Ève FRANCIS
 Acteur français Actrice française
Le nom d’Ève Francis est lié au théâtre de Claudel et au cinéma d’avant-garde des années 20, grâce à Marcel L’Herbier, Germaine Dulac et surtout son époux Louis Delluc. Grande tragédienne, elle a voué toute sa vie à un art nouveau par sa participation aux scénarios, ses ouvrages et ses nombreux hommages nostalgiques à une époque révolue.
Née au sein d’une famille françaie, Èva Louise François voit le jour à Saint-Josse-ten-Noode le 24 août 1886. La jeune bruxelloise se rend à Paris et aborde la scène par le biais de la poésie, en participant à des récitals de Le Bargy, Féraudy et Paul Mounet au conservatoire. Elle débute au théâtre en 1905 dans la création du Roi Bombance de Marinetti au théâtre de l’Œuvre. En 1913, lors d’une matinée au théâtre Antoine, elle rencontre le poète, journaliste et homme de théâtre Louis Delluc qui partage une passion commune pour la littérature, la poésie et la musique.
Le théâtre de Paul Claudel
Ève Francis crée L’otage de Paul Claudel en 1914. Elle impressionne l’auteur dont elle devient la grande interprète dans L’annonce faite à Marie et Le partage de midi. Leur longue amitié est relatée dans la biographie de l’écrivain Un autre Claudel qu’Ève Francis publie, en 1973. Elle apparaît au cinéma dans La Dame Blonde de Charles Maudru dont la vedette est Emmy Lynn puis dans Un homme passa d’Henry Roussell. Elle épouse Louis Delluc le 16 janvier 1918 et devenu critique de cinéma, il réussit à rallier sa femme à la cause de ce qu’il appelle le Septième Art. Surtout portée par le théâtre, la comédienne déclare : « Comme j’aimerais faire du cinéma si je ne me voyais jamais à l’écran. » Il la présente à Germaine Dulac qui l’engage dans La Fête espagnole sur un scénario de Louis Delluc. Passé à la réalisation, le grand théoricien de l’avant-garde française dirige son épouse dans Fumée noire, Le Silence, Fièvre, Le Chemin d’Ernoa, La Femme de Nulle part et L’inondation. Préoccupé par ses recherches esthétiques, il ne permet pas à l’actrice de s’épanouir dans son jeu assez statique et maniéré mais elle déploie tout de même tout son talent et sa présence dans quelques morceaux d’anthologie de cette avant-garde. Bien que le couple se sépare en 1922, Ève Francis restera très liée à Louis Delluc jusqu’au décès du réalisateur en 1924.
De Delluc à L'Herbier
Ève Francis continue de se distinguer au théâtre dans Le Pain dur, à Genève avec les Pitoëff, dans Rosmersholm, Ma Femme danseuse de Delluc, L’Homme à la rose d’Henry Bataille et L’Enfantement du mort, pièce ambitieuse contre la guerre du jeune dramaturge Marcel L’Herbier. Cette dernière pièce est créée par la compagnie Art et action dirigée par Édouard Autant et Louise Lara, les parents du décorateur Claude Autant-Lara. Trois ans plus tard en 1921, Marcel L’Herbier lui offre le rôle de Sibilla, la douloureuse danseuse d’El Dorado. Errant dans l’Alhambra de Grenade, elle s’identifie à son rôle de fille-mère dont l’enfant se meurt et y apporte une justesse dans l’émotion tour à tour torturée, révoltée ou infiniment lasse. Ce monument d’une grande innovation plastique et narrative lui apporte une gloire durable au cinéma. Son beau regard en amande et sa présence massive font encore sensation dans Prométhée… banquier de L’Herbier et Antoinette Sabrier de Germaine Dulac. Elle écrit des chroniques dans La Revue de la femme, créée en 1926, rapidement remplacée par Pierre Bost.
Le déclin du parlant
L’avènement du cinéma sonore met un sérieux frein à la carrière d’Ève Francis qui considère que « le parlant a tué la poésie ». Elle donne la réplique à Danielle Darrieux dans Club de Femmes et tourne trois films avec Marcel L’Herbier, Forfaiture, La Brigade sauvage et La Comédie du Bonheur. Elle est son assistante sur Le Bonheur et La Citadelle du Silence et celle de Michel Bernheim pour Le Roman d’un Spahi. Professeur d’art dramatique sur la fin de sa vie, interprète de dramatiques télévisées (La Bonifas, Le Crime de lord Arthur Saville), animatrice de ciné-clubs, le rêve de Louis Delluc, elle livre ses souvenirs nostalgiques dans Temps héroïque en 1947. Elle fait deux dernières apparitions au cinéma dans La Chair de l’Orchidée de Patrice Chéreau et Adieu Poulet de Pierre Granier-Deferre. Ève Francis décède le 6 décembre 1980 à Neuilly à l’âge de 94 ans et repose au cimetière de Bagneux auprès de son ex-mari et pygmalion Louis Delluc.


FILMOGRAPHIE :

Avec Louis Delluc
1914 : La Dame blonde de Charles Maudru (cm)
1916 : Un homme passa d’Henri Roussell (cm)
1917 : Le Roi de la mer de Jacques de Baroncelli
1917 : Âmes de fous de Germaine Dulac
1918 : Frivolité de Maurice Landay
1918 : Le Bonheur des autres de Germaine Dulac (cm)
1919 : La Fête espagnole de Germaine Dulac
1919 : Fumée noire de Louis Delluc
1920 : Le Silence de Louis Delluc
1921 : El Dorado de Marcel l'Herbier
1921 : Le Chemin d’Ernoa de Louis Delluc
1921 : Prométhée... banquier de Marcel L'Herbier
1921 : Fièvre de Louis Delluc
1922 : La Femme de nulle part de Louis Delluc
1923 : L'Inondation de Louis Delluc
1924 : Âme d’artiste de Germaine Dulac
1926 : Antoinette Sabrier de Germaine Dulac
1934 : Le Bonheur de Marcel L'Herbier
1936 : Club de femmes de Jacques Deval
1937 : Forfaiture de Marcel L'Herbier
1938 : La Brigade sauvage de Marcel L'Herbier
1939 : Yamilé sous les cèdres de Charles d’Espinay
1939 : La Mode rêvée de Marcel L'Herbier (cm)
1940 : La Comédie du bonheur de Marcel L'Herbier
1968 : La Bonifas de Pierre Cardinal (tv)
1968 : La Prunelle d’Edmond Tyborowsky (tv)
1968 : Le crime de Lord Arthur Saville d’André Michel (tv)
1971 : Tang d’André Michel (tv)
1974 : La Chair de l'orchidée de Patrice Chéreau
1975 : Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre


Filmographie d'Ève FRANCIS
 
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