Danièle DELORME
 Acteur et productrice française
Danièle Delorme, femme de cour et d'action, dégage une sympathie, une spontanéité, une joie de vivre qui ont enchanté des générations d'admirateurs. Brillante comme actrice sur les planches et sur les écrans, elle le fut tout autant comme productrice avisée et protectrice de films. Danièle Delorme est la fille du peintre et affichiste André Girard et d'Andrée Jouan. Elle voit le jour à Levallois-Perret, le 9 octobre 1926. Par erreur, son père la déclare sous le prénom de Gabrielle au grand désarroi de sa mère qui préférait son deuxième prénom Danièle. Avec sa sœur Evie, elle fait des études de piano pour devenir concertiste mais la guerre l'oblige à les interrompre.
Débuts avec Gérard Philipe
Pendant la période de l'Occupation, sa mère est déportée à Ravensbrück et son père part pour le Royaume-Uni. Elle se réfugie à Moncrabeau puis à Antibes où elle suit les cours de théâtre de Jean Wall puis elle débute dans la compagnie théâtrale de Claude Dauphin. Elle y rencontre son premier amour, Gérard Philipe. Marc Allégret l'engage dans trois films successifs, Félicie Nanteuil, La Belle Aventure puis Les Petites du quai aux fleurs avec Gérard Philipe et Bernard Blier. Après-guerre, elle se perfectionne avec Tania Balachova et René Simon. Elle épouse en 1945 Daniel Gélin dont elle sera mariée jusqu'en 1955 et met au monde son unique fils Xavier Gélin en 1946. Son interprétation de Gigi d'après Colette en 1949 lui apporte la renommée et, sur cette lancée, elle tourne Miquette et sa mère de Clouzot avec Bourvil et Louis Jouvet et Agnès de Rien où sa grâce, sa pudeur et son engagement dans des rôles d'héroïne fragile, souvent marquée par le destin, font impression. Avec Jacqueline Audry, elle incarne à merveille les personnages de Colette, Minne l'ingénue libertine et Mitsou. Elle confirme son capital sympathie dans Sans laisser d'adresse aux côtés de Bernard Blier et participe au seul long métrage de Daniel Gélin, Les dents longues. Parallèlement, elle joue au théâtre les grands auteurs tels qu'Ibsen, Jean Anouilh, Paul Claudel, Pirandello.
Productrice à la Guéville
Julien Duvivier lui offre un contre-emploi de femme machiavélique au visage angélique dans Voici le temps des assassins avec Jean Gabin qu'elle retrouve dans Les Misérables où elle est Fantine. Elle épouse Yves Robert en 1956. Ils resteront ensemble jusqu'à la mort de celui-ci. Elle prend au début des années 1960 quelque distance avec son métier d'actrice. Avec Yves, elle fonde la maison de production La Guéville, qui a notamment produit La Guerre des boutons et Alexandre le bienheureux mais aussi des œuvres de Jean Lhote (La Communale), Alain Cavalier (Martin et Léa, Un étrange Voyage), Jacques Doillon (La Femme qui pleure, La Fille prodigue) ou Guy Gilles (Absences répétées). Elle vit avec Yves Robert au moulin de la Guéville à Saint-Hilarion dans les Yvelines. En 1960, elle signe le Manifeste des 121, déclaration sur le droit à l'insoumission pendant la guerre d'Algérie. Elle revient au cinéma en 1970 pour Le Voyou en victime de Jean-Louis Trintignant. Alors qu'elle met sa carrière de comédienne en retrait, elle participe aux énormes succès de son mari, Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au Paradis en épouse trompée puis trompeuse de Jean Rochefort. Elle incarne en 1980, pour la télévision, Colette dans La Naissance du jour de Jacques Demy et connaît un gross succès avec la série Madame le Proviseur qui évoque les problèmes contemporains de la jeunesse.
Militante audiovisuelle
En 1981, elle devient co-directrice, avec Marie Dabadie, de la société de production Témoins. Elle produit notamment le seul documentaire consacré à l'écrivain Jean Genet par Antoine Bourseiller, trois sur le poète Philippe Soupault par Bertrand Tavernier ainsi qu'un autre sur les coulisses de la libération de Nelson Mandela. Elle est nommée en 1984, par le président de la République François Mitterrand, membre du Conseil économique, social et environnemental où elle siège jusqu'en 1994. Elle y produit, en 1985, un rapport intitulé La création française dans les programmes audiovisuels et L'éveil artistique des jeunes en France et en Europe en 1991. Au début des années 2000, elle perd ses êtres les plus chers, son fils Xavier à 53 ans, Yves Robert vaincu par le diabète et Daniel Gélin l'ami de toujours. Danièle Delorme est morte le 17 octobre 2015 à 89 ans à Paris, des suites d'une longue maladie. De nombreuses personnalités du cinéma, du théâtre et de la télévision rendent hommage à cette femme forte de caractère au regard troublant et à la spontanéité naturelle. Son ouvrage Demain, tout commence publié en 2008 est à l'origine du titre du film homonyme réalisé par son petit-fils Hugo Gélin et sorti au cinéma en 2016.


FILMOGRAPHIE :

Avec Yves Robert
1942 : Félicie Nanteuil de Marc Allégret
1942 : La Belle Aventure de Marc Allégret
1944 : Les Petites du quai aux fleurs de Marc Allégret
1946 : Les J3 de Roger Richebé
1946 : Lunegarde de Marc Allégret
1946 : Le Capitan de Robert Vernay
1947 : Les jeux sont faits de Jean Delannoy
1948 : Impasse des Deux-Anges de Maurice Tourneur
1948 : Croisière pour l'inconnu de Pierre Montazel
1948 : Gigi de Jacqueline Audry
1949 : La Cage aux filles de Maurice Cloche
1949 : Miquette et sa mère d'Henri-Georges Clouzot
1950 : Rendez-vous avec la chance d'Emil-Edwin Reinert
1950 : Minne, l'ingénue libertine de Jacqueline Audry
1950 : Souvenirs perdus, épisode Une cravate de fourrure de Christian-Jaque
1950 : Agnès de rien de Pierre Billon
1951 : Sans laisser d'adresse de Jean-Paul Le Chanois
1951 : Traité de bave et d'éternité d'Isidore Isou
1952 : Les Dents longues de Daniel Gélin
1952 : La Jeune Folle d'Yves Allégret
1953 : L'Amour, Madame de Gilles Grangier (apparition)
1953 : Femmes de Paris de Jean Boyer
1953 : Le Guérisseur d'Yves Ciampi
1953 : Si Versailles m'était conté... de Sacha Guitry
1954 : Quelques pas dans la vie (Tempi Nostri) d'Alessandro Blasetti et Paul Paviot
1954 : La Maison du souvenir (Casa Ricordi) de Carmine Gallone
1954 : Huis clos de Jacqueline Audry
1955 : Le Dossier noir d'André Cayatte
1956 : Mitsou de Jacqueline Audry
1956 : Voici le temps des assassins de Julien Duvivier
1957 : Les Misérables de Jean-Paul Le Chanois
1958 : Prisons de femmes de Maurice Cloche
1958 : Chaque jour a son secret de Claude Boissol
1958 : Ni vu... Ni connu... d'Yves Robert
1961 : Le Septième Juré de Georges Lautner
1962 : Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda
1966 : Marie Soleil d'Antoine Bourseiller
1970 : Hoa-Binh de Raoul Coutard
1970 : Le Voyou de Claude Lelouch
1971 : Des Christs par milliers de Philippe Arthuys
1972 : Absences répétées de Guy Gilles
1973 : Belle d'André Delvaux
1976 : Un éléphant ça trompe énormément d'Yves Robert
1977 : Nous irons tous au paradis d'Yves Robert
1977 : La Barricade du point du jour de René Richon
1982 : Qu'est-ce qui fait courir David ? d'Élie Chouraqui
1982 : La Côte d'amour de Charlotte Dubreuil
1985 : Lune de Novembre (Novembermond) d'Alexandra von Grote
1990 : Bal perdu de Daniel Benoin
1992 : Les Eaux dormantes de Jacques Tréfouël
1995 : Sortez des rangs de Jean-Denis Robert
2001 : La Vie sans secret de Walter Nions d'Hugo Gélin

Télévision :
1954 : Maison de poupée de Claude Loursais
1955 : Tu ne m'échapperas jamais de Marcel Bluwal
1970 : À corps perdu d'Abder Isker
1973 : Le Cauchemar de l'aube d'Abder Isker
1979 : Une femme dans la ville de Joannick Desclers
1980 : La naissance du jour de Jacques Demy
1988 : L'Affaire Saint-Romans de Michel Wyn
1990 : L'Ami Giono: Le déserteur de Gérard Mordillat
1991 : La Grande Dune de Bernard Stora
1992 : Vacances au purgatoire de Marc Simenon


Filmographie de Danièle DELORME
 
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