Edwige FEUILLÈRE
 Actrice française
Née d'un père italien et d'une mère franc-comtoise, Edwige Louise Caroline Cunatti, plus tard Feuillère voit le jour à Vesoul, le 29 octobre 1907 et passe son enfance en Italie. À sept ans, elle récite déjà les Fables de Maurice Rollinat réputées pour leur difficulté ainsi que les sonnets de Dante en italien. En 1928, elle arrive à Paris pour tenter le concours d'entrée au Conservatoire. Elle épouse l'acteur Pierre Feuillère l'année suivante et conservera son nom d'épouse pour sa carrière. En 1931, elle est engagée à la Comédie-Française. Entre-temps, elle se produit sous le nom de Cora Lynn dans des scènes de boulevard et des sketches cinématographiques de la Paramount. Photogénique sans être vraiment belle, dotée d'un port de tête altier et capable des émotions les plus intenses, Edwige Feuillère est un monstre sacré du cinéma de l'entre deux guerres. C'est pourtant dans des rôles de femme légère et court vêtue dans Une petite femme dans le train de Karl Anton ou Les Aventures du roi Pausole d'Alexis Granowsky qu'elle débute au cinéma. Si elle est une vamp dans Topaze de Louis Gasnier aux côtés de Louis Jouvet, c'est Lucrèce Borgia d'Abel Gance, où elle s'expose dans le plus simple appareil lors d'une séquence aquatique, qui la transforme en vedette commerciale.
Des rôles déshabillés aux grandes dames
En 1933, déçue par les rôles que lui propose la Comédie-Française, Edwige Feuillère démissionne pour intégrer le théâtre des Variétés de Louis Verneuil. Elle triomphe dans La Prisonnière d'Edouard Bourdet. Elle joue Le Bonheur et Sodome et Gomorrhe. Remarquée par ailleurs pour ses talents de comédienne, Edwige Feuillère se partage vite entre comédie dans un style hollywoodien comme J'étais une aventurière de Raymond Bernard et grand film romanesque comme L'Émigrante de Léo Joannon ou Sans Lendemain de Max Ophüls. Sous l'Occupation, elle devient la Grande Dame du cinéma français avec La Duchesse de Langeais de Jacques de Baroncelli, où, théâtrale à souhait, elle impose un personnage de stature. Dans un style sensiblement proche, Max Ophüls lui fait tourner De Mayerling à Sarajevo, un film à costumes dont l'ambiance internationale constitue son meilleur souvenir de tournage. Un autre drame, L'Idiot de Georges Lampin avec Gérard Philipe, lui donne un éclat magistral grâce au talent de l'opérateur Christian Matras. Puis on la retrouve ivre et débridée dans L'Honorable Catherine de Marcel L'Herbier. L'Aigle à deux têtes de Jean Cocteau crée la légende d'Edwige Feuillère, selon Cocteau, elle incarne à jamais « la reine des neiges, du sang, de la volupté et de la mort ». A ses côtés, Jean Marais, dans le rôle de son amant jeune anarchiste, est le seul partenaire au cinéma qu'elle dit connaître réellement.
À la scène et sur l'écran
Davantage férue de théâtre, vite oubliée des metteurs en scène, Edwige Feuillère se retire progressivement des écrans. C'est Claude Autant-Lara qui l'impose à nouveau dans Le Blé en Herbe au doux parfum de scandale et En cas de malheur qui l'oppose à Gabin, un vieux souvenir de jeunesse et Brigitte Bardot, vedette sexy comme elle-même le fut à ses débuts. Mais le grand art d'Edwige Feuillère l'emporte ici sur les mérites de la beauté. De rares coups de coeur la font réapparaître sur la pellicule tantôt pour un rôle de méchante qui la passionne comme dans La Chair de l'orchidée de Patrice Chéreau. Au théâtre, elle enchaîne les succès avec La Folle de Chaillot, Doux oiseau de la jeunesse, La Visite de la vieille dame, La Dernière Nuit de l'été, Léocadia, La Maison du Lac. Pour ce dernier, elle retrouve son vieux complice Jean Marais. A la télévision, elle interprète La Dame et le Minet de Claude Dufrène, L'Échange de Jean-Paul Carrère, Les Dames de la côte et Le Chef de famille de Nina Companeez. Elle reçoit un César d'honneur en 1984 pour l'ensemble de sa carrière. Elle fait une dernière apparition scénique pour un spectacle Edwige Feuillère en scène en 1992 et livre ses souvenirs dans Les Feux de la Mémoire. Le 8 novembre 1998, en apprenant la mort de Jean Marais, Edwige Feuillère est victime d'une crise cardiaque. Elle meurt quelques jours plus tard le 13 novembre à l'hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt. Le théâtre de sa ville natale, Vesoul porte désormais son nom et célèbre le théâtre et le cinéma à travers films et expositions photographiques. Une masse considérable de documents a été collectée par son confident et biographe, Alain Feydeau.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jean Marais
1931 : Le cordon bleu de Karl Anton
1931 : Mam'zelle Nitouche de Marc Allégret
1931 : La perle de René Guissart
1932 : Le beau Rôle de Roger Capellani
1932 : Topaze de Louis J. Gasnier
1932 : Monsieur Albert de Karl Anton
1932 : Maquillage de Karl Anton
1932 : Une petite femme dans le train de Karl Anton
1933 : La voix du métal d'Youly Marca-Rosa
1933 : Matricule 33 de Karl Anton
1933 : Ces messieurs de la santé de Pierre Colombier
1933 : Les aventures du roi Pausole d'Alexis Granowsky
1933 : Toi que j'adore de Géza von Bolváry & Albert Valentin
1934 : Le miroir aux alouettes d'Hans Steinhoff & Roger Le Bon
1935 : Stradivarius de Géza von Bolváry & Albert Valentin
1935 : Golgotha de Julien Duvivier
1935 : La route heureuse de Georges Lacombe
1935 : Lucrèce Borgia d'Abel Gance
1935 : Barcarolle de Gerhardt Lamprecht & Roger Le Bon
1936 : Mister Flow de Robert Siodmak
1936 : Amore de Carlo Ludovico Bragaglia
1937 : Marthe Richard de Raymond Bernard
1937 : Feu ! de Jacques de Baroncelli
1937 : La dame de Malacca de Marc Allégret
1938 : J'étais une aventurière de Raymond Bernard
1938 : Sans lendemain de Max Ophüls
1939 : De Mayerling à Sarajevo de Max Ophüls
1940 : L'émigrante de Léo Joannon
1941 : Mam'zelle Bonaparte de Maurice Tourneur
1941 : La duchesse de Langeais de Jacques de Baroncelli
1942 : L'honorable Catherine de Marcel L'Herbier
1943 : Lucrèce de Léo Joannon
1945 : La part de l'ombre de Jean Delannoy
1945 : Tant que je vivrai de Jacques de Baroncelli
1946 : L'idiot de Georges Lampin
1946 : Il suffit d'une fois d'Andrée Feix
1947 : L'aigle à deux têtes de Jean Cocteau
1948 : Les ennemis amoureux (Woman hater) de Terence Young
1949 : Julie de Carneilhan de Jacques Manuel
1950 : Olivia de Jacqueline Audry
1950 : Souvenirs perdus de Christian-Jaque
1951 : Le cap de l'espérance de Raymond Bernard
1952 : Adorables créatures de Christian-Jaque
1953 : Le blé en herbe de Claude Autant-Lara
1954 : Les fruits de l'été de Raymond Bernard
1956 : Le septième commandement de Raymond Bernard
1957 : Quand la femme s'en mêle d'Yves Allégret
1958 : La Vie à deux de Clément Duhour
1958 : En cas de malheur de Claude Autant-Lara
1961 : Le crime ne paie pas de Gérard Oury
1961 : Les amours célèbres de Michel Boisrond
1964 : La bonne occase de Michel Drach
1964 : Aimez-vous les femmes ? de Jean Léon
1967 : La Dame et le minet de Claude Dufrène et François Chatel (tv)
1967 : Et si l'on faisait l'amour ? (Scusi, facciamo l'amore ?) de Vittorio Caprioli
1969 : L'Échange de Jean-Paul Carrière (tv)
1969 : OSS 117 prend des vacances de Pierre Kalfon
1970 : Clair de terre de Guy Gilles
1974 : La chair de l'orchidée de Patrice Chéreau
1976 : La Folle de Chaillot de Gérard Vergez (tv)
1978 : La Visite de la vieille dame de Jeannette Hubert (tv)
1979 : Le Bateau pour Lipaia de Jeannette Hubert (tv)
1979 : Les Dames de la Côte de Nina Companeez (tv)
1982 : Cher menteur d'Alexandre Tarta (tv)
1982 : Le Chef de famille de Nina Companeez (tv)
1984 : Le tueur triste de Nicolas Gessner (tv)
1988 : Cinéma de Philippe Lefebvre (tv)
1988 : Un château au soleil de Robert Mazoyer (tv)
1993 : La Dame de Lieudit de Philippe Monnier (tv)
1995 : La Duchesse de Langeais de Jean-Daniel Verhaeghe (tv)<


Filmographie d'Edwige FEUILLÈRE
 
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