De Dostoievski à Angelique
Après une apparition dans Maya de Raymond Bernard, Robert Hossein se révèle au cinéma dans Du rififi chez les hommes de Jules Dassin en 1955. La même année, il se lance dans la réalisation. Ses débuts au septième art sont très controversés et il faut tout son talent d'acteur pour sauver son rôle d'auteur. Bien que manquant singulièrement de technique, il réussit à créer dans Les salauds vont en enfer, son premier film, écrit en collaboration avec Frédéric Dard, un climat obsessionnel et morbide à une époque où les auteurs de la Nouvelle Vague déplorent l'absence d'auteurs dans le cinéma français, climat qu'il décline dans ses films suivants comme Pardonnez nos offenses, Toi, le venin, La Nuit des Espions, Les Scélérats ou Le Jeu de la Vérité. Sa carrière d'acteur se caractérise par une longue fidélité à Roger Vadim avec Sait-on jamais ?, Le repos du guerrier et Le vice et la vertu. Il développe une capacité à se parodier lui-même ainsi que le démontre son interprétation du riche gentilhomme Joffrey de Peyrac, époux boiteux et balafré de la belle Angélique, interprétée par Michèle Mercier dans la série des Angélique de Bernard Borderie. C'est dans cet esprit qu'il incarne le capitaine Bravache de Mademoiselle de Maupin de Mauro Bolognini. Cette image d'aventurier le suit longtemps et lui vaut d'être taxé d'acteur pour «midinettes», et ce, malgré sa participation au film de Marguerite Duras en 1966, La musica.
L'attrait des ambiances morbides
En 1965, Robert Hossein s'essaie à nouveau à la mise en scène avec Le vampire de Düsseldorf, une reconstitution de l'affaire criminelle symbolisant le déclin de la république de Weimar. En 1968, il réalise un western spaghetti avec Une corde, un colt, sans grand succès. Il se rattrape deux ans plus tard avec Point de chute, où Johnny Hallyday tient la vedette d'un film surprenant de sobriété. Il a fondé en 1963 la société de production Sinfonia Films. Dans les années 1970, son activité à l'écran apparaît de plus en plus comme une annexe de son activité théâtrale à la tête du théâtre de Reims. S'il fait quelques apparitions au cinéma, c'est pour retrouver ses amis, Roger Vadim pour Don Juan 73, Charles Aznavour et Raymond Pellegrin dans des polars de Sergio Gobbi et Jean Larriaga. On le retrouve dans des grosses productions populaires comme Le Casse face à Jean-Paul Belmondo et Les Uns et les Autres de Claude Lelouch. En 1982, Robert Hossein se rappelle au bon souvenir du public avec Les misérables, brillante adaptation d'Hugo avec Lino Ventura en Jean Valjean et Michel Bouquet en Javert. En 1986, il retrouve Frédéric Dard pour l'adaptation du roman qu'ils ont écrit ensemble, Caviar rouge.
Spectacles hollywoodiens
Homme de théâtre, Robert Hossein a commencé par des œuvres noires américaines comme La Chair de l'Orchidée ou Des Souris et des Hommes et se consacre à partir des années 1970 à la mise en scène de grands spectacles historiques dans un style quasi hollywoodien pour Le Cuirassé Potemkine, Danton et Robespierre, Je m'appelais Marie-Antoinette, Un Homme nommé Jésus, L'Affaire du courrier du Lyon. Robert Hossein écrit deux livres, La sentinelle aveugle et Nomade sans tribu. En 1987, il publie ses Mémoires, En désespoir de cause. Robert Hossein avait épousé Marina Vlady le 23 décembre 1955. Père de Pierre et Igor, il divorce en 1961. L'année suivante, il se remarie à 34 ans avec la fille de Françoise Giroud, Caroline Eliacheff alors âgée de 15 ans. Le couple aura un fils Nicolas. Il partage un temps la vie de Marie-France Pisier et de Michèle Watrin, sa partenaire de Prêtres interdits avant que celle-ci ne trouve la mort en 1974 dans un accident de voiture. Il partage depuis 1976 la vie de Candice Patou, également comédienne et mère de leur fils Julien. Profondément croyant, cet artiste volontiers mégalomane confie sa motivation pour la défense d'un théâtre populaire « qui permette aux jeunes de trouver des perspectives de culture, de sens et de foi » Victime de problème respiratoire lié à la Covid 19, Robert Hossein décède le 31 décembre 2020 au lendemain de son 93e anniversaire.
FILMOGRAPHIE :
Avec Marina Vlady
1948 : Le diable boiteux de Sacha Guitry
1948 : Aux yeux du souvenir de Jean Delannoy
1949 : Maya de Raymond Bernard
1953 : Quai des blondes de Paul Cadéac
1954 : Série noire de Pierre Foucaud
1954 : Du rififi chez les hommes de Jules Dassin
1955 : Les salauds vont en enfer de Robert Hossein
1956 : Crime et châtiment de George Lampin
1956 : Pardonnez nos offenses de Robert Hossein
1957 : Sait-on jamais ? de Roger Vadim
1957 : Méfiez-vous fillettes ! d'Yves Allégret
1957 : Liberté surveillée d'Henri Aisner & Vladimir Volchek
1958 : Des femmes disparaissent d'Édouard Molinaro
1958 : Toi le venin de Robert Hossein
1958 : Du rififi chez les femmes d'Alex Joffé
1958 : La nuit des espions de Robert Hossein
1959 : La sentence de Jean Valère
1959 : Les canailles de Maurice Labro
1959 : Les scélérats de Robert Hossein
1960 : La menace de Gérard Oury
1960 : Le goût de la violence de Robert Hossein
1961 : Le jeu de la vérité de Robert Hossein
1961 : Madame Sans-Gêne de Christian-Jaque
1961 : Le monte-charge de Marcel Bluwal
1961 : Les petits matins de Jacqueline Audry
1962 : Pourquoi Paris ? de Denys de La Patellière
1962 : Les grands chemins de Christian Marquand
1962 : Le meurtrier de Claude Autant-Lara
1962 : Le repos du guerrier de Roger Vadim
1962 : Le vice et la vertu de Roger Vadim
1963 : Chair de poule de Julien Duvivier
1963 : Le commissaire mène l'enquête de Fabien Collin
1963 : La mort d'un tueur de Robert Hossein
1964 : Banco à Bangkok pour OSS 117 d'André Hunebelle
1964 : La fabuleuse aventure de Marco de Denys de La Patellière
1964 : Le vampire de Düsseldorf de Robert Hossein
1964 : Les yeux cernés de Robert Hossein
1964 : Angélique, marquise des anges de Bernard Borderie
1965 : Angélique et le roi de Bernard Borderie
1965 : Guerre secrète (The dirty game) de Christian-Jaque
1965 : La longue marche d'Alexandre Astruc
1965 : Le tonnerre de dieu de Denys de La Patellière
1965 : Le chevalier de Maupin (Madamigella di Maupin) de Mauro Bolognini
1965 : La seconde vérité de Christian-Jaque
1966 : Brigade antigangs de Bernard Borderie
1966 : Lamiel de Jean Aurel
1966 : L'homme qui trahit la maffia de Charles Gérard
1966 : La musica de Marguerite Duras & Paul Seban
1967 : Indomptable Angélique de Bernard Borderie
1967 : Angélique et le sultan de Bernard Borderie
1967 : La petite vertu de Serge Korber
1967 : La femme écarlate de Jean Valère
1967 : Pas de roses pour OSS 117 d'André Hunebelle
1967 : J'ai tué Raspoutine de Robert Hossein
1968 : La leçon particulière de Michel Boisrond
1968 : Maldonne de Sergio Gobbi
1968 : Une corde, un colt de Robert Hossein
1968 : La vie, l'amour, la mort de Claude Lelouch
1968 : Le voleur de crimes de Nadine Trintignant
1968 : La bataille d'El Alamein (La battaglia di El Alamein) de Giuseppe Ferroni
1969 : Le juge de Jean Girault
1969 : Les libertines (las bellas) de Pierre Chenal
1969 : Le temps des loups de Sergio Gobbi
1969 : Les conspirateurs (Nell'anno del signore) de Luigi Magni
1969 : Sept hommes pour Tobrouk (La battaglia del deserto) de Mino Loy
1970 : Point de chute de Robert Hossein
1970 : Le casse d'Henri Verneuil
1971 : Hellé de Roger Vadim
1971 : La part des lions de Jean Larriaga
1972 : Don Juan 73 / Si Don Juan était une femme de Roger Vadim
1972 : Un meurtre est un meurtre d'Etienne Périer
1972 : Un officier de police sans importance de Jean Larriaga
1973 : Prêtres interdits de Denys de La Patellière
1973 : Le protecteur de Roger Hanin
1975 : Le faux-cul de Roger Hanin
1977 : L'amant de poche de Bernard Queysanne
1979 : Démons de midi de Christian Poureilhe
1980 : Les uns et les autres de Claude Lelouch
1981 : Le grand pardon d'Alexandre Arcady
1981 : Le professionnel de Georges Lautner
1983 : Surprise party de Roger Vadim
1985 : Le caviar rouge de Robert Hossein
1985 : Un homme et une femme, vingt ans déjà de Claude Lelouch
1986 : Lévy et Goliath de Gérard Oury
1988 : Les enfants du désordre de Yannick Bellon
1993 : L'affaire (The case) de Sergio Gobbi
1994 : Les misérables de Claude Lelouch
1996 : Le masque de cire (M.D.C. Maschera di cera) de Sergio Stivaletti
1997 : Vénus beauté [ Institut ] de Tonie Marshall
1998 : Scandalous crimes (Gialloparma) d'Alberto Bevilacqua
2003 : San Antonio de Frédéric Auburtin
2006 : La disparue de Deauville de Sophie Marceau
2008 : Un homme et son chien de Francis Huster
Filmographie de Robert HOSSEIN