Jacqueline DELUBAC
 Actrice française
On s'aperçoit aujourd'hui en voyant évoluer cette ravissante brune au superbe regard, toujours suprêmement élégante que Jacqueline Delubac par son jeu intelligent, légérement en décalage avec celui de ses partenaires a une allure très moderne. Le contraste avec son époux et auteur Sacha Guitry à la diction lancinante et très théâtralisée, dont elle partage les plus grands succès est particulièrement saisissant.
Jacqueline Delubac naît Isabelle Jacqueline Basset, le 27 mai 1907 à Lyon. Jacqueline est issue de la haute bourgeoise lyonnaise, enrichie dans l'industrie de la soie. Dotée d'une forte personnalité, elle décide de rompre avec la tradition familiale pour devenir artiste.
L'élégance à la française
Elle débute comme danseuse dans une revue parisienne en imitant Joséphine Baker et comme serveuse de bar dans Vive Leroy, reprenant un emploi de Gabin auprès de Dranem. À la même période, elle commence sa carrière cinématographique par deux comédies de Louis Mercanton avec Fernand Gravey, Chérie et Marions-nous. Dans Une brune piquante de Serge de Poligny, elle croise Fernandel. En 1932, elle fait partie de l'équipe de Topaze, d'après la pièce de Marcel Pagnol, avec Louis Jouvet. Puis ne doutant de rien, Jacqueline Delubac, qui a pris le nom de sa mère comme pseudonyme, n'hésite pas à aller frapper à la porte de Sacha Guitry. Le très prolifique homme de théâtre approche de la cinquantaine. Il est au sommet de sa gloire.
La muse de Sacha Guitry
Subjugué par cette très belle jeune femme, pleine de distinction et somme toute assez énigmatique, il l'engage et partage bien vite sa vie, avant d'en faire sa troisième épouse, en 1935. Le couple ne se quitte plus à la ville, sur scène et à l'écran pendant cinq ans. La comédienne joue plus de vingt pièces de son mari dont dix créations et interprète dix de ses films. Il s'agit la plupart du temps de comédies assez grinçantes où Sacha, très cabotin, a fort à faire face à une Jacqueline Delubac qui ne s'en laisse pas compter. En 1936, Sacha tourne quatre films avec sa femme dont Mon père avait raison en hommage à son père Lucien Guitry. La réalité historique n'est guère respectée dans Les perles de la couronne mais la performance des deux comédiens est un vrai plaisir pour l'esprit. En 1937, il y a aussi Désiré avec Arletty, femme de chambre et Quadrille, avec Gaby Morlay. Valérie Lemercier adaptera de nouveau la pièce en 1997. Remontons les Champs-Élysées est la dernière collaboration de l'actrice au cinéma de son illustre époux. Dans cette fresque historique, l'auteur reprend le principe des Perles de la Couronne et annonce ses derniers opus comme Si Versailles m'était conté. Le couple se sépare fin 1938. L'actrice joue entre temps dans L'accroche-cour sur un sujet de Guitry filmé par l'énigmatique Pierre Caron auprès du très populaire Henri Garat. Elle retrouve Raimu son partenaire de Faisons un Rêve et Les Perles de la Couronne pour L'homme qui cherche la Vérité et Ardente jeunesse. Juste avant la guerre, elle change de registre en tournant Volpone que Maurice Tourneur adapte de Ben Johnson et côtoie Harry Baur, Louis Jouvet et Fernand Ledoux.
Une retraite dorée
Jacqueline Delubac ralentit son activité cinématographique pendant l'occupation même si l'actrice n'est pas totalement absente du Paris mondain que fréquentent les Allemands. En 1941, elle est la partenaire de Tino Rossi dans Fièvres. Elle retrouve le grand écran en 1945 pour J'ai dix-sept ans d'André Berthomieu. Suivent deux films mineurs de Raymond Leboursier, Le furet avec Jany Holt et La vie en jeu avec Rellys. L'actrice travaille un peu au théâtre. Elle tourne, en 1951, son vingt-septième et dernier film, Les mousquetaires du roi qui reste par ailleurs inachevé. Puis elle se retire définitivement de la scène. Ayant épousé en secondes noces un très grand joaillier parisien de la Place Vendôme, elle constitue une exceptionnelle collection de tableaux de Monet, Braque, Picasso. Devenue veuve elle vit très seule. À quatre-vingt dix ans, Jacqueline Delubac est renversée à Créteil, en région parisienne, par un cycliste et meurt des suites de l'accident le 14 octobre 1997. Son testament prévoit le legs de ses tableaux au musée des Beaux-Arts de sa ville natale. Un geste plein d'élégance de la part de celle qui a incarné dans toute sa splendeur la Femme Française des années trente.


FILMOGRAPHIE :

Avec Sacha Guitry
1930 : Chérie de Louis Mercanton
1931 : Marions-nous / Sa nuit de noces de Louis Mercanton
1932 : Topaze de Louis J. Gasnier
1935 : Bonne chance de Sacha Guitry
1935 : Le roman d'un tricheur de Sacha Guitry
1936 : Mon père avait raison de Sacha Guitry
1936 : Le nouveau testament de Sacha Guitry & Alexandre Ryder
1936 : Faisons un rêve de Sacha Guitry
1936 : Le mot de Cambronne de Sacha Guitry
1937 : Les perles de la couronne de Sacha Guitry & Christian-Jaque
1937 : Désiré de Sacha Guitry
1937 : Quadrille de Sacha Guitry
1938 : Remontons les Champs-Élysées de Sacha Guitry & Robert Bibal
1938 : L'accroche-cour de Pierre Caron
1939 : Jeunes filles en détresse de Georg Wilhelm Pabst
1939 : Dernière jeunesse de Jeff Musso
1939 : Volpone de Maurice Tourneur
1939 : L'homme qui cherche la vérité d'Alexander Esway
1940 : Le collier de chanvre de Léon Mathot
1940 : La comédie du bonheur de Marcel L'Herbier
1942 : Fièvres de Jean Delannoy
1945 : J'ai dix-sept ans d'André Berthomieu
1949 : Le furet de Raymond Leboursier
1950 : La vie est un jeu de Raymond Leboursier
1951 : Les mousquetaires du roi de Marcel Aboulker & Michel Ferry


Filmographie de Jacqueline DELUBAC
 
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