Henri GARAT
 Acteur et chanteur français
Que saurait-on aujourd'hui d'Henri Garat si Willy Fritsch, acteur allemand et partenaire de Lilian Harvey dans les comédies chantantes et musicales de la U.F.A. dans les années trente, avait su parler français ? Car, tout le monde s'est accordé à le reconnaître, le talent de ce chanteur d'opérette résidait davantage dans sa voix que dans sa gestuelle. Mais, cantonnée dans un genre vite désuet, la renommée de notre vedette ne dépassa pas la décennie d'avant-guerre. La chute n'en fut que plus brutale.
Émile Henri Camille Garassu naît le 3 avril 1902, à Paris. Ses parents appartiennent au monde du spectacle. Tout naturellement il se tourne vers la scène. Henri Garat débute, comme Jean Gabin, dans les revues de Mistinguett. À l'avènement du parlant, son expérience du chant est déterminante.
Chanteur en VF
Il donne la réplique à la britannique Lilian Harvey qui vit à Berlin et travaille déjà pour des sociétés de production comme la UFA. Il tourne avec elle des versions françaises comme Le chemin du paradis, Princesse à vos ordres!, Le congrès s'amuse, La fille et le garçon, Un rêve blond et Les gais lurons. Les studios allemands qui bénéficient de procédés d'enregistrement sonores très performants réalisent des films en plusieurs versions. Un autre rossignol anglais prend la relève, la craquante Meg Lemonnier. Le duo se produit dans Il est charmant dirigé par Louis Mercanton, puis assure la version suédoise devenue Studenter i Paris, titre plus proche du scénario du film où des étudiants en droit s'amusent plutôt que de travailler leurs examens ! Si Henri Garat ne se produit pas dans des ouvres de très grande qualité, il y chante et y sourit beaucoup. Et il le fait très bien! Il est la coqueluche de milliers d'admiratrices souvent hystériques, du jamais vu jusqu'à cette époque en France. On raconte que ses admiratrices vont jusqu'à taillader les pneus de ses voitures de collection pour ramener un fétiche à la maison.
Percée internationale
En 1933, Max Ophüls le filme dans On a volé un homme. La même année, il est à Hollywood pour Adorable de William Dieterle, aux côtés de Janet Gaynor. Mais l'expérience ne lui plaît guère. En 1936, Henri Garat obtient un triomphe avec la toute jeune Danielle Darrieux et les excellents seconds rôles Marguerite Templey et André Alerme. Lui, pour conquérir sa belle, jeune avocate sans cause, se transforme en Mauvais garçon. C'est une comédie bien peu féministe, mais si parisienne. Les chansons de Georges van Parys et Jean Boyer sont épatantes. Il travaille ensuite pour des réalisations où ses talents de chanteur sont moins sollicités, mais où il affronte les grands comédiens de l'époque dont Françoise Rosay et Raimu dans Le fauteuil 47 et Elvire Popesco dans La Présidente, Le valet maître et Fou d'Amour.
Disparition sous l'occupation
Mais Henri Garat, qui vient de tourner trente-cinq films depuis 1930, disparaît du monde du spectacle alors que les Allemands envahissent la zone dite libre. Les rumeurs les plus folles circulent sur son compte. Il semble que le travail intensif mais aussi la fête et la grande vie pour rester à la hauteur de sa réputation, les remontants, l'alcool et la drogue qui circule déjà dans les milieux du showbiz, aient eu raison de sa santé. Veuf d'une danseuse de music-hall, Betty Rowe l'éphémère partenaire de La Souris bleue avec qui il a eu un fils qui n'a pas survécu, Henri Garat s'est remarié trois fois, avec la comtesse Czernichef-Besobraroff puis une infirmière Suisse Anne-Lise.
Le déclin et l'oubli
Après la naissance d'un petit Marcel, il ouvre un restaurant parisien, Le Chemin du Paradis qui fait faillite. Avec de grosses difficultés financières qui l'entraînent dans les geoles de l'état, il traîne sa vie dans le sud de la France. Il travaille semble-t-il dans un cirque et se morfond dans la solitude, seulement soutenu par l'association La Roue tourne de Paul Azaïs. Il décède prématurément le 13 août 1959. Certaines sources le décrivent mourant, seul et abandonné dans une salle commune de l'hôpital de Hyères. D'autres entouré de sa dernière épouse et de son jeune fils né dans les années cinquante. Une triste fin pour ce représentant de la France insouciante de l'entre-deux-guerres.


FILMOGRAPHIE :

Avec Mistinguett
1930 : Nos maîtres les domestiques de Hewitt Claypoole Grantham-Hayes
1930 : Les deux mondes de Ewald André Dupont
1930 : Flagrant délit de Hanns Schwarz & Georges Tréville
1930 : Le chemin du paradis de Wilhelm Thiele & Max de Vaucorbeil
1931 : Rive gauche d'Alexander Korda
1931 : Il est charmant de Louis Mercanton
1931 : Princesse, à vos ordres ! de Hanns Schwarz & Max de Vaucorbeil
1931 : Le congrès s'amuse de Eric Charrell & Jean Boyer
1931 : Delphine de Roger Cappellani
1932 : La fille et le garçon de Wilhelm Thiele & Roger Le Bon
1932 : Une petite femme dans le train de Karl Anton
1932 : Un soir de réveillon de Karl Anton
1932 : Simone est comme ça de Karl Anton
1932 : Un rêve blond de Paul Martin & André Daven
1932 : Une étoile disparaît de Robert Villers
1933 : On a volé un homme de Max Ophüls
1933 : Une femme au volant de Kurt Gerron & Pierre Billon
1933 : Adorable de William Dieterle
1934 : Prince de minuit de René Guissart
1934 : Les dieux s'amusent de Reinhold Schünzel & Albert Valentin
1935 : Valse royale de Jean Grémillon
1936 : Un mauvais garçon de Jean Boyer
1936 : La souris bleue de Pierre-Jean Ducis
1936 : Les gais lurons de Paul Martin & Jacques Natanson
1936 : La fille de la Madelon de George Pallu & Jean Mugeli
1937 : The girl in the taxi d'André Berthomieu
1937 : L'amour veille de Henry Roussel
1937 : Au soleil de Marseille de Pierre-Jean Ducis
1937 : Le fauteuil quarante-sept de Fernand Rivers
1937 : La chaste Suzanne d'André Berthomieu
1938 : Ma sœur de lait de Jean Boyer
1938 : Ça. c'est du sport de René Pujol
1938 : La présidente de Fernand Rivers
1938 : Les femmes collantes de Pierre Caron
1938 : L'accroche-cour de Pierre Caron
1939 : Le chemin de l'honneur de Jean-Paul Paulin
1941 : Le valet maître de Paul Mesnier
1941 : Annette et la dame blonde de Jean Dréville
1942 : Fou d'amour de Paul Mesnier
1953 : L'homme trahi de Walter Kapps


Filmographie d'Henri GARAT
 
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