Roland DUBILLARD
 Acteur, dramaturge et écrivain français
L’étrangeté du regard, le phrasé hésitant, l’ironie constante font de Roland Dubillard un des plus étonnants trublions du théâtre et du cinéma. Tout à la fois essayiste, poète, nouvelliste et dramaturge, il a illustré aussi bien le cinéma de Mocky que ceux de Robbe-Grillet, Bellon, Corneau, Leconte ou Zulawski.
Roland Dubillard est né le 2 décembre 1923 à Paris. Il écrit très jeune des poèmes et des nouvelles, salués par Raymond Queneau. Il fait des études de philosophie à la Sorbonne et entre dès 1943 à la Maison des Lettres.
Le théâtre de l'Absurde
Comédien au sein du Groupe de Théâtre Moderne, Roland Dubillard signe de courtes pièces sous forme de saynètes qu’il interprète lui-même. Son humour absurde le rapproche de confrères comme Eugène Ionesco et Samuel Beckett. Dès la fin de la guerre, il écrit Conjoncture et Le Miracle de Sainte Agnès. En 1944, il rencontre Michèle Dumézy qui deviendra sa femme et la mère de ses deux fils, Jérôme et Stéphane. Après son service militaire en Autriche dans le Théâtre aux Armées, il devient l’élève de l’EPJD aux côtés de Jean Vilar, Jacques Dufilho et Marcel Marceau. Il écrit un court métrage pour un jeune voisin Alain Resnais, interprété par le débutant Gérard Philipe, puis Ouvert pour cause d’inventaire, un film amateur tourné en 16 mm. Il crée avec l’acteur Amédée des sketches radiophoniques et s’essaie même aux spectacles de cabaret dans des salles comme La Tomate, La Contrescarpe et à la Fontaine des Quatre Saisons. Il enchaîne les succès théâtraux avec Si Camille me voyait, Les Crabes ou Les Hôtes et les Hôtes, Naïves Hirondelles, La Maison d’Os, Où boivent les vaches, Les Diablogues et autres inventions à deux voix, Le Bain de Vapeur et Les Chiens de Conserve en 1978.
Une présence étrange à l'écran
Après une petite participation à un des sketchs de Trois Femmes d’André Michel au début des années cinquante et le rôle d’Haudoin dans À cause, à cause d’une femme où il est crédité sous le pseudonyme de Grégoire, Roland Dubillard aborde vraiment le cinéma avec Jean-Pierre Mocky dans Les Compagnons de la Marguerite. Trouvant une grand connivence dans l’humour anarchiste et absurde de Mocky, il accompagne Bourvil et Francis Blanche dans leur croisade contre la télévision dans La Grande Lessive et plus tard un commissaire homo dans Le Témoin avec Alberto Sordi et Philippe Noiret. Il fait des apparitions en gardien dans La Décharge, en voisin dans M comme Mathieu, en dentiste portant lunettes de soleil dans Elle court elle court la banlieue ou en baron dans Ursule et Grelu. Il trouve ses rôles les plus marquants dans Quelque part quelqu’un de Yannick Bellon en romancier la nuit et courtier le jour et dans France Société Anonyme en tueur auprès de Michel Bouquet. Avec une grande aisance et ondulant dans l’ambiguïté, le comédien s’adapte à la comédie bon enfant comme Sérieux comme le plaisir, Lily aime-moi en intello du salon de Juliette Gréco, Les Vécés étaient fermés de l’intérieur en rois mages modernes, Debout les crabes, la mer monte de Grand-Jouan ou Paulette la pauvre petit milliardaire d’après une BD érotique de Wolinski.
Au service des auteurs
Dans un registre d’auteur, Roland Dubillard campe un étonnant professeur Van de Reeves dans La Belle Captive d’Alain Robbe-Grillet, un journaliste alcoolisé, moqueur et anarcho-mélancolique dans Polar de Jacques Bral face à Jean-François Balmer, un commissaire exubérant dans L’Amour braque d’Andrzej Zulawski pour terminer par le film franco-helvète Poisons de Pierre Maillard où il participe à un trio de kidnappeurs d’un artiste-peintre. Devenu hémiplégique en 1987, à la suite d'un AVC, Roland Dubillard est aidé par La Roue tourne comme ses amis comédiens Jean Tissier et Marco Perrin. Il avait épousé la comédienne allemande Maria Machado en 1975, qui sera à plusieurs reprises sa partenaire sur les planches. Une autre fille Ariane naît de son union avec Nicole Ladmiral. Roland Dubillard est décédé à Vert-le-Grand, dans l’Essonne, le 14 décembre 2011 à l’âge de 88 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Maria Machado
1946 : L'alcool tue d’Alain Resnais (cm)
1946 : Ouvert pour cause d'inventaire d’Alain Resnais
1951 : Trois femmes d’André Michel
1961 : La reine Margot de René Lucot (tv)
1962 : La Dénonciation de Jacques Doniol-Valcroze
1963 : À cause, à cause d'une femme de Michel Deville
1965 : Le Spectre de Tappington de Paul Renty (tv)
1967 : Les Compagnons de la Marguerite de Jean-Pierre Mocky
1968 : La Grande Lessive de Jean-Pierre Mocky
1970 : La Ville Bidon ou La Décharge de Jacques Baratier
1970 : La Promesse de l'Aube (Promise at Dawn) de Jules Dassin
1970 : L'Illusion comique de Robert Maurice (tv)
1970 : M comme Mathieu de Jean-François Adam
1972 : Elle court, elle court la banlieue de Gérard Pirès
1972 : Quelque part quelqu'un de Yannick Bellon
1973 : France Société Anonyme d’Alain Corneau
1973 : Un ange au paradis de Jean-Pierre Blanc
1973 : Ursule et Grelu de Serge Korber
1974 : Aloïse de Liliane de Kermadec
1974 : Le Mâle du siècle de Claude Berri
1974 : L'Écho d'Alger de Frank Cassenti (cm)
1974 : Lily aime-moi de Maurice Dugowson
1974 : Sérieux comme le plaisir de Robert Benayoun
1975 : Les vécés étaient fermés de l'intérieur de Patrice Leconte
1975 : Peur sur la ville d’Henri Verneuil
1977 : Les Anneaux de Bicêtre de Louis Grospierre (tv)
1978 : Le Témoin de Jean-Pierre Mocky
1979 : Ciao les mecs ! de Sergio Gobbi
1980 : Cherchez l'erreur... de Serge Korber
1981 : Le Beau Monde de Michel Polac (tv)
1982 : La Fonte de Barlaeus de Pierre-Henry Salfati (cm)
1982 : L'Envers du décor de Marc Guiet (cm)
1983 : La Belle Captive d’Alain Robbe-Grillet
1983 : Debout les crabes, la mer monte ! de Jean-Jacques Grand-Jouan
1983 : Polar de Jacques Bral
1984 : L'Amour braque d’Andrzej Zulawski
1985 : Lien de parenté de Willy Rameau
1985 : Paulette, la pauvre petite milliardaire de Claude Confortès
1986 : Charlotte for Ever de Serge Gainsbourg
1987 : Poisons de Pierre Maillard


Filmographie de Roland DUBILLARD
 
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