| Marcel HERRAND | ||
| Acteur et metteur en scène français | ||
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Comédien racé et homme du monde, Marcel Herrand a, dans la vie comme sur scène ou à l'écran, cette souveraine élégance des dandys fin de siècle et, grâce à sa voix en forme de mélopée, un magnétisme de charmeur de serpents. Jean Tulard résume ainsi sa présence à l'écran : « Il émanait de lui un charme, une séduction qui sont ceux du traître élégant et raffiné de tout bon mélodrame. » Marcel Herrand est né le 8 octobre 1897 à Paris. C'est avant tout un grand homme de théâtre, qui dirige Le Rideau de Paris avec Jean Marchat, puis succède, en 1939, au grand Georges Pitoëff à la tête du théâtre des Mathurins. Il est fidèle à la scène durant trente-cinq ans, jouant dans des pièces aussi diverses que Les mariés de la Tour Eiffel, dans une mise en scène de l'auteur, Jean Cocteau, Libeleï d'Arthur Schnitzler, dirigée par Georges Pitoëff au Vieux Colombier, ou encore Le malentendu d'Albert Camus. On lui doit aussi une vingtaine de mises en scène, notamment dans son théâtre des Mathurins, de Noces de sang de Federico Garcia Lorca, jusqu'à La dévotion de la croix, une adaptation de Calderon de La Barca par Albert Camus, que, malade, il dirige jusqu'à son dernier souffle, en passant par le Tartuffe de Molière ou encore L'île de la raison de Marivaux. Puis, c'est le cinéma, dès le début des années 1930. Du chevalier Renaud à Lacenaire Le cheveu noir, enroulé sur le front en accroche-cour, et cette voix suave, un brin caverneuse, qui s'échappe des lèvres à peine entrouvertes et murmure mon ange à la belle Garance, ainsi s'avance sur l'écran de nos mémoires l'inoubliable Lacenaire des Enfants du paradis de Marcel Carné. L'acteur ne dépare jamais de sa suprême élégance. Aussi n'est-il pas surprenant qu'on lui confie souvent des rôles d'aristocrates ou même de souverains. Il est ainsi le tsar Nicolas Ier dans Le père Serge de Lucien Ganier-Raymond, d'après Tolstoï, mais aussi le chevalier Renaud des Visiteurs du soir de Marcel Carné, qui doit épouser la douce Anne, incarnée par Marie Déa, courtisée par le ménestrel Alain Cuny, envoyé par le diable. Le traître superbe Marcel Herrand a toute la morgue nécessaire pour incarner le Grand d'Espagne Don Salluste de Bazan qui, dans Ruy Blas de Pierre Billon, d'après Hugo, veut se venger de la Reine d'Espagne, Danielle Darrieux, qui l'a disgracié, et toute la distinction du marquis de Fontaines, qui, dans L'impasse des deux anges, le dernier film de Maurice Tourneur, doit épouser une vedette de music-hall interprétée par Simone Signoret. Et comment oublier le séduisant Rodolphe, aux manières princières qui, dans Les mystères de Paris de Jacques de Baroncelli, cache en réalité le grand-duc de Gérolstein ? Même sans particule, il porte beau dans les costumes croisés du notable. C'est le financier qui courtise Odette Joyeux dans Messieurs Ludovic de Jean-Paul Le Chanois, le riche consul convoité par l'aventurière Marlene Dietrich dans Martin Roumagnac de Georges Lacombe, l'aristocrate singulier du Fiacre 13, le gangster Larsan soupçonné du meurtre de son épouse dans Le Parfum de la Dame en noir de Louis Daquin, l'industriel égoïste qui s'oppose au mariage de sa fille, Dany Robin, avec Daniel Gélin dans Une histoire d'amour de Guy Lefranc, le dernier film de Louis Jouvet, ou encore ce sénateur américain qui, dans La p...respectueuse de Marcello Pagliero, veut sauver la mise à son neveu, qui a assassiné un Noir. Même vêtu de toge, il reste le méchant comme Arbax dans Les derniers Jours de Pompéi de Marcel L'Herbier. La cruauté avec noblesse Et quand il s'encanaille, c'est pour revêtir, dans Fantômas de Jean Sacha, la cape et le frac d'un élégant génie du crime ou la redingote de Corentin, policier sans scrupule qui pourchasse le chef des chouans, alias Jean Marais, dans Les chouans d'Henri Calef. Il incarne avec noblesse Louis XV dans son dernier film, Fanfan la Tulipe incarné par Gérard Philipe mis en scène par Christian-Jaque. Atteint d'un cancer, Il met toutefois en scène les adaptations théâtrales de La Dévotion de la croix de Pedro Calderón de la Barca et Les Esprits de Pierre de Larivey, toutes deux signées Albert Camus, pour le festival d'Angers. Mais Marcel Herrand décède le 11 juin 1953 à Montfort-L'Amaury sans pouvoir achever les toutes dernières répétitions. Albert Camus lui-même le remplace. Les deux spectacles, dédiés à sa mémoire, connaîtront un grand succès. FILMOGRAPHIE : | |
![]() Avec Louis Salou |
1932 : Le jugement de minuit d'André Charlot & Alexander Esway 1935 : Le domino vert d'Herbert Selpin & Henri Decoin 1941 : Le pavillon brûle de Jacques de Baroncelli 1942 : Le comte de Monte Cristo de Robert Vernay 1942 : Les visiteurs du soir de Marcel Carné 1943 : Les mystères de Paris de Jacques de Baroncelli 1944 : Les enfants du paradis de Marcel Carné 1945 : Le père Serge de Louis Ganier-Raymond 1945 : Étoile sans lumière de Marcel Blistène 1945 : Messieurs Ludovic de Jean-Paul Le Chanois 1946 : Ruy Blas de Pierre Billon 1946 : Martin Roumagnac de Georges Lacombe 1946 : Les chouans d'Henri Calef 1946 : L'homme traqué de Robert Bibal 1946 : Fiacre 13 (Il fiacre N. 13) de Raoul André & Mario Mattoli 1947 : Fantômas de Jean Sacha 1948 : L'impasse des deux anges de Maurice Tourneur 1948 : Le mystère de la chambre jaune d'Henri Aisner 1948 : Les derniers jours de Pompei de Marcel L'Herbier & Paolo Moffa 1949 : Le parfum de la dame en noir de Louis Daquin 1949 : On n'aime qu'une fois de Jean Stelli 1950 : Pas de pitié pour les femmes de Christian Stengel 1950 : Les loups chassent la nuit (La ragazza di Trieste) de Bernard Borderie 1951 : Une histoire d'amour de Guy Lefranc 1951 : La p. respectueuse de Marcello Pagliero & Charles Brabant 1951 : Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque Filmographie de Marcel HERRAND | |
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