules Romains qu'il avait créée au théâtre en 1923. Une trentaine d'autres films vont se succéder pendant vingt ans, tous des chefs-d'œuvre. En 1935, il est un pittoresque aumônier castillan dans La Kermesse héroïque, véritable reconstitution des Flandres espagnoles dans un soucis d'esthétisme que seul le noir et blanc peut donner. Françoise Rosay y est royale en femme de bourgmestre accueillant Jean Murat et ses Tercios qui défilent au son des grands tambours de guerre. Le film de Jacques Feyder renverse les valeurs en montrant des femmes décidées, des troupes étrangères généreuses et des hommes du cru lâches et pusillanimes. Quel cinéma ! Dans Les Bas Fonds, il incarne un aristocrate suicidaire auprès de Jean Gabin. Une grande variété de rôles Puis vient L'alibi avec l'immense Erich von Stroheim, Drôle de drame avec Michel Simon, où il est l'évêque libidineux de Bedford qui pronconce le célèbre, «vous avez dit bizarre, comme c'est bizarre», ainsi que Forfaiture avec Sessue Hayakawa. Il est inoubliable en proxénète d'Hôtel du Nord avec Arletty et sa gueule d'atmosphère mais aussi dans L'éducation de prince avec Elvire Popesco et Entrée des Artistes où il joue son propre rôle de professeur d'art dramatique. Julien Duvivier lui confie des rôles très diversifiés comme le charretier de la mort dans La Charrête fantôme, le patron d'un cabaret de strip-tease dans Un Carnet de bal, le vieux séducteur qui s'écrit ses propres lettres d'amour dans La fin du jour, et dans Untel père et fils au début de la guerre. En 1941, il est un excellent Mosca dans Volpone avec Harry Baur. Le maître en exil Mais Jouvet, du fait de l'occupation allemande, ne peut gérer son théâtre comme il l'entend. Il décide de gagner avec sa troupe l'Amérique latine. Il y présente le répertoire classique en français comme L'École des Femmes et les pièces de son ami Jean Giraudoux pour 376 représentations. Partie pour une saison, la troupe ne retourne en France, via un navire de la marine nationale, qu'en 1945. Jouvet retrouve son théâtre et encore des films d'exception comme Un Revenant le bien nommé, le double rôle de Copie conforme, le flic tenace et humain de Quai des Orfèvres de Henri-Georges Clouzot qu'il retrouve pour Le Retour de Jean, le sketch le plus amer de Retour à la Vie et le décalé Miquette et sa mère. Son vieux complice Henri Jeanson en fait un croquignolet photographe bigame dans Lady Paname. Il termine son parcours avec une reprise de Knock puis le flic qui enquête sur le suicide d'un jeune couple dans Une Histoire d'amour, deux films de Guy Lefranc. Mais malade du cour, très fatigué, tel Molière, son compagnon et illustre modèle de toujours, Louis Jouvet décède dans sa loge de l'Athénée le 17 août 1951, des suites d'un infarctus, à l'heure où retentissent les traditionnels trois coups. FILMOGRAPHIE : | |
![]() Avec Henri-Georges Clouzot |
1913 : Shylock, le marchand de Venise de Louis Mercanton & Henri Desfontaines (cm) 1932 : Topaze de Louis J. Gasnier 1933 : Knock, ou le triomphe de la médecine de Louis Jouvet & Roger Goupillières 1935 : La kermesse héroïque de Jacques Feyder 1936 : Mister Flow de Robert Siodmak 1936 : Mademoiselle Docteur / Salonique nid d'espions de Georg Wilhelm Pabst 1936 : Les bas-fonds de Jean Renoir 1937 : Drôle de drame de Marcel Carné 1937 : L'alibi de Pierre Chenal 1937 : Un carnet de bal de Julien Duvivier 1937 : Ramuntcho de René Barberis 1937 : Forfaiture de Marcel L'Herbier 1937 : La Marseillaise de Jean Renoir 1938 : Entrée des artistes de Marc Allégret 1938 : Le drame de Shanghaï de Georg Wilhelm Pabst 1938 : Hôtel du Nord de Marcel Carné 1938 : Éducation de prince d'Alexander Esway 1938 : La maison du Maltais de Pierre Chenal 1938 : La fin du jour de Julien Duvivier 1939 : La charrette fantôme de Julien Duvivier 1939 : Sérénade de Jean Boyer 1940 : Untel père et fils de Julien Duvivier 1940 : L'école des femmes de Max Ophüls 1941 : Volpone de Maurice Tourneur 1946 : Un revenant de Christian-Jaque 1946 : Copie conforme de Jean Dréville 1947 : Quai des Orfèvres d'Henri-Georges Clouzot 1947 : Les amoureux sont seuls au monde d'Henri Decoin 1948 : Entre onze heures et minuit d'Henri Decoin 1949 : Retour à la vie, « Le retour de Jean » d'Henri-Georges Clouzot 1949 : Lady Paname d'Henri Jeanson 1949 : Miquette et sa mère d'Henri-Georges Clouzot 1950 : Knock de Guy Lefranc 1951 : Une histoire d'amour de Guy Lefranc Filmographie de Louis JOUVET | |
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