Paul FRANKEUR
 Acteur français
Paul Frankeur avait la réputation de ne pas être facile à caser. Il faut dire que, jeune, il avait pris des positions troubles et très dérangeantes, notamment concernant l'inceste, dans le journal L'en-dehors, se taillant à jamais une réputation d'anarchiste provocateur, sans foi ni loi. Rien d'étonnant que ce trublion à fort caractère ait séduit le bouillant Luis Buñuel à la fin de leur carrière.
C'est à Paris que Paul Louis Frankeur voit le jour, le 29 juin 1905. Il quitte l'école relativement tôt et exerce de nombreux petits métiers, parmi lesquels, terrassier, conducteur de triporteur et ouvrier du cuir. Dans les années trente, le jeune homme, allergique à la routine et rebelle à l'autorité, fréquente avec assiduité le quartier de Saint-Germain-des-Prés, où il développe son goût pour une certaine forme de marginalité et d'anarchisme. Il y rencontre Jacques Prévert et se lie avec le groupe Octobre. Il fait également la connaissance d'Yves Deniaud, avec lequel il interprète un numéro de cabaret. Effectuant ses premiers pas sur scène, il trouve enfin sa vocation, comprenant que son destin se jouera sur les planches.
Un bon vivant gentiment anar
Continuant sa carrière au music-hall et au théâtre, il décroche son premier rôle au cinéma en 1941 avec Nous les gosses de Louis Daquin, qui le fera à nouveau tourner à plusieurs reprises dans Le Voyageur de la Toussaint, Madame et le mort, Les Frères Bouquinquant ou Le Point du jour. On l'aperçoit aussi dans Les enfants du paradis de Marcel Carné. Multipliant les rôles de second plan, son allure populaire et gouailleuse, sa gueule de bon vivant gentiment anar et sa personnalité bien trempée lui réservent une galerie de personnages multiples : commissaires, inspecteurs, commerçants, patrons de bistrot, reporters, notables de tout bords. Toujours des figures proches du peuple, à l'image du sympathique forain de Jour de fête de Jacques Tati. D'excellents metteurs en scène s'arrachent Paul Frankeur, notamment Jean Dréville (Les casse-pieds), Henri Decoin (Les Amants du Pont Saint-Jean), Jean Faurez (Histoires extraordinaires) et Julien Duvivier (Sous le Ciel de Paris, La Fête à Henriette).
La réplique de Gabin
Dans les années cinquante, sa carrière se poursuit sans faiblir et l'acteur est toujours aussi demandé. Paul Frankeur donne la réplique à Jean Gabin dans Touchez pas au grisbi de Jacques Becker. C'est le début d'une grande amitié, de repas gangatruesques et une série de 13 films parmi lesquels Razzia sur la chnouf de Decoin, Maigret et l'Affaire Saint-Fiacre de Jean Delannoy, Rue des Prairies et plusieurs polars de Gilles Grangier comme Le Sang à la tête, Le Rouge est mis, Le Désordre et la Nuit. Il est tour à tour gangster, policier, bistrotier ou camionneur avec le même naturel.
Un favori de don Luis
Paul Frankeur est excellent dans Marie-Octobre de Julien Duvivier à la distribution exceptionnelle où il s'intéresse surtout au sport à la télé avec Lino Ventura. En 1960, il joue dans un film italien de Mauro Bolognini, La viaccia. Puis, on le retrouve en cafetier dans Un singe en hiver d'Henri Verneuil, avec Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo. En 1966, Jean-Pierre Melville lui confie un rôle dans son magnifique Le Deuxième souffle, où il incarne un commissaire de police traquant Lino Ventura et entrant en concurrence avec Paul Meurisse. C'est à cette époque que Paul Frankeur délaisse un peu le cinéma au profit de la télévision, dans Max le débonnaire de Jacques Deray, L'Espagnol d'après Bernard Clavel ou Nans le Berger avec son fils Jean-Paul. Mais il fera bientôt une dernière rencontre déterminante, le réalisateur Luis Buñuel, grâce auquel le comédien va pouvoir livrer trois compositions très intéressantes. Il est un pèlerin en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle dans La voie lactée, un notable dans Le charme discret de la bourgeoisie et enfin un aubergiste dans Le fantôme de la liberté. Lui, l'hédoniste picaresque lance un dernier clin d'oil en succombant au terme d'un repas gigantesque dans Mon Oncle Benjamin auprès de Jacques Brel. Marié depuis 1947 avec Henriette Oberkirch, Paul Frankeur meurt d'une crise cardiaque le 26 octobre 1974 à Nevers, dans la Nièvre. S'il ne fut jamais une vedette à part entière, il a su, tout au long d'une carrière riche et éclectique de plus de 80 films, composer des personnages forts et inoubliables, le tout avec un grand talent.


FILMOGRAPHIE :

Avec Guy Decomble
et Jacques Tati
1941 : Le Mariage de Chiffon de Claude Autant-Lara
1941 : Nous les gosses de Louis Daquin
1941 : Croisières sidérales d'André Zwoboda
1941 : La nuit fantastique de Marcel L'Herbier
1942 : Le voyageur de la Toussaint de Louis Daquin
1942 : Madame et le mort de Louis Daquin
1942 : Une étoile au soleil d'André Zwoboda
1943 : Adieu Léonard de Pierre Prévert
1943 : La cage aux rossignols de Jean Dréville
1943 : Service de nuit de Jean Faurez
1944 : Les enfants du paradis de Marcel Carné
1945 : Monsieur Ludovic de Jean-Paul Le Chanois
1945 : La fille aux yeux gris de Jean Faurez
1945 : Étoile sans lumière de Marcel Blistène
1945 : La fille du diable d'Henri Decoin
1945 : Le couple idéal de Bernard-Roland
1946 : Le père tranquille de René Clément & Noël-Noël
1946 : Contre-enquête de Jean Faurez
1947 : Les frères Bouquinquant de Louis Daquin
1947 : Les amants du pont Saint-Jean d'Henri Decoin
1947 : Le point du jour de Louis Daquin
1948 : Jour de fête de Jacques Tati
1948 : Les casse-pieds de Jean Dréville
1949 : Retour à la vie, « Le retour de Louis » de Jean Dréville
1949 : Monseigneur de Roger Richebé
1949 : Premières armes de René Wheeler
1949 : Au P'tit Zouave de Gilles Grangier
1949 : Histoires extraordinaires de Jean Faurez
1950 : Justice est faite d'André Cayatte
1950 : Passion de Georges Lampin
1950 : Sous le ciel de Paris de Julien Duvivier
1951 : Le banquet des fraudeurs d'Henri Stork
1952 : La fête à Henriette de Julien Duvivier
1952 : Nous sommes tous des assassins d'André Cayatte
1952 : Horizons sans fin de Jean Dréville
1952 : Suivez cet homme de Georges Lampin
1953 : Jeunes mariés de Gilles Grangier
1953 : Thérèse Raquin de Marcel Carné
1953 : Touchez pas au grisbi de Jacques Becker
1953 : Avant le déluge d'André Cayatte
1953 : L'étrange désir de monsieur Bard de Géza von Radványi
1954 : Huis-clos de Jacqueline Audry
1954 : Interdit de séjour de Maurice de Canonge
1954 : Le crâneur de Dimitri Kirsanoff
1954 : Razzia sur la chnouf d'Henri Decoin
1954 : Le petit nuage d'Antoine Allard et Charles Dekeukeleire
1954 : Nana de Christian-Jaque
1955 : Le dossier noir d'André Cayatte
1955 : Je suis un sentimental de John Berry
1955 : Des gens sans importance d'Henri Verneuil
1956 : Les assassins du dimanche d'Alex Joffé
1956 : Le sang à la tête de Gilles Grangier
1956 : Oil pour oil d'André Cayatte
1956 : Les copains du dimanche d'Henri Aisner
1956 : Reproduction interdite de Gilles Grangier
1957 : Le rouge est mis de Gilles Grangier
1957 : Une balle dans le canon de Charles Gérard & Michel Deville
1958 : Le désordre et la nuit de Gilles Grangier
1958 : Le fauve est lâché de Maurice Labro
1958 : Archimède le clochard de Gilles Grangier
1958 : Marie-Octobre de Julien Duvivier
1958 : Minute papillon ! de Jean Lefèvre
1959 : Quai du Point-du-Jour de Jean Faurez
1959 : Rue des Prairies de Denys de La Patellière
1959 : Voulez-vous danser avec moi ? de Michel Boisrond
1959 : Maigret et l'affaire Saint-Fiacre de Jean Delannoy
1960 : Le mauvais chemin (la viaccia) de Mauro Bolognini
1960 : En votre âme et conscience de Roger Saltel
1960 : Le panier à crabes de Joseph Lisbona
1961 : Le gentleman d'Epsom de Gilles Grangier
1962 : Un singe en hiver d'Henri Verneuil
1962 : Le voyage à Biarritz de Gilles Grangier
1963 : Maigret voit rouge de Gilles Grangier
1963 : Le commissaire mène l'enquête de Fabien Collin
1964 : Nick Carter va tout casser d'Henri Decoin
1964 : La corde au cou de Joseph Lisbona
1965 : Le tonnerre de dieu de Denys de La Patellière
1965 : On a volé la Joconde (Il ladro della Gioconda) de Michel Deville
1966 : La longue marche d'Alexandre Astruc
1966 : Le deuxième souffle de Jean-Pierre Melville
1968 : Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages de Michel Audiard
1968 : La voie lactée de Luis Buñuel
1969 : Mon oncle Benjamin d'Edouard Molinaro
1972 : Le charme discret de la bourgeoisie de Luis Buñuel
1972 : Poil de carotte d'Henri Graziani
1973 : Le cri du cour de Claude Lallemand
1973 : La balançoire à minouches de Jean-Louis van Belle
1974 : Dédé la tendresse de Jean-Louis van Belle
1974 : Le fantôme de la liberté de Luis Buñuel

Télévision :
1958 : L'étrange mort de Paul-Louis Courier
1961 : Le Nain de Pierre Badel
1961 : Hauteclaire ou le Bonheur dans le crime de Jean Prat
1964 : Trois cent vingt cinq mille francs de Jean Prat
1964 : Le Commandant Watrin de Jacques Rutman
1967 : L'Espagnol de Jean Prat
1967 : Malican père et fils de Marcel Cravenne
1967 : Max le débonnaire de Gilles Grangier, Yves Allégret et Jacques Deray
1970 : Le Chien qui a vu Dieu de Paul Paviot
1971 : Prière pour Elena d'Abder Isker
1971 : Le Tambour du bief de Jean Prat
1975 : Pays de Jacques Krier


Filmographie de Paul FRANKEUR
 
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