Jeanne HELBLING
 Actrice française
Tantôt discrètement blonde, tantôt brune aguichante, Jeanne Helbling savait jouer de sa séduction avec sobriété, si docile et malléable auprès de réalisateurs qu'on peut la découvrir fade ou au contraire rayonnante.
Jeanne Helbling naît le 28 juillet 1903 dans la petite ville de Thann, non loin de Mulhouse dans une Alsace annexée au Reichsland après la défaite de la France contre la Prusse. Issue d'une famille d'ouvriers de fabrique et de vignerons, elle s'intéresse comme son père à la peinture et sans prendre aucun cours débute comme figurante dans Le grillon du foyer de Jean Manoussi, avec Charles Boyer et pose pour des cartes postales, notamment avec Jean Mitry. En 1921, Jeanne Helbling est remarquée dans Les Roquevillard réalisé par Julien Duvivier. Puis elle est la Pompadour, dans Mandrin d'Henri Fescourt, avec Romuald Joubé dans le rôle du célèbre contrebandier, remplace Elmire Vautier dans Les Grands d'Henri Fescourt et donne la réplique à Pierre Blanchar dans L'arriviste d'André Hugon.
Pin-up sobre ou rayonnante
Elle tourne ainsi une trentaine de films muets dans des registres changeants. Elle est une Adrienne de Cardoville, brune, vive et passionnée dans Le juif errant de Luitz-Morat d'après Eugène Sue, blonde romanesque dans Le capitaine Rascasse d'Henri Desfontaines, avec Gabriel Gabrio mais aussi la douce Lucie, fille du peuple nature et sans minauderie dans le film avant-gardiste de Jean Epstein, La glace à trois faces où le découpage des scènes mélange d'une manière saisissante passé et présent, imaginaire et réalité, et l'ingénue de La jalousie du Barbouillé de Molière mis en scène par Alberto Cavalcanti. Dans Tire au flanc de Jean Renoir, elle a pour partenaires Michel Simon et l'épouse du réalisateur, Catherine Hessling. À Berlin, William Dieterle la dirige dans Le secret de l'abbé X et Felix Basch dans La mascotte avec Käthe von Nagy. À Noël 1929, elle est découverte inanimée dans son appartement mais Jeanne dément toute tentative de suicide, seulement du surmenage.
De star aux seconds rôles
Jeanne Helbling passe sans difficulté au cinéma parlant et fait même du music-hall. Engagée par la Paramount France, elle participe, dans les studios de Joinville-le-Pont à la version française de films comme Une femme a menti de Charles de Rochefort, une œuvre tournée en même temps en allemand, en suédois, en italien avec Adelqui Migliar pour la réalisation ibérique. Jeanne Helbling est aussi au début des années trente dans des longs métrages nord-américains destinés au public français comme La Piste des Géants de Gaston Glass et Raoul Walsh, L'aviateur de William A. Seiter et Jean Daumery, avec Douglas Fairbanks Jr. et Buster se marie de Claude Autant-Lara, avec Buster Keaton. Elle rencontre un énorme succès avec Le Cordon bleu de Karl Anton aux c$otés de Pierre Bertin. Elle s'installe en 1932 dans un somptueuse appartement à Neuilly. Mais les films parlants, hormis Hélène de Jean Benoît-Lévy et Marie Epstein sont plutôt médiocres et ses emplois réduits le plus souvent à des figurations intelligentes. En 1939, elle tourne en Alsace Paix sur le Rhin de Jean Choux, d'après le roman de Léon Cerf qui raconte la vie des Schaefer, des vignerons thannois dont les fils ont combattu entre 1914 et 1918, l'un sous l'uniforme français et l'autre sous l'uniforme allemand. Ce récit pacifiste, qui s'inscrit résolument contre une guerre fratricide entre Européens, devient bientôt inopportun. Les bobines réputées détruites ne seront redécouvertes et restaurées qu'à la fin du XXe siècle.
Actrice résistante
La guerre ne semble pas perturber sa carrière. Jeanne continue à bouger beaucoup, d'un spectacle à un autre, de gala en tournée théâtrale. Mais Jeanne Helbling n'est pas une femme comme les autres. Elle aime la liberté et n'a pas peur de la lutte. Elle est résistante dans l'âme et devient membre du réseau Pierre Brossolette. Ses tournées théâtrales facilitent les contacts avec les résistants des différentes régions de France... et laissent libre son appartement de Neuilly. Elle transporte des messages et fait circuler des informations ultra-secrètes. Jeanne Helbling ne retrouve les plateaux de cinéma qu'après la Libération et tourne le premier film d'après-guerre Dernier métro de Maurice de Canonge et quitte la France après son dernier film Jeux de femmes de Maurice Cloche. Après son mariage avec un Américain, elle abandonne définitivement le cinéma. Elle décède à New-York le 6 août 1985, elle venait de fêter ses quatre-vingt deux ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Pierre Bertin
1920 : Le grillon du foyer de Jean Manoussi
1921 : Le logis de l'horreur de Julien Duvivier
1921 : Les Roquevillard de Julien Duvivier
1921 : Chicinette et compagnie d'Henri Desfontaines
1922 : Son excellence le Bouif de Louis Osmont
1922 : On demande un mannequin ou Métamorphoses de Tony Lekain
1923 : Survivre d'Edouard Chimot
1923 : Un bon petit diable de René Leprince
1923 : Mandrin d'Henri Fescourt
1924 : Les grands d'Henri Fescourt
1924 : L'arriviste d'André Hugon
1924 : L'aventurier de Maurice Mariaud
1925 : La chaussée des géants de Robert Boudrioz & Jean Durand
1925 : Le berceau des dieux de Fred Leroy-Granville
1926 : Le juif errant de Luitz-Morat
1926 : Le capitaine Rascasse d'Henri Desfontaines
1927 : La glace à trois faces de Jean Epstein
1927 : Le secret de l'abbé X (Das geheimnis des Abbé X) de Wilhelm Dieterle & Julius Brandt
1927 : Charité de M.B. Simon
1927 : La jalousie du Barbouillé d'Alberto Cavalcanti
1927 : Six et demi onze / 6 1/2 x 11 de Jean Epstein
1928 : Tire-au-flanc de Jean Renoir
1928 : Trois jeunes filles nues de Robert Boudrioz
1928 : La mascotte (mascottchen) de Felix Basch
1929 : Jeux de dames (Der Held aller Mädchensträume) de Robert Land
1929 : Une femme a menti de Charles de Rochefort
1930 : Contre-enquête de Jean Daumery
1930 : Lopez, le bandit de Jean Daumery
1930 : L'aviateur de William A. Seiter & Jean Daumery
1930 : La piste des géants de Pierre Couderc
1930 : Le procès de Mary Dugan de Marcel de Sano
1930 : Le père célibataire d'Arthur Robison & Chester M. Franklin
1931 : Buster se marie de Claude Autant-Lara & Edward Brophy
1931 : Le fils de l'autre d'Henri de la Falaise
1931 : Nuit d'Espagne d'Henri de la Falaise
1931 : Le cordon bleu de Karl Anton
1931 : Durand contre Durand de Léo Joannon
1931 : Une histoire entre mille de Max de Rieux
1932 : Embrasse-moi de Léon Mathot
1932 : Avec l'assurance de Roger Capellani
1932 : Mon ami Tim de Jack Forrester
1932 : Le crime du Bouif d'André Berthomieu
1933 : Le billet de logement de Charles-Félix Tavano
1933 : Coralie et Cie d'Alberto Cavalcanti
1934 : Quelle drôle de gosse ! de Léo Joannon
1934 : Bibi-la-Purée de Léo Joannon
1934 : Paris mes amours d'Alphonse-Lucien Blondeau
1935 : Son excellence Antonin de Charles-Félix Tavano
1935 : Le couturier de mon cour de la couture de René Jayet
1935 : Zizi de Charles-Félix Tavano (cm)
1935 : Le nudiste des Champs-Élysées de Jacques Daroy (cm)
1935 : Concurrence de Walter Kapps (cm)
1935 : La figurante de Charles-Félix Tavano (cm)
1936 : La brigade en jupons de Jean de Limur
1936 : Hélène de Jean-Benoît Lévy
1936 : Le fauteuil quarante-sept de Fernand Rivers
1937 : La fille de la Madelon de Georges Pallu & Jean Muggela
1937 : Sarati, le terrible d'André Hugon
1937 : L'ange que j'ai vendu de Michel Bernheim
1937 : Le compositeur du dessus de Paul Mesnier (cm)
1938 : Les gangsters du château d'If de René Pujol
1938 : Les trois valses de Ludwig Berger
1938 : Paix sur le Rhin de Jean Choux
1939 : Grey contre X de Pierre Maudru & Alfred Gragnon
1939 : Remontons les Champs-Élysées de Sacha Guitry
1939 : Le feu de paille de Jean Benoît-Lévy
1945 : Dernier métro de Maurice de Canonge
1946 : Jeux de femmes de Maurice Cloche


Filmographie de Jeanne HELBLING
 
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