Jacques Higelin voit le jour le 18 octobre 1940 à Paris. Entouré par son père, un cheminot d’origine alsacienne et sa mère, d’origine belge, Jacques grandit dans un foyer aimant et modeste avec son frère, Paul. Son père, pianiste amateur, lui fait découvrir la musique. Le petit garçon se met au chant, et, après la guerre, commence à se produire dans des radio-crochets et pendant les entractes au cinéma.
La rencontre avec Brigitte Fontaine
Rattrapé par sa fibre artistique, l’adolescent arrête l’école à 14 ans pour se consacrer à sa passion. Jacques Higelin débute comme cascadeur puis se fait engager pour la comédie musicale Nouvelle Orléans aux côtés de l’illustre Sidney Bechet. Parallèlement, il se forme à l’art dramatique aux cours René Simon. A la fin des années 50, il obtient quelques petits rôles au cinéma comme le lycéen résistant de La Verte Moisson ou le jeune apprenti décorateur qui découvre la station balnéaire méditerranéenne dans Saint-Tropez Blues. Il se produit sur les planches dans Bon Week-End Mr Bennett de Paule de Beaumont. En 1961, il effectue son service militaire en Algérie où il anime les bals des officiers. À son retour, Jacques Higelin multiplie les projets, au cinéma (Bébert et l’Omnibus d’Yves Robert), à la télévision (Une Fille dans la montagne de Roger Leenhardt, Les saintes chéries de Jean Becker), au théâtre (La vérité suspecte de Pedro de Alarcon), et au café-théâtre (avec Georges Moustaki au Trois Baudets). En 1966, sa rencontre avec la chanteuse Brigitte Fontaine va être déterminante. il coécrit avec Brigitte Fontaine et Rufus la pièce Maman j’ai peur qui sera adapté au cinéma sous le titre Les Encerclés. Le duo artistique produit l’album 12 chansons d’avant le déluge et se produit sur les scènes parisiennes. Ils inventent un style fantasque qui séduit le public.
Un showman incomparahble
En 1971, Jacques HIgelin enregistre son premier album solo, Jacques Crabouif Higelin puis amorce un virage musical avec l’album BBH 75 aux sonorités plus rock. Artiste prolifique, il va publier huit albums en dix ans dont Irradié, No man’s land, Champagne pour tout le monde, La bande du Rex, Higelin 82, trouvant son apogée avec l’album Tombé du ciel où figurent Poil dans la main et Parc Montsouris dédié à son père. Il décroche à l'écran un beau succès populaire en incarnant le mari de Marthe Keller victimes de la vie infernale d’habitants des cités dans Elle court, elle court la banlieue de Gérard Pirès. Durant la décennie suivante, il espace la sortie de ses albums, multiplie les concerts marathon avant de faire une pause musicale pendant plusieurs années. Il poursuit sa carrière d’acteur avec l’émouvant Savannah de Marco Pico, Un homme à la mer, téléfilm torturé de Jacques Doillon, Revoir Julie dans son propre rôle et À mort la mort ! de Romain Goupil où il est accordéoniste.
Patriarche d'une famille d'artistes
En 2004, il rend hommage à Charles Trenet avec le spectacle Higelin enchante Trenet inauguré lors des Francofolies de La Rochelle. Puis après huit ans d’absence,il sort l’album Amor Doloroso en 2006. Le succès relancé, il enregistre Coup de foudre, l’année de son 70e anniversaire et deux autres albums, Beau repaire et Higelin 75. En 2013, il fait une dernière apparition au cinéma comme premier propriétaire du cheval Jappeloup, biopic du cavalier Pierre Durand par Christian Duguay. En 2015, le chanteur publie son autobiographie, Je vis pas ma vie, je la rêve. Côté vie privée, Jacques Higelin a connu une romance à vingt ans avec Irène Chabrier, sa partenaire du film Le Bonheur est pour demain mais la paternité de Clémence n’a jamais été confirmée par sa mère. En 1966, naît Arthur de son union avec l’attachée de presse Nicole Courtois, qui se fera connaître comme chanteur sous le nom d’Arthur H. Il se remarie avec Kuelan Nguyen et a un fils Kên qui sera réalisateur et acteur. De son troisième mariage avec Aziza Zakine naît en 1990 la chanteuse et actrice Izia Higelin. La fin de ce fou chantant est dramatique. Atteint de la démence à corps de Lewy, une maladie dégénératrice, Jacques Higelin séjourne dans une Ehpad à la Maison nationale des artistes à Nogent sur Marne où il décède le 6 avril 2018 à l’âge de 77 ans. Mais ce balladin du monde occidental, poète rebelle et artiste polymorphe a laissé une empreinte indélébile dans le monde du spectacle.
FILMOGRAPHIE :
Avec Izia Higelin
et Arthur H
1959 : La Verte Moisson de François Villiers
1961 : Saint-Tropez Blues de Marcel Moussy
1961 : Le bonheur est pour demain d’Henri Fabiani
1963 : Bébert et l'Omnibus d’Yves Robert
1963 : Concerto mécanique pour la folie ou la folle mécamorphose de Julien Duvivier
1963 : Jean Valjean d’Alain Boudet (tv)
1964 : Une fille dans la montagne de Roger Leenhardt (tv)
1965 : Par un beau matin d’été de Jacques Deray
1965 : Marie Curie, une jeune fille de Pologne de Pierre Badel (tv)
1965 : Don Juan de Youri (tv)
1967 : Les Encerclés de Christian Gion
1968 : Sept Jours ailleurs de Marin Karmitz
1968 : Erotissimo de Gérard Pirès
1969 : L'Art de la turlute de Gérard Pirès (cm)
1969 : La Fête des mères de Gérard Pirès (cm)
1970 : Nous n'irons plus au bois de Georges Dumoulin
1971 : Léa, l'hiver de Marc Monnet
1972 : Salut, voleurs ! de Frank Cassenti
1973 : Elle court, elle court la banlieue de Gérard Pirès
1973 : L'An 01 de Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch
1977 : Un autre homme, une autre chance de Claude Lelouch
1980 : La Bande du Rex de Jean-Henri Meunier
1988 : Savannah (La Ballade) de Marco Pico
1991 : Contre l'oubli de Chantal Akerman et René Allio
1993 : Un homme à la mer de Jacques Doillon (tv)
1998 : Revoir Julie de Jeanne Crépeau
1998 : À mort la mort ! de Romain Goupil
2003 : Colette, une femme libre de Nadine Trintignant (tv)
2006 : Le Rêve de Jacques Higelin de Lyonel Kouro (cm)
2013 : Jappeloup de Christian Duguay
Filmographie de Jacques HIGELIN