Robert HIRSCH
 Acteur français
Avec un sens aigu de la composition à la fois inattendu et fouillé, Robert Hirsch est un des acteurs les plus réputés du théâtre français, véritable monstre sacré de la scène. Sa carrière au cinéma reste très en retrait de ses performances scéniques mais il a livré tout de même quelques performances inoubliables.
Paul Robert Hirsch, dit Robert Hirsch, est né dans une famille juive le 26 juillet 1925 à L'Isle-Adam. Son père qui possède une salle de cinéma initie le jeune Robert au cinéma. Il apprend l'art de la comédie en visionnant ses idoles, Bette Davis et Spencer Tracy. Pendant la guerre, la famille se réfugie à Montmorillon dans Vienne. Il fait la connaissance de deux danseuses classiques qui l'intéressent à la danse. Le jeune homme décide de prendre des cours de danse à Paris dans le corps de ballet de l'Opéra et commence à prendre des cours de théâtre. Il abandonne la danse lorsque Serge Lifar, qu'il admire décide de ne plus donner de cours. Il opte alors pour le théâtre, et entre au Conservatoire national d'art dramatique dont il sort avec deux premiers prix en 1948. Il devient sociétaire de la Grande Maison en 1952. On appelle cette joyeuse troupe qui compte dans ses rangs Jacques Charron, Micheline Boudet, Jean Piat, Jean Le Poulain, Jacqueline Maillan ou Micheline Luccioni les jeunes Turcs en raison de leur désaccord avec la direction.
Le théâtre dans toute sa splendeur
Au théâtre, Robert Hirsch privilégie les seconds rôles de composition où il excelle par sa gaîté, son humanité et sa gentillesse, sa gesticulation frénétique et sa bouffonnerie. Il est ainsi révélé par son rôle d'Arlequin dans La Double Inconstance de Marivaux puis enchaîne les compositions surprenantes comme le gigolo dans Le Sexe faible d'Édouard Bourdet, Scapin dans Les Fourberies de Scapin, Sosie dans Amphitryon de Molière ou l'exceptionnel Bouzin dans Un fil à la patte de Georges Feydeau. Mais il s'illustre également dans la tragédie dans Néron du Britannicus de Racine, le personnage de La Soif et la Faim d'Eugène Ionesco, Arturo Ui de Brecht, George Dandin, Becket, Richard III et un Tartuffe mémorable. Il quitte la Comédie-Française en 1974 pour fuir l'ennui, l'institution le nomme aussitôt sociétaire honoraire. Le comédien participe à des créations d'auteurs modernes comme Eugène Ionesco ou Florian Zeller sans négliger le théâtre de boulevard.
Des personnages de comédie faussement naïfs
Grande vedette sur les planches, il ne connaît pas le même succès au cinéma. Il multiplie les seconds rôles comme le duc de Charmeroy dans Si Versailles m'était conté de Sacha Guitry, le metteur en scène Pakévitch dans Les Intrigantes d'Henri Decoin, Pierre Gringoire dans Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy, un photographe dans En effeuillant la marguerite de Marc Allégret ou Boisrose dans La Bigorne, caporal de France de Robert Darène. Il est surtout remarquable de mièvrerie et de fourberie dans Maigret et l'affaire Saint-Fiacre, un Maigret incarné par Jean Gabin et 125 rue Montmartre où il manipule le pauvre Lino Ventura. Ses comédies des années soixante remportent de francs succès. C'est le cas de Monnaie de singe d'Yves Robert où il incarne un faussaire naïf, Martin soldat de Michel Deville où comédien, il est engagé pour jouer un officier allemand et Pas question le samedi d'Alex Joffé qui lui permet de cimenter sa réputation d'acteur protéiforme en interprétant treize personnages différents. Il campe le libraire naïf héritier d'une blanchisserie qui sert de couverture à un réseau de prostitution dans Toutes folles de lui de Norbert Carbonnaux et toujours dirigé par Alex Joffé, il partage avec Bourvil la vedette du film Les Cracks sur les premières courses cyclistes.
Un César et des Molières
Mais ses films suivants, Appelez-moi Mathilde avec Jacqueline Maillan et Chobizenesse de Jean Yanne sont des échecs commerciaux. Devenu rare sur les écrans, il fait un retour flambloyant dans Hiver 54, l'abbé Pierre dans le rôle de Raoul, fidèle compagnon de lutte du célèbre abbé. Il obtient le César du meilleur acteur dans un second rôle, seule récompense de sa carrière au cinéma tandis qu'il a obtenu pas moins de cinq Molières et un Molière d'honneur en 1992. Début 2011, victime d'un infarctus alors qu'il joue à Nice dans le Gardien, il est opéré à cour ouvert à Monte-Carlo pour un triple pontage. Puis en 2017, c'est une chute accidentelle qui l'oblige à quitter la scène alors qu'il fait partie des quatre mousquetaires nonagénaires encore en activité avec Michel Galabru, Jean Piat et Michel Bouquet. L'une de ses dernières prestations est ironiquement intitué Avant de s'envoler. Robert Hirsch a toujours privilégié le théâtre à sa vie privée. La mort de son compagnon Bernard Durand en 1990 l'affecte terriblement. Il meurt à Paris, le 16 novembre 2017 à l'âge de 92 ans deux jours après sa chute. L'immense comédien est inhumé dans le cimetière de Bouère, en Mayenne à côté de son ami.


FILMOGRAPHIE :

Avec Alex Joffé
1951 : Le Dindon de Claude Barma
1954 : Si Versailles m'était conté de Sacha Guitry
1954 : Les Intrigantes d'Henri Decoin
1954 : Votre dévoué Blake de Jean Laviron
1956 : Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy
1956 : En effeuillant la marguerite de Marc Allégret
1958 : La Bigorne, caporal de France de Robert Darène
1958 : Mimi Pinson de Robert Darène
1959 : Maigret et l'Affaire Saint-Fiacre de Jean Delannoy
1959 : 125, rue Montmartre de Gilles Grangier
1962 : Adieu Philippine de Jacques Rozier
1964 : Pas question le samedi d'Alex Joffé
1965 : Monnaie de singe d'Yves Robert
1966 : Martin soldat de Michel Deville
1967 : Toutes folles de lui de Norbert Carbonnaux
1968 : Les Cracks d'Alex Joffé
1969 : Appelez-moi Mathilde de Pierre Mondy
1973 : Traitement de choc d'Alain Jessua
1975 : Chobizenesse de Jean Yanne
1983 : La Crime de Philippe Labro
1990 : Hiver 54, l'abbé Pierre de Denis Amar
1995 : Mon homme de Bertrand Blier
2001 : Mortel transfert de Jean-Jacques Beineix
2002 : Une affaire privée de Guillaume Nicloux
2015 : L'Antiquaire de François Margolin

Télévision
1955 : Le Réveillon de Marcel Bluwal
1956 : La Machine à écrire de Jean Meyer
1959 : Les Trois Mousquetaires de Claude Barma
1959 : L'homme qui se donnait la comédie de François Chatel
1960 : Montserrat de Stellio Lorenzi
1962 : La Nuit des rois de Claude Barma
1963 : Teuf-Teuf de Georges Folgoas
1970 : La Princesse d'Elide de Jeannette Hubert
1972 : Kean, un roi de théâtre de Marcel Moussy
1973 : George Dandin ou le Mari confondu de Jean Dewever
1973 : La troupe du Roy, une soirée Molière de Claude Barma
1975 : Tartuffe de Pierre Badel
1975 : Trente ans ou la vie d'un joueur de Marcel Moussy
1975 : Le Docteur noir de Gérard Vergez
1976 : Robert Macaire de Georges Neveux
1976 : Don César de Bazan de Jean-Pierre Marchand
1979 : Les papas naissent dans les armoires de Gérard Vergez
1982 : Deburau de Jean Prat
1987 : Chacun sa vérité de Jean-Daniel Verhaeghe
2003 : Sarah d'Yves Di Tullio
2004 : Volpone de Frédéric Auburtin
2010 : Manon Lescaut de Gabriel Aghion
2011 : Chez Maupassant, Mon oncle Sosthène de Gérard Jourd'hui
2014 : Le Père de Christophe Charrier


Filmographie de Robert HIRSCH
 
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