Fille d'un employé de banque, Jacqueline Gauthier est née à Paris, le 7 octobre 1921. Enfant, elle rêve de devenir danseuse mais c'est un professeur de français qui convainc sa mère, de la diriger vers le métier de comédienne. Madame Gauthier décide alors de présenter sa fille à Louis Jouvet, et si le maître acquiesce, elle soutiendra sa fille. Jouvet lui prédit des rôles à la Arletty ou à la Spinelly et l'incite à poursuivre dans cette voie. Recalée trois fois au Conservatoire, Jacqueline Gauthier débute malgré tout sur scène en 1938 et devient célèbre l'année suivante lorsqu'elle reprend le rôle créé par Alice Cocéa dans Histoire de rire d'Armand Salacrou.
L'interprète favorite d'André Roussin
Dès lors, elle reste fidèle toute sa vie au théâtre et y mène un brillant parcours. On ne s'étonne pas de retrouver cette pétillante comédienne à l'affiche de plusieurs pièces d'André Roussin comme L'école des dupes, La main de César, Le mari, la femme et la mort, La petite hutte et La coquine. Parmi les autres ouvres qu'elle joue, on peut citer, entre autres, Dans sa candeur naïve de Jacques Deval, au théâtre Daunou, Félix d'Henry Bernstein, aux Célestins de Lyon et en tournée, L'école des cocottes de Paul Armont et Arnaud Gerbidon, L'effet Glapion de Jacques Audiberti, Quarante carats de Barillet et Grédy, Occupe-toi d'Amélie de Georges Feydeau ou encore Reviens dormir à l'Elysée de Jean-Paul Rouland et Claude Olivier dans les différents théâtres de la capitale et toute la France.
Les jeunes écervelées
Ayant débuté à l'écran en 1938, Jacqueline Gauthier doit attendre 1942 pour que sa carrière de vedette de cinéma prenne son envol. Elle est alors l'interprète de, notamment, Huit hommes dans un château de Richard Pottier, Le mort ne reçoit plus de Jean Tarride, La femme fatale de Jean Boyer, Les maris de Léontine de René Le Hénaff, L'extravagante Théodora d'Henri Lepage, Coq en pâte de Charles-Félix Tavano ou Ils ont vingt ans de René Delacroix. Elle est en outre la partenaire des chanteurs en vogue Charles Trénet dans Frédérica de Jean Boyer, Tino Rossi dans Sérénade aux nuages d'André Cayatte et Georges Guétary dans Les aventures de Casanova, une nouvelle fois sous la direction de Jean Boyer. Son rôle le plus gratifiant pour elle, bien que très secondaire se situe en 1943 dans Au bonheur des Dames adapté de Zola par André Cayatte.
La reine du boulevard
Lassée de l'image légère et fantaisiste dans laquelle l'enferme habituellement le Septième Art, Jacqueline Gauthier délaisse celui-ci après Elle et moi. Il faut dire que la percutante comédienne joue souvent de malchance. Elle qui rêve d'être dirigée par Jacques Becker ou Claude Autant-Lara doit se contenter de comédies légères détestables comme Ève et le Serpent. Elle se trouve pressentie pour des rôles plus divers mais échoue pour La Maternelle dont Marie Déa héritera et le policier Pont l'abîme qui ne verra jamais le jour. Elle ne fera qu'un seul retour pour La terreur des dames adapté de Ce cochon de Morin de Guy de Maupassant. Jacqueline se consacre principalement au théâtre où elle accumule les succès dans des pièces de boulevard à l'image de 40 Carats de Barillet et Grédy qui sera adapté à l'écran avec Gene Kelly et Liv Ullmann. Ses incursions au petit écran sont la plupart du temps marquées du sceau du théâtre, qu'il s'agisse de téléfilms adaptés de pièces (Le bel indifférent) ou de ses six participations à la populaire série de Pierre Sabbagh Au théâtre ce soir.
Fin tragique
Sacrifiant tout à son métier, Jacqueline Gauthier ne s'est jamais mariée et n'a jamais eu d'enfants. La nouvelle de son suicide, le 18 septembre 1982, surprend tous ceux qui voyaient en l'actrice un exemple de rayonnement et de gaieté. Sans doute l'aspect enjoué de son personnage cachait-il un profond mal de vivre. Et comble de malchance, l'annonce est occultée le même jour par le décès accidentel de Grace Kelly.
FILMOGRAPHIE :
Avec Jean Marais
1939 : Louise d'Abel Gance
1940 : Premier rendez-vous d'Henri Decoin
1941 : Ce n'est pas moi de Jacques de Baroncelli
1941 : Signé illisible de Christian Chamborant
1942 : À vos ordres, madame de Jean Boyer
1942 : La femme que j'ai le plus aimée de Robert Vernay
1942 : Le journal tombe à cinq heures de Georges Lacombe
1942 : Frédérica de Jean Boyer
1942 : Huit hommes dans un château de Richard Pottier
1943 : Au bonheur des dames d'André Cayatte
1943 : Feu Nicolas de Jacques Houssin
1944 : Le mort ne reçoit plus de Jean Tarride
1945 : Sérénade aux nuages d'André Cayatte
1945 : La femme fatale de Jean Boyer
1946 : L'assassin n'est pas coupable de René Delacroix
1946 : Tombé du ciel d'Emil Edwin Reinert
1946 : Les aventures de Casanova de Jean Boyer
1947 : Les maris de Léontine de René Le Hénaff
1947 : Une nuit à Tabarin de Carl Lamac
1949 : Interdit au public de Fred Pasquali
1949 : Eve et le serpent de Charles-Félix Tavano
1949 : L'extravagante Théodora d'Henri Lepage
1950 : Ils ont vingt ans de René Delacroix
1950 : Le clochard milliardaire de Léopold Gomez
1950 : Coq en pâte de Charles-Félix Tavano
1951 : La plus belle fille du monde de Christian Stengel
1952 : Elle et moi de Guy Lefranc
1956 : Mon Bébé de Marcel Cravenne (tv)
1956 : La terreur de dames / Ce cochon de Morin de Jean Boyer
1959 : Petite histoire du père Noël de Jean Kerchbron (tv)
1959 : Le Chandelier de Bernard-Roland (tv)
1966 : L'effet Glapion de Georges Vitaly (tv)
1974 : La Logeuse de Luc Godevais (tv)
1975 : Le bel Indifférent de Jacques Duhen (tv)
1979 : On purge Bébé de Jeannette Hubert (tv)
1980 : La Fortune des Rougon d'Yves-André Hubert (tv)
1980 : Remarie-moi de Jean Cohen (tv)
Filmographie de Jacqueline GAUTHIER