Catherine JOURDAN
 Actrice française
Avec ses cheveux blonds et courts, sa taille longiligne et sa sensualité provocante, Catherine Jourdan a personnifié l’érotisme dans des œuvres d’avant-garde et des productions déshabillées. Muse du pape du Nouveau-Roman Alain Robbe-Grillet et de l’artiste d’avant-garde Alain Fleischer, elle a connu une carrière assez brève d’une quinzaine d’années avant de sombrer dans l’anonymat.
De son vrai nom Catherine Paule Mignon, Catherine Jourdan voit le jour le 12 octobre 1945 à Azay-le-Rideau en Touraine et y passe toute sa jeunesse. Elle s’installe à Paris à 18 ans. Avec son front large, son physique longiligne et son regard provocateur à la Twiggy ou Jean Seberg, elle se lance dans le mannequinat. Elle suit parallèlement une formation de comédienne avec Yves Furet et pratique la danse et le chant.
Avec Alain Robbe-Grillet
Catherine Jourdan débute au cinéma, dans deux petits rôles auprès d'Alain Delon, dans Le Samouraï de Jean-Pierre Melville et La Motocyclette de Jack Cardiff d’après le roman sulfureux d’André Pieyre de Mandiargues. La jeune femme fragile et mystérieuse fréquente les milieux de la nuit dans Vivre la Nuit de Marcel Camus où elle croise Jacques Perrin, Serge Gainsbourg ou le groupe Kriss. On la retrouve aussi bien dans une comédie leste comme Un merveilleux parfum d’oseille de Rinaldo Bassi, la mini-série franco-allemande La Légende de Bas-de-Cuir et un sketch de Jean-Luc Godard dans La Contestation. Alain Robbe-Grillet lui offre le rôle principal de Violette dans L'Eden et après où elle évolue dans un cercle SM au milieu d’étudiants adeptes des jeux psychologiques et des expériences sexuelles. Le film la propulse au rang de mythe et impose sa personnalité troublante. Elle connaît son plus grand succès en incarnant Nina, amoureuse de son cousin dans les Landes pendant la guerre dans Le Petit Matin. Elle retrouve la même année Alain Robbe-Grillet pour N prend les dés… où elle s’adonne à des jeux saphiques.
Avec Alain Fleischer
La Lolita délurée passe du comique hexagonal en incarnant la Reine dans le diptyque parodique d’André Hunebelle, Les Quatre Charlots mousquetaires et À nous quatre Cardinal !, à un registre plus dramatique avec Le Mariage à la mode de Michel Mardore, l’histoire d’un journaliste provincial trompé par sa femme qui devient le complice sexuelle d’une lesbienne. Toujours aussi inspirée et déshabillée, elle participe au thriller Blondy de Sergio Gobbi avec Mathieu Carrière. Sa rencontre avec Alain Fleischer va faire dévier sa carrière vers une avant-garde entre carré rose et féérie. Elle tient ainsi les rôles principaux qu’elle marque de son empreinte féline dans Les Rendez-vous en Forêt, Dehors dedans et surtout Zoo Zéro, histoire fantasmagorique et incestueuse d’une chanteuse de night-club et le directeur d’un zoo interprété par Klaus Kinski, toujours aussi halluciné. Pour la télévision, elle est l’héroïne de De Grey, un récit romanesque adapté d’Henry James par Claude Chabrol.
Le déclin et l'oubli
Dans les années 1980, Catherine Jourdan fait une incursion dans le genre libertin en donnant la réplique à Valérie Kaprisky dans Aphrodite du canadien Robert Fuest d’après le roman érotique de Pierre Louÿs. Elle prête sa voix comme narratrice de la période Premier Empire de Guerres civiles en France et participe avec Richard Bohringer au curieux essai fantasmé Le Diable et la Dame du mexicain Ariel Zuñiga où parisienne, elle rêve d’aventures à Mexico. Ses choix d’un cinéma difficile et confidentiel scellent la fin de son succès. Elle fait son retour en 1986 dans L'Araignée de satin de Jacques Baratier, un thriller érotique où Catherine Jourdan joue un professeur instable psychiquement qui a du être internée en hôpital psychiatrique sous l’emprise maléfique de sa directrice incarnée par la troublante Ingrid Caven. Puis sa carrière cinématographique s'arrête après le tournage du court-métrage La Nuit des toiles de son compagnon Alain Fleischer. Catherine Jourdan mène dès lors une existence discrète, séparée de son pygmalion, attendant en vain la proposition qui la fera revenir sur les plateaux. Elle succombe d’une embolie pulmonaire, le 18 février 2011 à Paris. Celle qui a marqué les années 70 de son charme vénéneux disparaît à 65 ans dans un quasi-anonymat.


FILMOGRAPHIE :

Avec Alain Robbe-Grillet
1967 : Le Samouraï de Jean-Pierre Melville
1968 : La Motocyclette (Girl on a Motorcycle) de Jack Cardiff
1968 : Vivre la nuit de Marcel Camus
1969 : La Contestation (Amore e rabbia), « L'Amore » de Jean-Luc Godard
1969 : Un merveilleux parfum d’oseille de Rinaldo Bassi
1969 : La Légende de Bas-de-Cuir (Die Lederstrumpferzählungen) de Jean Dréville (tv)
1970 : L'Éden et après d’Alain Robbe-Grillet
1971 : N. a pris les dés... d’Alain Robbe-Grillet
1971 : Le Petit Matin de Jean-Gabriel Albicocco
1972 : Les Rendez-vous en forêt d’Alain Fleischer
1973 : Le Mariage à la mode de Michel Mardore
1974 : Les Quatre Charlots mousquetaires d’André Hunebelle
1974 : Les Charlots en folie, À nous quatre Cardinal ! d’André Hunebelle
1975 : Dehors-dedans d’Alain Fleischer
1976 : Blondy de Sergio Gobbi
1976 : De Grey de Claude Chabrol
1979 : Zoo zéro d’Alain Fleischer
1982 : Aphrodite de Robert Fuest
1982 : Pourvoir de Patrice Énard
1983 : Ode à la vidéo de Lisbeth Rocher (cm)
1984 : L'Aventure générale d’Alain Fleischer
1984 : Le Diable et la Dame, ou l'itinéraire de la haine (El diablo y la dama) d’Ariel Zuniga
1986 : L'Araignée de satin de Jacques Baratier
1989 : La Nuit des toiles d’Alain Fleischer (cm)


Filmographie de Catherine JOURDAN
 
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