Sophie DESMARETS
 Actrice française
Sophie Desmarets a eu droit à une annonce micro dès sa venue au monde pour saluer la naissance de la fille de Bob Desmarets, créateur de l'épreuve cycliste Les six jours de Paris et directeur d'alors du Vélodrome d'Hiver. Sa mère couturière vient de donner naissance à Paris le 7 avril 1922 d'une des plus pétillantes actrices du théâtre et du cinéma français. C'est Louis Jouvet qui, venu visiter en acheteur potentiel la grande maison familiale de Suresnes mise en vente par ses parents, la repère un jour de 1938 et, frappé par son naturel et son allure, l'incite à se lancer dans la comédie. Le célèbre comédien, metteur en scène et directeur de théâtre, vient de révéler la vocation de celle qui se prénomme encore Jacqueline, mais qu'il rebaptisera plus tard Sophie, qu'il juge plus en rapport avec sa nature comique. Elle suit d'abord, en auditrice libre, les cours de Louis Jouvet au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris, puis dans le théâtre parisien qu'il dirige, l'Athénée. Elle s'inscrit ensuite au Cours Simon, et parallèlement, après une audition devant Beatrix Dussane, intègre le Conservatoire en 1941 duquel elle ressortira récompensée du premier prix de Comédie Moderne en 1944. Sophie Desmarets débute au cinéma au début des années quarante, dans deux films d'Henri Decoin mettant en vedette Danielle Darrieux Battement de cour et Premier rendez-vous. Elle est remarquée dans Le Capitan et Seule dans la Nuit.
Madame la Marquise
Dès la fin de la guerre, Jacques de Baroncelli la dirige dans les deux épisodes de son Rocambole où elle se montre très à son aise dans le rôle de Baccarat, cette intrigante sans scrupules. Elle ne sait pas encore que le réalisateur deviendra son beau-père lorsqu'elle épousera, deux ans plus tard, Jean de Baroncelli, écrivain, journaliste, et marquis de Baroncelli de Javon. De cette union naîtra Caroline en 1952. Sophie avait eu une fille Catherine avec René Froissant. Si elle tourne ensuite avec d'autres grands metteurs en scène, comme Sacha Guitry pour Si Paris nous était conté et Les trois font la paire, Jean Delannoy dans La Française et l'amour ou encore Gérard Blain dans Un second souffle, le cinéma ne lui réservera pas de très grands rôles, la cantonnant dans des comédies médiocres. C'est surtout l'occasion de s'amuser avec ses amis Poiret et Serrault (La tête du client), Robert Hirsch (Toutes folles de lui) ou Bourvil (Le Mur de l'Atlantique). En 1997, Gérard Jugnot qui l'avait croisée sur Fantôme avec Chauffeur, la fait tourner une ultime fois dans Fallait pas!...
Reine du boulevard
C'est au théâtre, où le public est conquis par sa jovialité et sa pétulence, qu'elle triomphe légitimement. Elle y interprètera une trentaine de pièces, endossant des rôles divers allant de la jeune ingénue à la bourgeoise parisienne, dans le registre constant de la comédie de boulevard. Mais deux pièces resteront dans les mémoires, Adieu Prudence de Leslie Stevens, adaptée par Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy, et surtout Fleur de Cactus de Barillet et Grédy, dans laquelle elle interprétera une infirmière modèle et dévouée au docteur qu'elle assiste. La pièce se joue d'abord à Paris, de 1964 à 1967, puis en province. En 1987, vingt ans après, elle reprendra la pièce et ce rôle qui, avait-elle déclaré, lui collait le mieux à la peau. Sophie Desmarets était également réputée pour son sens de l'humour et de la répartie. En réponse à une comédienne d'un certain âge qui lui avait dit un jour : «Ah! C'est vous Sophie Desmarets, celle qui a eu son premier prix de conservatoire sous Pétain ?», elle fit montre d'une spiritualité désarçonnante en répliquant: «Oui, madame, c'est mieux que de l'avoir eu sous Félix Faure !.» Cette alacrité de l'esprit très caractéristique chez elle devait faire les beaux jours d'émissions de divertissement et d'esprit comme Les grands enfants de Maritie et Gilbert Carpentier à la fin des années soixante, ou Les grosses têtes de Philippe Bouvard durant les années soixante-dix, avant que des problèmes d'audition ne l'empêchent de répondre du tac au tac à ses interlocuteurs. Celle qui a tenu une boutique d'antiquités dans les années 70 rédige ses mémoires en 2002 sous le titre Les Mémoires de Sophie. Éloignée des planches et des plateaux depuis plusieurs années, Sophie Desmarets s'est éteinte d'un cancer le 13 février 2012 dans son domicile parisien, à l'âge de 89 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Gérard Oury
et Gérard Jugnot
1939 : Battement de cour d'Henri Decoin (figuration)
1941 : Premier rendez-vous d'Henri Decoin
1942 : Des jeunes filles dans la nuit de René Le Hénaff
1942 : L'homme qui joue avec le feu de Jean de Limur
1945 : 120, rue de la Gare de Jacques Daniel-Norman
1945 : Le capitan de Robert Vernay
1945 : Seul dans la nuit de Christian Stengel
1946 : Rocambole de Jacques de Baroncelli
1946 : La revanche de Baccarat de Jacques de Baroncelli
1947 : Croisière pour l'inconnu de Pierre Montazel
1947 : Tierce à cour de Jacques de Casembroot
1948 : Femme sans passé de Gilles Grangier
1948 : Vire-vent de Jean Faurez
1948 : La veuve et l'innocent d'André Cerf
1948 : Rapide de nuit de Marcel Blistène
1948 : Les souvenirs ne sont pas à vendre de Robert Hennion
1949 : Le roi de Marc-Gilbert Sauvajon
1949 : Mon ami Sainfoin de Marc-Gilbert Sauvajon
1950 : Ma pomme de Marc-Gilbert Sauvajon
1950 : Demain nous divorçons de Louis Cuny
1951 : Ma femme est formidable d'André Hunebelle
1951 : Rome Paris Rome (Signori, in carrozza !) de Luigi Zampa
1952 : Mon mari est merveilleux d'André Hunebelle
1952 : Femmes de Paris de Jean Boyer
1953 : Escalier de service de Carlo Rim
1953 : Le fils de Caroline Chérie de Jean Devaivre
1954 : Scènes de ménage d'André Berthomieu
1954 : Le secret de sœur Angèle de Léo Joannon
1954 : Si Paris nous était conté de Sacha Guitry
1955 : Les cinq dernières minutes (Gli ultimi cinque minuti) de Giuseppe Amato
1955 : Une fille épatante de Raoul André
1955 : Ces sacrées vacances de Robert Vernay
1956 : Treize à table d'André Hunebelle
1956 : Ce soir les jupons volent de Dimitri Kirsanoff
1956 : Miss Catastrophe de Dimitri Kirsanoff
1957 : Les trois font la paire de Sacha Guitry & Clément Duhour
1957 : Fumée blonde de Robert Vernay
1957 : Filous et compagnie de Tony Saytor
1958 : Drôles de phénomènes de Robert Vernay
1958 : Madame et son auto de Robert Vernay
1958 : La vie à deux de Clément Duhour
1958 : Nina de Jean Boyer
1960 : La Française et l'amour, « L'adolescence » de Jean Delannoy
1960 : Boubouroche de Stellio Lorenzi (tv)
1960 : Petites femmes et haute finance (Anonima cocottes) de Camillo Mastrocinque
1960 : La famille Fenouillard d'Yves Robert
1961 : Défense d'y toucher (La ragazza di mille mesi) de Steno
1963 : Dragées au poivre de Jacques Baratier
1963 : Madame Sans-Gêne de Claude Barma (tv)
1963 : La foire aux cancres de Louis Daquin
1964 : Les motorisés (I Motorizzate), « La femme à la Jaguar » de Marino Girolami
1964 : La chance et l'amour, « Lucky la chance » de Charles L. Bitsch
1965 : La Pomme de son oil de François Villiers (tv)
1965 : La tête du client de Jacques Poitrenaud
1966 : Toutes folles de lui de Norbert Carbonnaux
1967 : Hélène ou la joie de vivre de Claude Barma (tv)
1970 : Le mur de l'Atlantique de Marcel Camus
1972 : La raison du plus fou de François Reichenbach
1975 : L'Arc de triomphe de Jacques Samyn (tv)
1976 : Le maestro de Claude Vital
1977 : Un second souffle de Gérard Blain
1979 : Paris-Vichy d'Anne Revel (tv)
1982 : Toute griffes dehors de Michel Boisrond (tv)
1992 : Les mamies d'Annick Lanoë
1993 : Pourquoi maman est dans mon lit ? de Patrick Malakian
1995 : Fantôme avec chauffeur de Gérard Oury
1995 : Les Chiens ne font pas des chats d'Ariel Zeitoun (tv)
1997 : Fallait pas ! de Gérard Jugnot


Filmographie de Sophie DESMARETS
 
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