Bernard-Pierre DONNADIEU
 Acteur français
Son visage dur, son regard droit et franc, ses traits tirés et inquiétants lui valent souvent d'incarner le méchant, le hors la loi, le subversif. Son caractère bien trempé en a fait une des figures charismatiques des années 80. Yves Boisset évoque un personnage qui ne faisait pas de compromis avec sa passion, ce qui ne lui fit pas que des amis dans ce métier, tandis que Fanny Cottençon parle d'un personnage tendre, que le cinéma français ne méritait pas.
Bernard-Pierre Donnadieu voit le jour à Paris, le 2 juillet 1949. Après ses études secondaires, tenté par l'art dramatique, le jeune homme espère pouvoir entrer au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique. mais en vain, puisqu'il échoue à plusieurs reprises au concours d'entrée. Diplômé en cinéma et en théâtre à l'université de Paris 3, il persévère dans la voie artistique et suit les cours d'art dramatique dispensés par Robert Hossein au théâtre de Reims. Il a pour partenaire Gérard Desarthe et la jeune Isabelle Adjani. On le voit dans La Maison de Bernarda Alba de Garcia Lorca et Les Bas-Fonds de Gorki. Mais il doit aussi gagner sa vie, accumulant les petits boulots comme surveillant de collège ou gardien de nuit. Un accident de travail alors qu'il est embauché dans une usine de bouchons lui enlèvera deux doigts dans une presse hydraulique. Ses débuts sur les plateaux remontent à 1975. Il fait quelques apparitions dans Docteur François Galland, Le locataire, Si c'était à refaire ou Monsieur Klein. Bernard-Pierre Donnadieu parvient à imposer sa silhouette d'armoire à glaces dans Le corps de mon ennemi, pour un petit rôle de malfrat. Intéressés par son allure singulière, les réalisateurs les plus divers le font tourner, parmi lesquels Jean-Jacques Annaud pour Coup de tête et Claude Lelouch pour Les uns et les autres.
Le méchant de cinéma
C'est finalement Georges Lautner qui le révèle dans Le professionnel où, inspecteur de police Farges, il fait face à Jean-Paul Belmondo. La même année, il incarne le véritable Martin Guerre dans Le retour de Martin Guerre, drame historique avec Gérard Depardieu. Taillé pour les rôles de truands, il interprète un caïd sans pitié dans L'indic, polar réalisé par Serge Leroy. Mais c'est dans Rue Barbare qu'éclate pour de bon sa forte personnalité. Il fait sensation en chef de bande dangereux et violent, affrontant Bernard Giraudeau lors d'un face-à-face particulièrement bestial et sauvage. Le film de Gilles Béhat rencontrant un succès inattendu, Bernard-Pierre Donnadieu impressionne le public et est nominé aux Césars. C'est un personnage à peu près similaire qu'il incarne dans Urgence, du même Gilles Béhat. Carrure imposante, visage puissant et regard glacial, l'acteur dispose d'une vraie gueule de cinéma pour tenir des rôles incisifs de bourrus, de salauds et de brutes. Il est remarquable dans la fresque moyenâgeuse de Bertrand Tavernier La passion Béatrice où, chevalier traumatisé par les atrocités de la guerre, il néglige et brutalise sa fille, interprétée par Julie Delpy. Porteur d'une grande intensité, il confirme son talent pour les emplois de psychopathes dans le saisissant L'homme qui voulait savoir.
Des personnages plus humains à la TV
Trouvant moins de rôles marquants au cinéma, Bernard-Pierre Donnadieu se consacre ensuite surtout au théâtre, jouant Tchekhov et Edward Bond, ce qui ne l'empêche pas de briller dans les excellents téléfilms historiques mis en scène par Yves Boisset (L'Affaire Dreyfus, Le Pantalon, Jean Moulin), où il aborde un registre inhabituel. Nettement moins présent au cinéma, ce n'est pas le naufrage du risible Vercingétorix avec un Christophe Lambert grotesque, qui relance sa carrière. Voué aux figures historiques, il est Mirabeau, Charlemagne, Napoléon et enfin Roger Salengro dans L'Affaire Salengro. Bernard-Pierre Donnadieu mène aussi une carrière non négligeable dans la postsynchronisation, doublant Harvey Keitel, Brendan Gleeson ou Michael Madsen et des personnages animés comme dans Cars. On le voit à nouveau sur scène, dans Le roman d'un trader, et au cinéma, dans Faubourg 36. Après une vie commune avec Laura Morante et séparé de sa femme Claire, il a élevé seul sa fille Ingrid, née en 1983, devenue également actrice, spécialisée dans le doublage. Comédien impressionnant, subversif, réputé exigeant et difficile, doté d'un charisme monstre et d'un caractère bien trempé, Bernard-Pierre Donnadieu est emporté par un cancer de la prostate, le 27 décembre 2010.


FILMOGRAPHIE :

Avec Maïwenn
1975 : Docteur Françoise Gailland de Jean-Louis Bertucelli
1975 : Le locataire (the tenant) de Roman Polanski
1976 : Monsieur Klein / Mr. Klein de Joseph Losey
1976 : Si c'était à refaire de Claude Lelouch
1976 : Le corps de mon ennemi d'Henri Verneuil
1978 : Judith Therpauve / Une femme dangereuse de Patrice Chéreau
1978 : Mon premier amour d'Elie Chouraqui
1978 : Coup de tête de Jean-Jacques Annaud
1978 : Femme d'une autre (twee vrouwen) de George Sluizer
1979 : Un si joli village d'Etienne Périer
1979 : 5% de risques de Jean Pourtalé
1980 : Les uns et les autres de Claude Lelouch
1980 : L'Homme aux chiens de Bruno Gantillon
1981 : L'Ennemi de la mort de Roger Kahane
1981 : Le retour de Martin Guerre de Daniel Vigne
1981 : Le professionnel de Georges Lautner
1982 : L'indic de Serge Leroy
1982 : Liberty Belle de Pascal Kané
1982 : La mort de Mario Ricci de Claude Goretta
1982 : La vie est un roman d'Alain Resnais
1983 : Rue Barbare de Gilles Béhat
1984 : L'intruse de Bruno Gantillon
1984 : Urgence de Gilles Béhat
1984 : Machinations de Bruno Gantillon
1985 : Double Face de Serge Leroy
1985 : Flagrant désir de Claude Faraldo
1985 : Les loups entre eux de José Giovanni
1985 : Max mon amour (Makkusu, mon amûru) de Nagisa Oshima
1986 : Les fous de Bassan d'Yves Simoneau
1986 : Mariage blanc de Peter Kassovitz
1987 : La passion Béatrice de Bertrand Tavernier
1988 : L'homme qui voulait savoir (Spoorloos) de George Sluizer
1988 : Connemara de Louis Grospierre
1989 : Mary de Cork de Robin Davis et Bernard-Pierre Donnadieu
1989 : Christian de Gabriel Axel
1989 : Talleyrand ou les lions de la revanche de Vincent de Brus (tv)
1989 : Cellini, l'or et le sang (Una vita scellerata) de Giacomo Battiato
1990 : Mit den Clowns kamen die Tränen de Reinhard Hauff
1991 : Marcellino (Marcelino, pan y vino) de Luigi Comencini
1991 : Blanc d'ébène de Cheik Doukouré
1991 : Mauvais garçon de Jacques Bral
1991 : L'Alerte rouge de Gilles Katz (tv)
1992 : Agaguk (Shadow of the wolf) de Jacques Dorfmann & Pierre Magny
1992 : Justinien Trouvé, ou le bâtard de dieu de Christian Fechner
1992 : L'escadron (Szwadron) de Juliusz Machulski
1993 : Émile des rose (Rosenemil) de Radu Gabrea
1994 : Faut pas rire du bonheur de Guillaume Nicloux
1995 : Caboose de Richard Roy
1995 : L'Affaire Dreyfus d'Yves Boisset (tv)
1997 : La fine équipe d'Yves Boisset (tv)
1997 : Le Pantalon d'Yves Boisset (tv)
2000 : Vercingétorix de Jacques Dorfmann
2001 : Dormir avec le diable d'Yves Boisset (tv)
2002 : Jean Moulin d'Yves Boisset (tv)
2004 : Les passeurs de Didier Grousset (tv)
2004 : Un petit garçon silencieux de Sarah Lévy (tv)
2005 : Jusqu'au bout de Maurice Failevic (tv)
2006 : Nous nous sommes tant haïs de Franck Apprederis (tv)
2007 : Antonio Vivaldi, un prince à Venise de Jean-Louis Guillermou
2008 : À droite toute de Marcel Bluwal (tv)
2008 : Faubourg 36 de Christophe Barratier
2009 : L'Affaire Salengro d'Yves Boisset (tv)
2010 : Jeanne Devère de Marcel Bluwal (tv)


Filmographie de Bernard-Pierre DONNADIEU
 
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