Jacques DUFILHO
 Acteur français
Jacques Dufilho était un homme du terroir, ce qu'il a complètement assumé avec son faciès inhabituel et son curieux accent paysan. Jacques Dufilho naît le 19 février 1914, à Bègles, en Gironde. Dès l'enfance, il aime se grimer et jouer la comédie. Il décide de monter à Paris pour tenter sa chance et réussit à se faire accepter dans la classe du célèbre Charles Dullin où il devient condisciple de Madeleine Robinson et travaille les classiques. Il débute au cinéma en 1939. On l'aperçoit pour de brèves apparitions, en 1941, dans Croisières sidérales avec Madeleine Sologne puis dans Premier de cordée, adapté du célèbre roman de Roger Frison-Roche. En parallèle, Jacques joue Les hallebardiers au théâtre et fait le comique dans plusieurs cabarets. Rien d'extraordinaire, mais il gagne sa vie. Il poursuit son activité multiple à la Libération, vivant à cent à l'heure entre la scène, le café-théâtre et le cinéma.
Domestique ou paysan
À partir des années cinquante, Jacques Dufilho se veut avant tout un homme de théâtre. Il joue dans des œuvres sérieuses comme L'avare de Molière, Les frères Karamazov de Dostoïevski, Colombe de Jean Anouilh. Il tourne néanmoins plusieurs films par an, notamment les Caroline chérie auprès de Martine Carol. Les metteurs en scène l'emploient surtout dans des rôles de domestiques, de paysans ou de militaires bornés. On garde de lui le souvenir d'un gnome grimaçant. On l'entrevoit dans Lady L. de Peter Ustinov, avec le couple Sophia Loren Paul Newman. Yves Robert et Jean-Pierre Mocky sensibles aux gueules de cinéma lui trouvent des emplois appropriés. Il travaille aussi beaucoup en Italie, où il donne dans l'alimentaire, notamment avec la série des aventures du Colonel Buttiglione, réalisée par Mino Guerini. Mais il ne s'en plaint pas : c'est un métier comme un autre. L'énorme succès du feuilleton télé Lagardère en 1967, adapté de Paul Féval par Jean-Pierre Decout aussi au cinéma, où il joue, facétie de la distribution, Passepoil, un Normand taciturne, lui apporte enfin la sympathie du public. Il devient un habitué du petit écran avec Orages d'été avec Annie Cordy, Un Fait d'hiver avec Françoise Fabian, Les Longuelunes avec Madeleine Robinson ou Fantômas sous la direction de Claude Chabrol.
Reconnaissance tardive
Mais, paradoxalement, c'est à l'âge de la retraite, que Jacques Dufilho devient une vedette du grand écran. Jean-Jacques Annaud lui confie le rôle d'un patriarche colonialiste dans La Victoire en chantant et Claude Chabrol en fait un paysan breton dans Le Cheval d'Orgueil d'après Pierre Jakez-Elias. Pierre Schoendoerffer, le très atypique cinéaste français, lui permet de décrocher un césar en 1977. Pour Le crabe-tambour, il est ce Breton original, conteur à ses heures, officier mécanicien du Jauréguiberry, avec en toiles de fond des paysages grandioses d'Indochine et de mer d'Islande. Jacques Dufilho récidive, en 1981, avec Un mauvais fils de Claude Sautet où il joue un vieux libraire homosexuel qui recueille un couple de toxicos composé de Patrick Dewaere et Brigitte Fossey. Il endosse quelques rôles de paysans râleurs et pathétiques dans La Vouivre, Les Enfants du Marais et C'est quoi la Vie ? de François Dupeyron. En 1992, il campe un saisissant Maréchal Pétain, face à Jean Yanne en Pierre Laval, dans le film controversé de Jean Marbœuf. Le théâtre ne l'oublie pas, avec un Molière en 1988 pour Je ne suis pas Rappaport d'H. Garner et Ne coupez pas mes arbres face à Danielle Darrieux.
Retraite en Armagnac
Quand Jacques Dufilho n'est pas à Paris, il se retire dans sa propriété du Gers. Il vit en solitaire, élevant quelques têtes de bétail. Monarchiste déclaré et fervent pratiquant, il est à l'opposé de cette image de tête à claques qu'il a toujours utilisée comme rempart face à l'indiscrétion des autres. Il apparaît une dernière fois, à près de quatre-vingt dix ans, dans le générique du film Là-haut, de son ami Pierre Schoendoerffer, avec lequel il partage de nombreuses valeurs. Cet étonnant personnage, unique dans le monde du spectacle, s'éteint à Lectoure, petite ville de sa chère Gascogne, le 28 août 2005. Après une vie bien remplie, nul doute qu'il est attendu Là-haut.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jean Marbœuf
et Jean Yanne
1939 : Le corsaire de Marc Allégret (inachevé)
1941 : Croisières sidérales d'André Zwoboda
1943 : Adieu Léonard de Pierre Prévert
1943 : Premier de cordée de Louis Daquin
1946 : Le bateau à soupe de Maurice Gleize
1947 : Brigade criminelle de Gilbert Gil
1947 : Le destin exécrable de Guillemette Babin de Guillaume Radot
1948 : La figure de proue de Christian Stengel
1948 : La ferme des sept péchés de Jean Devaivre
1949 : Histoires extraordinaires de Jean Faurez
1949 : Vendetta en Camargue de Jean Devaivre
1950 : Caroline Chérie de Richard Pottier
1950 : Bibi Fricotin de Marcel Blistène
1951 : Deux sous de violettes de Jean Anouilh
1951 : Ma femme, ma vache et moi de Jean Devaivre
1952 : Un caprice de Caroline Chérie de Jean Devaivre
1952 : Le rideau rouge d'André Barsacq
1952 : Le chemin de Damas de Max Glass
1952 : Le chevalier de la nuit de Robert Darène
1953 : Saadia d'Henry Lewin
1953 : Sang et lumière (Sangre y luces) de Georges Rouquier
1954 : Cadet-Rouselle d'André Hunebelle
1954 : Marie-Antoinette de Jean Delannoy
1954 : Milord l'arsouille d'André Haguet
1955 : Paris canaille de Pierre Gaspard- Huit
1955 : Mon curé chez les pauvres d'Henri Diamant-Berger
1955 : Courte tête de Norbert Carbonnaux
1956 : Jusqu'au dernier de Pierre Billon
1956 : La vie est belle de Roger Pierre & Jean-Marc Thibault
1956 : Notre Dame de Paris de Jean Delannoy
1956 : Que les hommes sont bêtes de Roger Richebé
1956 : La route joyeuse (the happy road) de Gene Kelly
1956 : Ce sacré Amédée de Louis Félix
1957 : Les espions d'Henri-Georges Clouzot
1957 : Nathalie de Christian-Jaque
1957 : Mademoiselle strip-tease de Pierre Foucaud
1957 : Le temps des œufs durs de Norbert Carbonnaux
1957 : Chéri fais-moi peur ! de Jacques Pinoteau
1958 : Et ta sœur ! de Maurice Delbez
1958 : Maxime d'Henri Verneuil
1958 : Taxi, roulotte et corrida d'André Hunebelle
1958 : Le petit prof de Carlo Rim
1958 : Bobosse d'Etienne Périer
1959 : Signé Arsène Lupin d'Yves Robert
1959 : Julie la rousse de Claude Boissol
1959 : Fripouillard et compagnie (i tartassati) de Steno
1959 : Le travail c'est la liberté de Louis Grospierre
1959 : Préméditation / Crime prémédité d'André Berthomieu
1960 : Dans l'eau qui fait des bulles ! de Maurice Delbez
1960 : Zazie dans le métro de Louis Malle
1960 : Dans la gueule du loup de Jean-Charles Dudrumet
1960 : Les vierges de Rome (Le vergini di Roma) de C. L. Bragaglia & Vittorio Cottafavi
1961 : La guerre des boutons d'Yves Robert
1961 : Le monocle noir de Georges Lautner
1961 : La poupée de Jacques Baratier
1961 : Snobs ! de Jean-Pierre Mocky
1962 : Un clair de lune à Maubeuge de Jean Chérasse
1962 : Coup de bambou de Jean Boyer
1962 : Clémentine Chérie de Pierre Chevalier
1963 : Le bon roi Dagobert de Pierre Chevalier
1963 : Dragées au poivre de Jacques Baratier
1963 : L'assassin connaît la musique. de Pierre Chenal
1963 : Agent spécial à Venise d'André Versini
1963 : La rancune (the visit) de Bernhard Wicki
1964 : La grande frousse de Jean-Pierre Mocky
1964 : Pompe onze (Spuit elf) de Paul Cammermans
1964 : Lady L. (Lady L.) de Peter Ustinov
1965 : L'or du duc de Jacques Baratier
1965 : La communale de Jean L'Hôte
1965 : James Tont opération DUE (James Tont operazione D.U.E.) de Bruno Corbucci
1967 : L'inconnu de Shandigor de Jean-Louis Roy
1967 : Benjamin ou les mémoires d'un puceau de Michel Deville
1967 : Lagardère de Jean-Pierre Decout
1967 : Les têtes coupées (cabezas quemadas) de Willy Rozier
1969 : Un merveilleux parfum d'oseille de Renaldo Bassi
1969 : Ya manana d'Emile Degelin
1969 : Une veuve en or de Michel Audiard
1969 : Appelez-moi Mathilde de Pierre Mondy
1970 : Fantasia chez les ploucs de Gérard Pirès
1971 : Les bidasses en folie de Claude Zidi
1971 : Une journée bien remplie de Jean-Louis Trintignant
1971 : Cour solitaire (Corazón solitario) de Francisco Betriú
1972 : Chut ! de Jean-Pierre Mocky
1972 : La brigade en folie de Philippe Clair
1973 : La grande nouba de Christian Caza
1973 : Si, si mon colonel (Il colonello Buttiglione) de Mino Guerini
1973 : Les corps célestes de Gilles Carle
1973 : Les trois supermen du kung-fu (Crash che botte !) de Bitto Albertini
1974 : Vive la quille ! (Colonello Buttiglione diventa generale) de Mino Guerini
1974 : L'erotomane de Marco Vicario
1974 : Ce cher Victor de Robin Davis
1974 : Basta con la guerra. facciamo l'amore d'Andrea Bianchi
1974 : Professore venga accompagnato dai suoi genitori de Mino Guerini
1974 : Fermeture annuelle (Closed up-tigh) de Cliff Owen
1975 : Il medico e la studentessa de Silvio Amadio
1975 : Buttiglione diventa capo del servizio segreto de Mino Guerini
1975 : La grande bagarre (Il soldato di ventura) de Pasquale Festa Campanile
1976 : Voto di castità de Joe d'Amato
1976 : Dimmi che fai tutto per me de Pasquale Festa Campanile
1976 : La victoire en chantant de Jean-Jacques Annaud
1977 : Ya, ya mon colonel (Von Buttiglione sturmtruppenführer) de Mino Guerini
1977 : Le Crabe Tambour de Pierre Schoendoerffer
1978 : Nosferatu Fantôme de la nuit (Nosferatu, Phamtom der nacht) de Werner Herzog
1979 : Rue du Pied-de-Grue de Jean-Jacques Grand-Jouan
1980 : Le cheval d'orgueil de Claude Chabrol
1980 : Un mauvais fils de Claude Sautet
1981 : Y a t-il un français dans la salle ? de Jean-Pierre Mocky
1986 : L'homme qui n'était pas là de René Féret
1987 : Mangeclous de Moshé Mizrahi
1987 : À notre regrettable époux de Serge Korber
1989 : La Vouivre de Georges Wilson
1991 : Les enfants du Naufrageur de Jérôme Foulon
1992 : Pétain de Jean Marbœuf
1997 : Homère, la dernière odyssée (nel profondo paese straniero) de Fabio Carpi
1998 : Les enfants du marais de Jean Becker
1999 : C'est quoi la vie ? de François Dupeyron
2003 : Là-haut, un roi au-dessus des nuages de Pierre Schoendoerffer

Télévision :
1962 : L'auberge de l'ange gardien de Marcel Cravenne
1967 : Lagardère de Jean-Pierre Decourt
1967 : Salle numéro 8 de Jean Dewever et Robert Guez
1968 : Hélène ou la Joie de vivre de Claude Barma
1969 : Le Huguenot récalcitrant de Jean L'Hôte
1973 : Josse de Guy Jorré
1977 : Milady de François Leterrier
1978 : La Vigne à Saint-Romain de Jean Pradinas
1978 : Ciné-roman de Serge Moati
1978 : Les Insulaires de Gilles Grangier
1979 : Pierrot mon ami de François Leterrier
1979 : Le Roi Muguet de Guy Jorré
1980 : Talou, prince secret de Jean-Louis Roy
1980 : Fantômas de Claude Chabrol et Juan Luis Buñuel
1980 : Vincendon de Franck Appréderis
1980 : Solde de tous comptes de Jean Chapot
1982 : Le Fou du viaduc de Guy Jorré
1982 : Le moulin de Monsieur Fabre d'Ahmed Rachedi
1982 : Un Fait d'hiver de Jean Chapot
1982 : Les Longuelunes de Jean-Daniel Verhaeghe
1982 : Chêne et lapin angora de Georges Wilson
1983 : L'Étrange Château du docteur Lerne de Jean-Daniel Verhaeghe
1984 : Les Magiciens du mercredi de Freddy Charles
1984 : Les Insomnies de monsieur Plude de Jean Dasque
1985 : Le Soleil des autres de Guy Jorré
1985 : Le Passage de Franck Appréderis
1986 : Espionne et tais-toi de Claude Boissol
1986 : Une femme innocente de Pierre Boutron
1987 : Chahut-bahut de Jean Sagols
1988 : Le Vent des moissons de Jean Sagols
1989 : Condorcet de Michel Soutter
1990 : Orages d'été, avis de tempête de Jean Sagols
1990 : Jofroi de la Maussan de Marcel Bluwal
1990 : Stirn et Stern de Peter Kassovitz
1990 : Les Bottes de sept lieues d'Hervé Baslé
1991 : Le Galopin de Serge Korber
2000 : Jeanne, Marie et les autres de Jacques Renard
2001 : Le Vieil Ours et l'enfant de Maurice Bunio


Filmographie de Jacques DUFILHO
 
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