Gabriel GABRIO
 Acteur français
Si peu de gens se souviennent de Gabriel Gabrio, ses rôles restent parmi les plus marquants du cinéma français. Sa silhouette massive, sa voix forte, son entêtement un peu borné cachant une grande sensibilité l'ont longtemps destiné aux rôles de brutes. Heureusement, Marcel Pagnol lui donne dans Regain un aspect plus humain offrant ce paradoxe où il se révèle la bonne personne face à un odieux Fernandel.
Gabriel Gabrio naît Édouard Gabriel Lelièvre le 13 janvier 1887, à Reims. Il est le dernier d'une famille de seize enfants. Son père est remueur (celui qui tourne les bouteilles de champagne pour en faire décoller les dépôts) dans une des célèbres caves de la ville. Mais le dernier des Lelièvre ne veut pas suivre la tradition familiale. Après une première expérience de la scène au Casino de sa ville natale, il entreprend une carrière parisienne interrompue par la Première Guerre mondiale.
Une présence massive
En 1925, Gabriel Gabrio découvre les caméras avec Henri Fescourt qui lui donne le rôle d'un imposteur au grand cour dans Le fils d'Amérique avec Marie-Louise Iribe et Alice Tissot, avant de lui confier celui de Jean Valjean dans le monument hugolien, Les Misérables, avec Renée Carl, la terrible Thénardier. C'est un énorme succès. L'année suivante, Gabriel Gabrio est Le Capitaine Rascasse d'Henri Desfontaines, avec l'actrice alsacienne Jeanne Helbling qu'il retrouve dans Le juif errant, célèbre roman-feuilleton d'Eugène Sue, transposé en cinq chapitres par Luitz-Morat. Enfin il est le mari d'Antoinette Sabrier alias Eve Francis, dans le court métrage de la très avant-gardiste Germaine Dulac. En 1927, par amour pour une femme, Mady Christians, il affronte en combat aérien, Jean Murat dans Le duel de Jacques de Baroncelli. À partir de 1928, Gabriel Gabrio entame une carrière internationale avec deux films tournés dans les studios berlinois de la UFA, Heures d'angoisse de Gennaro Righelli avec Nathalie Lissenko et Le Roi du Carnaval de George Jacoby avec Elga Brink. Puis c'est La lueur sur la cime, film britannique d'Adelqui Migliar (Adelqui Millar) auprès d'Elissa Landi, suivi de La Bodega avec Colette Darfeuil et Concha Piquer, réalisé en Andalousie par Benito Perojo.
De Gance à Pagnol
En 1930 l'acteur passe sans difficulté l'obstacle du parlant et retrouve Berlin pour sept longs métrages dont Les requins du pétrole d'Henri Decoin et Rudolf Katscher, avec Peter Lorre. Et il s'impose, au cours de la décennie, avec sa personnalité massive, dans vingt-cinq longs métrages. Sa forte voix raisonne dans La belle Garce avec Gina Manès, Au nom de la loi de Maurice Tourneur traqué par le policier Charles Vanel, Les croix de bois de Raymond Bernard, d'après le roman sur la Grande Guerre de Roland Dorgelès, avec Pierre Blanchar et Charles Vanel, Pépé le Moko de Julien Duvivier où il campe Carlos, un homme de la bande de Gabin. Gabrio est aussi, et parmi bien d'autres rôles, César, le frère d'Edwige Feuillère, la Lucrèce Borgia d'Abel Gance en 1934, Honoré de Balzac dans Le roman d'un génie de Carmine Gallone avec Fosco Giachetti en Giuseppe Verdi, et l'officier français Heim, l'agent double du Deuxième bureau contre kommandantur d'après Pierre Nord et réalisé par René Jayet et Robert Bibal. Mais son interprétation la plus connue est sans doute celle du paysan provençal Panturle, taiseux et pugnace de Regain de Marcel Pagnol d'après Jean Giono, avec Orane Demazis, et Fernandel.
Un dernier rôle émouvant
Pendant la guerre, l'acteur ne tourne que deux films, Les visiteurs du soir de Marcel Carné où il joue le bourreau et Le Val d'enfer de Maurice Tourneur, où très amigi il livre l'un de ses rôles les plus émouvants sous le joli nom de Noël Bienvenu. Malade, il se retire à une trentaine de kilomètres au nord-est de Chartres, dans le village de Berchères-sur-Vesgre, où il a acheté une villa appelée Jean Valjean en souvenir de son premier grand succès. Gabriel Gabrio y décède le 31 octobre 1946, dans sa soixantième année. Une rue de la commune porte son nom, un hommage mérité pour ce solide acteur, aujourd'hui injustement oublié.


FILMOGRAPHIE :

Avec Orane Demazis
1925 : Un fils d'Amérique d'Henri Fescourt
1925 : Les misérables d'Henri Fescourt
1926 : Le juif errant de Luitz-Morat
1926 : Le capitaine Rascasse d'Henri Desfontaines
1926 : Antoinette Sabrier de Germaine Dulac
1927 : Le duel de Jacques de Baroncelli
1928 : Heures d'angoisse (Fünf bange Tage) de Gennaro Righelli
1928 : Der faschingskönig de George Jacoby
1929 : La lueur sur la cime (The Inseparables) d'Adelqui Migliar & John Stafford
1929 : Fécondité d'Henri Etiévant & Nicolas Evreinoff
1929 : La bodega de Benito Perojo
1930 : Une belle garce de Marco de Gastyne
1930 : Le roi de Paris de Leo Mittler
1930 : La lettre de Louis Mercanton
1930 : L'homme qui assassina de Curtis Bernhardt & Jean Tarride
1931 : La bête errante de Marco de Gastyne
1931 : Les croix de bois de Raymond Bernard
1931 : Le coup de minuit de Charles Vanel
1932 : Cours joyeux d'Hanns Schwarz & Max de Vaucorbeil
1932 : Au nom de la loi de Maurice Tourneur
1933 : Les deux orphelines de Maurice Tourneur
1933 : Les requins du pétrole d'Henri Decoin & Rudolf Katscher
1933 : La rue sans nom de Pierre Chenal
1934 : Le baron tzigane d'Henri Chomette
1934 : Lucrèce Borgia d'Abel Gance
1935 : La vie passionnée de Verdi (Giuseppe Verdi) de Carmine Gallone
1935 : Cavalerie légère de Werner Hochbaum & Roger Vitrac
1935 : Sous les yeux d'Occident de Marc Allégret
1935 : Le diable en bouteille d'Heinz Hilpert & Raoul Ploquin
1936 : Gigolette d'Yvan Noé
1936 : Puits en flammes de Victor Tourjansky
1936 : Pépé-le-Moko de Julien Duvivier
1937 : Regain de Marcel Pagnol
1939 : Deuxième bureau contre kommandantur de René Jayet & Robert Bibal
1939 : Le corsaire de Marc Allégret (inachevé)
1939 : Campement treize de Jacques Constant
1941 : Les visiteurs du soir de Marcel Carné
1943 : Le val d'enfer de Maurice Tourneur


Filmographie de Gabriel GABRIO
 
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