Romuald JOUBÉ
 Acteur français Actrice française
Romuald Joubé fait partie de ces grands comédiens de théâtre qui ont servi le film d’art. Mais à la différence de ses contemporains, il a su démontrer dans Les Travailleurs de la mer qu’il pouvait abandonner les scories théâtrales pour offrir une interprétation sobre et authentique. En cela, ce grand acteur oublié mérite que l’on se penche sur son parcours.
Romuald Joubé est né le 20 juin 1876 à Mazères dans l’Ariège. Fils de militaire en fonction dans l’Ariège, il grandit à Saint-Gaudens d’où est originaire sa mère. Il entre à l’école des Beaux Arts de Toulouse mais découvre le théâtre à la faveur d’une tournée de la Comédie française. Admis au Conservatoire local, il doit retarder son départ à Paris pour cause de service militaire. Il gagne sa vie en dessinant des affiches dont celle de son modèle, le comédien Sylvain.
Un grand tragédien de la scène
Romuald Joubé est admis au Conservatoire national en 1904 dans la classe de Sylvain dont il sort avec un premier accessit de tragédie. Il refuse un engagement à l’Odéon pour partir en tournée au Canada où il joue des mélodrames, à raison de deux représentations par jour pendant dix-huit mois. En 1906, il épouse Marthe Cassagne issue d’une famille commingeoise. De cette union, une petite Gabrielle qu’il surnomme Riella voit le jour. Avec un physique de jeune premier, il est engagé par André Antoine ou il s’impose comme un des grands tragédiens de sa génération au service de Shakespeare (Coriolan, Roméo et Juliette), Goethe (Faust), Racine (Esther, Polyeucte) ou Rostand (Cyrano de Bergerac, Chantecler où il remplace Lucien Guitry). Il aborde le cinéma en 1910 dans la maison Pathé avec Philémon et Baucis de Georges Denola. Il tourne des films d’art d’Albert Capellani (Marie Tudor), Henri Desfontaines (Shylock avec Harry Baur, La Mégère apprivoisée, La Reine Margot) ou Camille de Morlhon (Britannicus).
Le cinéma d'André Antoine
Mobilisé pendant la Grande Guerre, il profite de longues permissions pour rejoindre André Antoine et créer des pièces à l’Odéon. Lorsque le grand directeur de théâtre choisit le cinéma pendant le conflit, Romuald Joubé est engagé pour Les Frères Corses adapté d’Alexandre Dumas avec Henry Krauss et Le Coupable d’après François Coppée. Si l’acteur conserve le style déclamatoire muet en vogue, il n'en est pas de même pour Les Travailleurs de la Mer avec Andrée Brabant, véritable manifeste de l’esthétisme naturaliste d’André Antoine. Il abandonne les effets théâtraux pour composer un impressionnant Gilliat dans ce chef-d’œuvre tiré du long poème de Victor Hugo. Sa beauté ténébreuse convient parfaitement pour incarné Jean Diaz, le héros de J’Accuse d’Abel Gance. Son prestige l’amène à la Comédie Française en 1921. Il y interprète Créon dans Les Phéniciennes de Georges Rivollet en 1922 avant de quitter la Grande Maison.
De grands héros populaires
Romuald Joubé, passé la quarantaine revient à un style plus classique en incarnant des personnages plus conventionnels avec dynamisme et une belle autorité. Il est le fils Stamply dans Mademoiselle de La Seiglière d’André Antoine avec Huguette Duflos et le héros de drames à épisodes comme Mathias Sandorf d’Henri Fescout, Le Diamant noir d’André Hugon avec Dolly Davis, La Fille sauvage d’Henri Étiévant avec Nathalie Lissenko, Rouletabille chez les Bohémiens d’Henri Fescourt avec Édith Jehanne, Le Manoir de la Peur d’Alfred Machin, son personnage le plus sombre et les huit épisodes de Mandrin toujours de Fescourt. Il tient le rôle principal du chevalier Cottereau dans Le Miracle des Loups de Raymond Bernard avant de partir en Italie pour deux réalisations de Giulio Antamoro, La Madone au Rosaire et Vie de saint François d’Assise. Il joue son dernier rôle muet, Roger Lantenac dans Princesse Masha avec Claudia Victrix. Le parlant lui est fatal. Il s’éloigne des plateaux pour se consacrer uniquement à la scène. En 1937, son ami Sacha Guitry lui offre le rôle de Jean Clouet, le peintre de François Ier dans Les perles de la couronne. Pendant la guerre, il fait plusieurs tournées pour remplacer des comédiens mobilisés et ne fait au cinéma qu’un rapide passage dans Le Chant de l’Exilé avec Tino Rossi et dans deux films médiocres d’Émile Couzinet en contrebandier dans Andorra ou Les Hommes d'airain et bandit dans Le Brigand gentilhomme. C’est dans l’anonymat complet que Romuald Joubé s’éteint à Gisors, le 14 septembre 1949 à l’âge de 73 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Maryse Dauvray
dans J'accuse
1910 : Philémon et Baucis de Georges Denola
1910 : Shylock, le marchand de Venise d’Henri Desfontaines
1911 : Le Roman de la momie d’Albert Capellani
1911 : Jésus de Nazareth d’Henri Desfontaines
1911 : Le Colonel Chabert d’Henri Pouctal et André Calmettes
1911 : La Mégère apprivoisée d’Henri Desfontaines
1911 : Polyeucte de Camille de Morlhon
1911 : Milton d’Henri Desfontaines
1912 : Parmi les pierres d’Adrien Caillard
1912 : Britannicus de Camille de Morlhon
1912 : Antar d’Henri Desfontaines
1913 : Larron d’honneur d’un anonyme (production Pathé)
1913 : La Carabine de la mort d’Henri Desfontaines
1913 : Le Baiser suprême de Floury
1913 : Serge Panine d’Henri Pouctal
1913 : L'avocate de Gaston Ravel
1914 : La Reine Margot d’Henri Desfontaines
1914 : Sublime Amour d’Henri Desfontaines
1914 : La Mégère apprivoisée d’André Calmettes
1914 : Marie Tudor d’Albert Capellani
1914 : Les Deux Gosses d’Albert Capellani
1915 : Amour sacré de Dominique Bernard-Deschamps
1915 : Pêcheur d’Islande d’Henri Pouctal
1916 : La Forêt qui écoute d’Henri Desfontaines
1916 : Le Dernier Rêve d’Henri Desfontaines
1917 : Les Frères corses d’André Antoine
1917 : L'Arriviste de Gaston Leprieur
1917 : Le Coupable d’André Antoine
1918 : Simone de Camille de Morlhon
1918 : Les Travailleurs de la mer d’André Antoine
1918 : André Cornélis de Jean Kemm et Georges Denola
1918 : L’énigme de Jean Kemm
1919 : J'accuse d’Abel Gance
1919 : Sublime offrande de Maurice Landay
1919 : La Faute d’Odette Maréchal d’Henry Roussell
1920 : Mademoiselle de La Seiglière d’André Antoine
1921 : Mathias Sandorf d’Henri Fescourt
1921 : Fleur des neiges de Paul Barlatier
1922 : Le Diamant noir d’André Hugon
1922 : La Fille sauvage d’Henri Étiévant
1923 : Le Manoir de la peur d’Alfred Machin et Henry Wulschleger
1923 : Rouletabille chez les bohémiens d’Henri Fescourt
1924 : Mandrin d’Henri Fescourt
1924 : Le Miracle des loups de Raymond Bernard
1925 : La madone du rosaire (La Fanciulla di Pompei) de Giulio Antamoro
1925 : La Cieca di Sorrento de Giulio Antamoro
1926 : La Chèvre aux pieds d’or de Jacques Robert
1927 : Princesse Masha de René Leprince
1927 : Vie de saint François d’Assise (Frate Francesco) de Giulio Antamoro
1930 : Le Miracle des Loups de Raymond Bernard (version sonorisée)
1937 : Les Perles de la couronne de Sacha Guitry et Christian-Jaque
1942 : Andorra ou les Hommes d’airain d’Émile Couzinet
1943 : Le Chant de l'exilé d’André Hugon
1943 : Le Brigand gentilhomme d’Émile Couzinet


Filmographie de Romuald JOUBE
 
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