Jany HOLT
 Actrice française d'origine roumaine
Jany Holt a toujours été différente, tant par son physique que par son style dramatique. Rien de la beauté stéréotypée, un visage à la fois doux et volontaire avec un petit nez impertinent, ange ou démon, d'un charme slave prononcé, elle était faite pour des rôles sortant des sentiers battus.
Fille de Marin Vladesco Olt et de Lucrétia Penesco, Jany Holt naît Ruxandra Ekaterina Vladescu Olt, le 13 mai 1909, à Bucarest. L'adolescente rousse qui débarque à Paris de sa Roumanie natale devait, selon le vou de ses parents, entreprendre des études de commerce mais lorsqu'elle s'inscrit, pour parfaire son français, au cours de diction de Gabrielle Fontan, le chemin de Jany Holt est tout tracé. Charles Dullin puis Georges Pitoëff seront ses maîtres et c'est auprès de deux géants, Harry Baur dans David Golder et Raimu dans Ces messieurs de la santé qu'elle fait ses débuts à la scène. On la remarque dans Les innocents de Lilian Hellman, on l'applaudit dans Sainte Jeanne de George Bernard Shaw ou Les monstres sacrés de Jean Cocteau, parmi tant d'autres rôles marquants. Selon ses propres mots, le théâtre sera «son métier, son amour, son sport et son violon d'Ingres». La rencontre de Marcel Dalio, dont elle sera l'épouse de 1932 à 1937, l'oriente pourtant vers le cinéma où son étrangeté lui vaudra de défendre de saisissantes partitions.
Des femmes étranges
Sur grand écran aussi, c'est Harry Baur qui supervise ses premiers pas, frêle jeune fille du ghetto de Prague dans Le Golem de Julien Duvivier, immortelle bien-aimée du musicien dans Un grand amour de Beethoven d'Abel Gance et enfin religieuse illuminée décidée à tuer Raspoutine dans La tragédie impériale. Elle marque le public en femme déchue dans Les bas-fonds de Jean Renoir ou en prostituée tuberculeuse dans La maison du maltais de Pierre Chenal. Entraîneuse mêlée à une enquête criminelle dans L'alibi, elle obtient enfin le premier rôle face à de prestigieux partenaires, Louis Jouvet et Erich von Stroheim, dans une intrigue embrouillée à plaisir où le happy end l'unit à Albert Préjean.
Récits fantastiques
Le cinéma de l'Occupation confirme son accès au vedettariat. Serge de Poligny la dirige dans deux beaux films mâtinés de fantastique, Le baron fantôme, écrit par Cocteau et La fiancée des ténèbres en descendante des Cathares que son père adoptif (Édouard Delmont) veut sacrifier par fanatisme. Entre temps, dans Les anges du péché de Robert Bresson, elle joue Thérèse, détenue réfugiée au couvent de Béthanie où la novice Renée Faure entreprend de sauver son âme égarée. La suite de sa carrière ne tiendra malheureusement pas ces promesses. Espionne et résistante dans Mission spéciale, partenaire romantique de Gérard Philipe dans Le pays sans étoiles, elle hérite de rôles plus conventionnels comme celui de la maîtresse de Michel Simon dans Non coupable, la nymphomane retenue prisonnière dans Le Furet, ou la comtesse devenue folle depuis la mort de son fils dans Le gantelet vert. Si elle jette ses derniers feux dans Mademoiselle de La Ferté et campe la belle-sœur haineuse de Maria Schell dans Gervaise, elle disparaît des écrans pendant dix ans.
Un retour inattendu au crépuscule de sa vie
Curieusement, elle s'essaie à la réalisation en signant le court-métrage, La pharmacienne en 1965 qui n'aura pas de suite. Après une vingtaine d'années consacrées en priorité au théâtre, son activité cinématographique redémarre avec Target, La passerelle et Métisse où elle joue la grand-mère malicieuse aux cheveux rouges de Mathieu Kassovitz. Elle a 80 ans bien sonnés lorsqu'elle fait ses dernières apparitions à l'écran dans Roulez jeunesse, ode au troisième âge en goguette, et Noir comme le souvenir, un bon polar signé Jean-Pierre Mocky. En 2004, le cinéaste Dan Necsulea interroge la très vieille dame presque centenaire, filme son village natal et en tire le documentaire De origine româna : Jany Holt. Cet émouvant hommage va passer à la télévision roumaine dans une série consacrée aux Artistes roumains d'au-delà les frontières, avant que Jany Holt ne décède le 26 octobre 2005, à Neuilly-sur-Seine. Divorcée de Marcel Dalio, Jany Holt avait épousé en 1940 Jacques Porel. En 1945, cette remarquable comédienne fut décorée de la Croix de Guerre par le Général De Gaulle pour sa participation active à la Résistance, preuve si besoin est que l'on pouvait dans ces années noires concilier le courage et la notoriété.


FILMOGRAPHIE :

Avec Charles Vanel
1931 : Un homme en habit de René Guissart
1935 : Le domino vert de Herbert Selpin & Henri Decoin
1935 : Le Golem de Julien Duvivier
1936 : Les bas-fonds de Jean Renoir
1936 : Courrier Sud de Pierre Billon
1936 : Un grand amour de Beethoven d'Abel Gance
1937 : L'alibi de Pierre Chenal
1937 : La tragédie impériale de Marcel L'Herbier
1937 : Troïka sur la piste blanche de Jean Dréville
1938 : La maison du Maltais de Pierre Chenal
1938 : Le paradis de Satan de Félix Gandéra
1938 : La piste du sud de Pierre Billon
1941 : Andorra ou les hommes d'Airain d'Émile Couzinet
1942 : Le baron fantôme de Serge de Poligny
1943 : Les anges du péché de Robert Bresson
1944 : Farandole d'André Zwoboda
1944 : La fiancée des ténèbres de Serge de Poligny
1945 : Mission spéciale de Maurice de Canonge
1945 : Le pays sans étoiles de Georges Lacombe
1946 : Contre-enquête de Jean Faurez
1946 : Rumeurs de Jacques Daroy
1947 : Non coupable d'Henri Decoin
1948 : Docteur Laënnec de Maurice Cloche
1948 : L'échafaud peut attendre d'Albert Valentin
1949 : Le furet de Raymond Leboursier
1949 : Mademoiselle de la Ferté de Roger Dallier & Georges Lacombe
1951 : Le gantelet vert (The green glove) de Rudolph Maté
1955 : Gervaise de René Clément
1955 : Les insoumises de René Gaveau
1965 : La pharmacienne de Jany Hol (cm)
1968 : Le grabuge d'Édouard Luntz
1970 : Le temps d'aimer (Time for loving) de Christopher Miles
1977 : La femme gauchère (Die linkshändige Frau) de Peter Handke
1984 : La cible (Target) de Arthur Penn
1987 : La passerelle de Jean-Claude Sussfeld
1987 : Saxo d'Ariel Zeitoun
1992 : Métisse de Mathieu Kassovitz
1992 : Roulez jeunesse ! de Jacques Fansten
1994 : Noir comme le souvenir de Jean-Pierre Mocky


Filmographie de Jany HOLT
 
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