Renée FAURE
 Actrice française
À l'époque des répétitions de La reine morte, Montherlant voyait en elle un «petit taureau». Si la comparaison peut surprendre, elle révèle le caractère volontaire d'une comédienne qui, en soixante ans de carrière, passa sans encombre des rôles de jeune première aux grandes héroïnes tragiques du répertoire avant de s'amuser, en fin de parcours, à jouer les vieilles dames indignes.
Renée Paule Nanine Faure est née à Paris le 4 novembre 1918. Son père, René Faure, est le directeur de l'Hôpital Lariboisière. Renée sera une bonne élève et même la plus jeune bachelière. Passionnée de théâtre, elle s'inscrit au cours René Simon puis au Conservatoire dans la classe d'André Brunot. En 1937, elle obtient un premier prix et entre aussitôt à la Comédie Française dont elle devient la plus jeune sociétaire. En 1939, elle épouse le comédien Renaud Mary qui lui donnera une fille, Emmanuelle.
Grande actrice de la scène
Renée Faure ne quittera la maison de Molière qu'en 1965. Elle fait son apprentissage sous la direction de Pierre Dux en jouant les pages dans Ruy Blas ou Cyrano de Bergerac. Les années 40 vont lui apporter la consécration. Jacques Copeau la dirige dans La nuit des rois en 1940, Jean-Louis Barrault dans Phèdre avec Marie Bell en 1942, année où elle crée également le rôle de l'Infante dans La reine morte auprès de Madeleine Renaud. Après guerre, elle s'affirme dans les premiers rôles du répertoire, Juliette, Antigone, Électre, Bérénice, des grands personnages tragiques mais aussi la sage Henriette des Femmes savantes. Dans les années 60, on note un penchant pour le théâtre russe, dans Oncle Vanya ou La mouette de Tchekhov ou La forêt d'Alexandre Ostrovski. Le dialogue des carmélites de Georges Bernanos, en 1961, lui permet de camper avec sensibilité Blanche de La Force, la jeune religieuse destinée à la guillotine puis la vieille prieure terrifiée vingt ans plus tard.
Avec Christian-Jaque
Le parcours cinématographique de Renée Faure reste plus limité puisqu'il ne comporte qu'une trentaine de titres. Dès son premier film, L'assassinat du Père Noël en 1941, elle s'impose pourtant, dans le rôle de la fille d'Harry Baur, comme l'une des plus attachantes jeunes premières du cinéma français de l'Occupation. Christian-Jaque n'est pas insensible à son charme et la dirige à nouveau en jeune femme rêveuse face à un univers hostile dans Sortilèges puis dans La chartreuse de Parme où elle incarne Clelia Conti dont Fabrice del Dongo (Gérard Philipe) tombe amoureux en la voyant nourrir les oiseaux en cage. Sur un mode mineur, elle joue Le prince charmant avec Lucien Baroux, Béatrice devant le désir aux côtés de Fernand Ledoux et même un mélodrame italien, La grande aurora dont elle partage la vedette avec Rossano Brazzi. Mais son plus beau rôle, elle le doit à Robert Bresson avec Anne-Marie, la novice des Anges du péché, brûlée de l'intérieur par une foi à toute épreuve, qui ira jusqu'au bout de ses forces pour sauver l'âme d'une détenue en révolte jouée par Jany Holt. Au moment de ce tournage éprouvant, Renée Faure était tous les soirs en scène dans La reine morte.
Partenaire de Gabin
Si le bilan de cette première décennie est très satisfaisant, le rythme des participations cinématographiques va se ralentir nettement dès le milieu des années 50 puisqu'elle ne tournera que douze films en 40 ans. Le théâtre et la télévision vont davantage l'accaparer. Hormis une participation à Raspoutine avec Pierre Brasseur ou Bel Ami de Louis Daquin, elle est la partenaire de Jean Gabin à trois reprises, en avocate mondaine dans Rue des prairies puis dans deux adaptations de Simenon, en gouvernante secrètement amoureuse du Fils Cardinaud dans Le sang à la tête et en Milleran, secrétaire fidèle du Président. Bertrand Tavernier lui confie le rôle caustique d'une redoutable dame patronnesse, mère de Philippe Noiret, dans Le juge et l'assassin. En 1988, dans La petite voleuse de Claude Miller sur un scénario de Truffaut, son rôle est aussi bref que saisissant en avorteuse au look de sorcière qui terrifie la jeune Charlotte Gainsbourg. Renée Faure retrouve Simenon pour L'inconnu dans la maison de Georges Lautner avec Jean-Paul Belmondo. La télévision lui permet de devenir une mamie sympathique dans Les gens de Mogador, L'âge vermeil, Les grandes familles ou Un ange passe. Elle y retrouve Simenon, se montrant magistrale en mère odieuse et criminelle dans Maigret et la grande perche avec Bruno Crémer. Divorcée de Renaud Mary, elle épouse Christian-Jaque le 18 février 1947, l'année où sortit La chartreuse de Parme. Le réalisateur divorce d'avec Renée Faure en 1950 pour épouser Martine Carol mais fait cohabiter les deux actrices dans Adorables créatures. Décédée à Clamart le 2 mai 2005 des suites d'une intervention chirurgicale, cette comédienne respectable ne manquait pas de répartie comme le prouve sa réponse inattendue à un journaliste qui l'interrogeait en 1950 sur ses passions : "La pêche à la ligne ! Dès que je le puis, je me rends dans ma bicoque de la Nièvre, harponner des truites saumonées

FILMOGRAPHIE :

Avec Christian-Jaque
1941 : L'assassinat du Père Noël de Christian-Jaque
1941 : Le prince charmant de Jean Boyer
1942 : Des jeunes filles dans la nuit de René Le Hénaff
1943 : Les anges du péché de Robert Bresson
1943 : Béatrice devant le désir de Jean de Marguenat
1944 : Sortilèges de Christian-Jaque
1945 : François Villon d'André Zwobada
1946 : Torrents de Serge de Poligny
1946 : La grande aurore (La grande Aurora) de Giuseppe Maria Scotese
1947 : La chartreuse de Parme de Christian-Jaque
1948 : L'ombre de André Berthomieu
1949 : On n'aime qu'une fois de Jean Stelli
1952 : Adorables créatures de Christian-Jaque
1952 : Koenigsmark de Solange Térac
1953 : Raspoutine de Georges Combret
1954 : Bel Ami de Louis Daquin
1956 : Le sang à la tête de Gilles Grangier
1957 : Cargaison blanche de Georges Lacombe
1959 : Rue des Prairies de Denys de La Patellière
1961 : Le président d'Henri Verneuil
1965 : Les sultans de Jean Delannoy
1975 : Le juge et l'assassin de Bertrand Tavernier
1976 : Un neveu silencieux de Robert Enrico
1985 : L'amour en douce d'Édouard Molinaro
1988 : La petite voleuse de Claude Miller
1989 : Dédé de Jean-Louis Benoît
1990 : À la vitesse du cheval au galop de Fabien Onteniente
1992 : Miss Moscou de Gilles Carle
1993 : L'inconnu dans la maison de Georges Lautner
1997 : Homère, la dernière odyssée (Nel profondo paese straniero) de Fabio Carpi

Télévision :
1964 : David Copperfield de Marcel Cravenne
1970 : Lancelot du lac de Claude Santelli
1972 : Les Gens de Mogador de Robert Mazoyer
1973 : Le Temps de vivre... Le Temps d'aimer de Louis Grospierre
1974 : Madame Bovary de Pierre Cardinal
1979 : Mort non naturelle d'un enfant naturel de Roger Kahane
1980 : L'Aéropostale, courrier du ciel de Gilles Grangier
1980 : Les Mystères de Paris d'André Michel
1983 : Le Général a disparu d'Yves-André Hubert
1991 : Maigret et la Grande Perche de Claude Goretta


Filmographie de Renée FAURE
 
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