Pierre Fresnay naît Pierre Jules Louis Laudenbach le 4 avril 1897, à Paris. Son père d'origine alsacienne est professeur de lycée. Après une jeunesse studieuse, Pierre décide de devenir comédien comme l'un de ses oncles maternels. Il rentre au conservatoire d'art dramatique de Paris et épouse tout juste majeur, une condisciple, Rachel Bérendt dont il se sépare trois ans plus tard. En 1924 il devient sociétaire de la Comédie Française et se remarie avec une comédienne d'origine belge de dix ans son aînée, Berthe Bovy. En 1929, c'est la double rupture avec les administrateurs du Français et sa seconde épouse. Il incarne un virevoltant Cyrano de Bergerac et d'autres classiques où il montre sa souplesse et son dynamisme au Théâtre Sarah-Bernhardt pour s'achever avec Marius de Marcel Pagnol après la défection de Pierre Blanchar au théâtre de Paris. À la même période il rencontre enfin l'amour de sa vie, la comédienne et chanteuse Yvonne Printemps qui se sépare à son tour de Sacha Guitry. Puis Fresnay va co-gérer le théâtre de la Michodière et poursuivre une grande carrière théâtrale pendant plus de trente ans.
Marseillais ou Alsacien
Le comédien débute au cinéma au temps du muet. Il tourne notamment Les Mystères de Paris d'après le roman homonyme d'Eugène Sue, et La mendiante de Saint-Sulpice avec Gaby Morlay. Mais c'est à partir de 1931 qu'il obtient la notoriété en reprenant, sur grand écran et avec l'accent, le rôle de Marius, fils d'un bistrotier du vieux port de Marseille. Suivront, bien sûr, Fanny avec Orane Demazis et César avec Raimu. En 1933, Pierre Fresnay donne la réplique à Yvonne Printemps dans La dame aux camélias de Fernand Rivers d'après Alexandre Dumas fils. Il est en tête d'affiche de nombreux succès de la fin des années trente comme Sous les yeux d'Occident avec Pierre Renoir, Salonique nid d'espion de Georg Wilhelm Pabst avec Dita Parlo, La grande Illusion, le magnifique film de Jean Renoir, Alerte en Méditerranée de Léo Joannon, où les marines française, britannique et allemande collaborent pour pister un navire suspect. En 1939 Pierre Fresnay réalise Le Duel avec Yvonne Printemps et Raimu. Mobilisé près de la ligne Maginot, il bénéficie d'une permission pour terminer le tournage. Pendant l'occupation, Pierre Fresnay poursuit sa carrière et apparaît dans neuf films. Parmi eux, quatre sont financés par la société allemande Continental dont L'Assassin habite au 21 où il campe l'inspecteur Wens, La main du Diable avec Josseline Gaël et Noël Roquevert et Le corbeau d'Henri-Georges Clouzot avec Pierre Larquey et Ginette Leclerc. Le maréchal Pétain le tient en grande estime. Son attitude complaisante avec l'occupant et la direction du Comité d'orginasation de l'industrie cinématographiques (COIC), instance de censure et de décision financière lui valent à la libération d'être incarcéré six semaines.
Institution d'après-guerre
Mais il retrouve très vite son public et fait toujours des interprétations magistrales notamment en incarnant de grandes figures comme Offenbach, Monsieur Fabre ou le docteur Schweitzer, et des catholiques fervents alors même qu'il est de tradition protestante dans Monsieur Vincent de Maurice Cloche, Dieu a besoin des hommes avec Madeleine Robinson, qui a pour cadre l'Île de Sein d'après l'œuvre d'Henri Queffélec et le sidérant Le Défroqué aussi grandiloquent que ridicule. Il tourne des adaptations de ses succès scéniques comme Les Œufs de l'Autruche et quelques films réactionnaires comme La route Napoléon, L'Homme aux clefs d'or ou Les Aristocrates. En 1960, dans son dernier film Les vieux de la vieille de Gilles Grangier, il est un facétieux vieillard échappé d'un hospice en compagnie de Jean Gabin et Noël-Noël. Il incarne un magnifique Tête d'horloge pour une de ses rares apparitions à la télévision. Dans les années soixante, Pierre Fresnay prête sa voix, toujours tellement envoûtante, pour des documentaires. Il décède le 9 janvier 1975 à Neuilly-sur-Seine des suites de complications respiratoires. Yvonne ne lui survivra que deux ans. C'est un formidable comédien français qui disparaît.
FILMOGRAPHIE :
Avec Yvonne Printemps
1921 : La bâillonnée de Charles Burguet (7 épisodes)
1921 : Molière, sa vie son œuvre de Jacques de Féraudy
1922 : Le diamant noir d'André Hugon (2 parties)
1922 : Les mystères de Paris de Charles Burguet (12 épisodes)
1923 : Le petit Jacques de Georges Raulet & Georges Lannes
1923 : La mendiante de Saint-Sulpice de Charles Burguet
1923 : Les premières armes de Rocambole de Charles Maudru
1924 : Les amours de Rocambole de Charles Maudru
1928 : La vierge folle de Luitz-Morat
1930 : Marius d'Alexander Korda
1932 : Fanny de Marc Allégret
1933 : Âme de clown de Marc Didier & Yvan Noé
1934 : La dame aux camélias de Fernand Rivers
1934 : L'homme qui en savait trop (The man who knew to much) d'Alfred Hitchcock
1935 : Koenigsmark (Königsmark) de Maurice Tourneur
1935 : Sous les yeux d'Occident de Marc Allégret
1935 : Le roman d'un jeune homme pauvre d'Abel Gance
1936 : César de Marcel Pagnol
1936 : Mademoiselle Docteur / Salonique, nid d'espions de Georg Wilhelm Pabst
1936 : Le puritain de Jeff Musso
1937 : La grande illusion de Jean Renoir
1937 : La bataille silencieuse de Pierre Billon
1937 : Alerte en Méditerranée de Léo Joannon
1937 : Chéri-Bibi de Léon Mathot
1938 : Adrienne Lecouvreur de Marcel L'Herbier
1938 : Trois valses de Ludwig Berger
1939 : Le duel de Pierre Fresnay
1939 : La charrette fantôme de Julien Duvivier
1941 : Le briseur de chaînes de Jacques Daniel-Norman
1941 : Le dernier des six de Georges Lacombe
1942 : Le journal tombe à cinq heures de Georges Lacombe
1942 : L'assassin habite. au 21 d'Henri-Georges Clouzot
1943 : La main du diable de Maurice Tourneur
1943 : Le corbeau d'Henri-Georges Clouzot
1943 : Le voyageur sans bagages de Jean Anouilh
1943 : L'escalier sans fin de Georges Lacombe
1943 : Je suis avec toi d'Henri Decoin
1945 : La fille du diable d'Henri Decoin
1946 : Le visiteur de Jean Dréville
1947 : Monsieur Vincent de Maurice Cloche
1947 : Les condamnés de Georges Lacombe
1948 : Barry de Richard Pottier
1949 : La valse de Paris de Marcel Achard
1949 : Au grand balcon d'Henri Decoin
1949 : Vient de paraître de Jacques Houssin
1950 : Dieu a besoin des hommes de Jean Delannoy
1951 : Monsieur Fabre d'Henri Diamant-Berger
1951 : Le voyage en Amérique d'Henri Lavorel
1951 : Un grand patron d'Yves Ciampi
1952 : Il est minuit, docteur Schweitzer d'André Haguet
1953 : Le défroqué de Léo Joannon
1953 : La route Napoléon de Jean Delannoy
1954 : Les évadés de Jean-Paul Le Chanois
1955 : Les aristocrates de Denys de La Patellière
1956 : L'homme aux clés d'or de Léo Joannon
1956 : Les œufs de l'autruche de Denys de La Patellière
1957 : Les fanatiques d'Alex Joffé
1958 : Et ta sœur ! de Maurice Delbez
1958 : Tant d'amour perdu de Léo Joannon
1959 : Les affreux de Marc Allégret
1959 : La millième fenêtre de Robert Ménégoz
1960 : Les vieux de la vieille de Gilles Grangier
1968 : Le Neveu de Rameau de René Lucot (tv)
1969 : L'idée fixe de Jeannette Hubert (tv)
1970 : Mon Faust de Daniel Goergeot (tv)
1970 : Tête d'horloge de Jean-Paul Sassy (tv)
1971 : Père de Jeannette Hubert (tv)
1973 : Le Jardinier d'Antoine-Léonard Maestrati (tv)
Filmographie de Pierre FRESNAY