Édouard DELMONT
 Acteur français
Un physique sec, un visage long, des yeux ronds et une fine moustache, un véritable santon de Provence, tel apparaissait Édouard Delmont que toute l'équipe de Pagnol appellera familièrement L'Oncle. Sa voix, un peu essoufflée, qui pouvait très facilement prendre des trémolos pathétiques, était remplie du soleil du midi et empreinte de cet accent chantant et saura s'en servir à merveille dans les morceaux de bravoure que lui auront écrits les scénaristes. Édouard Delmont, que l'on a pu connaître parfois sous le simple nom de Delmont, s'appelait, pour l'état civil, Édouard Marius Autran. Il voit le jour à Marseille, le 5 décembre 1883. Grandissant au sein d'une famille de forgerons et de métallurgistes, le jeune Édouard n'envisage pas de déroger à la vocation familiale. En 1914, il trouve un emploi de machiniste au célèbre Alcazar dont Franck Esposito est le régisseur. Édouard gravit les échelons, devient régisseur-adjoint, puis régisseur et en 1918 franchit les coursives pour devenir comédien. Il prend alors le nom de Delmont, car sa maison natale se situant dans le quartier Notre-Dame-du-Mont, il s'inspire de sa traduction italienne Delmonte. Après plusieurs participations aux spectacles musicaux de l'Alcazar, notre homme monte à Paris, comme l'ont fait avant lui Raimu, Fernand Charpin, Tramel, Maupi et bien d'autres Marseillais. Il va s'y produire dans de joyeuses opérettes, comme Au pays du soleil.
Rencontre avec Pagnol
Il est alors appelé par Marcel Pagnol, qui connaît tous les méridionaux de la capitale, pour apparaître dans Marius et Fanny dans deux personnages différents de capitaine de cargo puis de médecin qui assiste Fanny lorsqu'elle met au monde Césariot. Il reprendra le rôle du «médecin des chèvres», comme l'appelle Raimu, dans César. Pagnol le redemandera souvent pour des personnages pittoresques comme Amédée dans Angèle, le forgeron d'Aubignane dans Regain, Maillefer dans La Femme du Boulanger, le père Anglade affublé de deux fils bègues dans Manon des sources et surtout l'inoubliable maître Cornille dans Les Lettres de mon Moulin. Pourtant, si l'on en croit son collègue Paul Ollivier, il ressemblait davantage à un personnage de Giono, comme ces bergers aux traits burinés par les vents soufflant sur la montagne de Bure, ou encore de Daudet dans ses histoires provençales parfois dramatiques, plutôt qu'un personnage coloré du maître d'Aubagne. Ce dernier cependant saura admirablement mettre en valeur cette personnalité particulière.
Un grand second rôle
Si, Édouard Delmont est surtout connu comme un acteur de la bande à Pagnol, il est souvent choisi par de grands réalisateurs qui avaient su repérer son talent, son aisance innée, son naturel, puisque sa filmographie affiche pratiquement 80 rôles. Dès 1934, Jean Renoir pense à lui pour être Fernand dans le drame provençal Toni. Il incarne l'abbé Germane dans Le petit Chose, l'inoubliable Panama dans Quai des Brumes, le berger Balthazar dans L'Arlésienne, le papet dans Simplet avec Fernandel, le père de la jeune fille délaissée dans Le Gardian, le confident plein de sagesse dans Bagarres, le vieil instituteur dans L'école buissonnière et le docteur Bollène qui réunit les quintuplés dans Le Mouton à cinq pattes. Il campe le fameux Docteur Spilett dans Le retour de Don Camillo de Julien Duvivier où il a cette phrase savoureuse : « Puisque tu me dis que tu n'as pas d'âme, vends-la moi ! » C'est dans Ali Baba et les quarante voleurs de Jacques Becker que nous aurons l'occasion de le voir pour la dernière fois, en 1954, dans un personnage plus caricatural.
La tradition provençale
Homme affable, discret et charmant, il a été marié trois fois, en 1916 avec Marguerite Bourgot, brièvement de 1944 à novembre 1945 avec Marie-Rose Nusilié et enfin avec Béatrice Chauvin en mars 1955. Cette dernière union avec une très jeune femme ne durera que quelques mois puisqu'il décède le 22 novembre 1955 à Cannes, à l'âge de 72 ans. Jacques Audiberti dit de lui : « Cet acteur au nom modeste est un monsieur à qui on peut tirer son bonnet.. Quand j'entends Delmont, des siècles et des villes se lèvent dans ma sensibilité. Son accent est d'une pureté que j'aimerais dire absolue, non déformée par la recherche d'une truculence plus ou moins publicitaire, un accent, bref, d'avant le cinéma. Delmont devient, dans des rôles bien limités mais riches de saveur, un émouvant protagoniste, un précieux conservateur de la tradition provençale la plus subtile et la plus authentique. »


FILMOGRAPHIE :

Avec Fernandel, Henri. Poupon et Marcel Pagnol
1931 : Marius d'Alexander Korda
1931 : Mam'zelle Nitouche de Marc Allégret
1931 : Mardi gras de Pierre Weill
1931 : Le marchand de sable d'André Hugon
1932 : Fanny de Marc Allégret
1933 : Au pays du soleil de Robert Péguy
1933 : Roger la honte de Gaston Roudès
1933 : L'illustre Maurin d'André Hugon
1933 : Chourinette d'André Hugon
1934 : Angèle de Marcel Pagnol
1934 : Le train de 8 h 47 d'Henry Wulschleger
1934 : Toni de Jean Renoir
1934 : Les bleus de la marine de Maurice Cammage
1936 : Romarin d'André Hugon
1936 : César de Marcel Pagnol
1936 : Blanchette de Pierre Caron
1937 : L'étrange Monsieur Victor de Jean Grémillon
1937 : Franco de port de Dimitri Kirsanoff
1937 : Regain de Marcel Pagnol
1937 : Hercule d'Alexandre Esway & Carlo Rim
1937 : Le chanteur de minuit de Léo Joannon
1937 : La Marseillaise de Jean Renoir
1937 : Balthazar de Pierre Colombier
1937 : Les secrets de la Mer Rouge de Richard Pottier
1938 : La femme du boulanger de Marcel Pagnol
1938 : Quai des brumes de Marcel Carné
1938 : Le petit chose de Maurice Cloche
1938 : Firmin le muet de Saint-Fiacre de Jacques Séverac
1938 : Farinet ou L'or dans la montagne de Max Haufler
1939 : Le héros de la Marne d'André Hugon
1939 : Berlingot et compagnie de Fernand Rivers
1939 : Le déserteur / Je t'attendrai de Léonide Moguy
1939 : Le club des fadas d'Emile Couzinet
1939 : Le Paradis des Voleurs de L.C. Marsoudet
1939 : L'héritier des Mondésir d'Albert Valentin
1940 : La nuit merveilleuse de Jean-Paul Paulin
1940 : Trois argentins à Montmartre d'André Hugon
1940 : Notre Dame de la Mouise de Robert Péguy
1940 : Parade en sept nuits de Marc Allégret
1940 : Un chapeau de paille d'Italie de Maurice Cammage
1940 : Soyez les bienvenus de Jacques de Baroncelli
1941 : L'Arlésienne de Marc Allégret
1941 : Le soleil a toujours raison de Pierre Billon
1941 : Une femme dans la nuit d'Edmond T. Gréville
1941 : Une vie de chien de Maurice Cammage
1942 : Simplet de Fernandel & Carlo Rim
1942 : Cap au large de Jean-Paul Paulin
1942 : Feu sacré de Maurice Cloche
1942 : Port d'attache de Jean Choux
1942 : Picpus / Signé Picpus de Richard Pottier
1942 : La bonne étoile de Jean Boyer
1942 : Steibruch de Sigfrit Steiner
1943 : Mon amour est près de toi de Richard Pottier
1943 : Adieu Léonard de Pierre Prévert
1943 : Le val d'enfer de Maurice Tourneur
1943 : La collection Ménard de Bernard-Roland
1943 : L'île d'amour de Maurice Cam
1944 : La fiancée des ténèbres de Serge de Poligny
1945 : Solita de Cordoue de Willy Rozier
1945 : L'affaire du Grand Hôtel d'André Hugon
1945 : Le Guardian de Jean de Marguenat
1946 : La nuit sans fin de Jacques Séverac
1946 : Ploum, ploum, tra-la-la de Robert Hennion
1946 : La renégate de Jacques Séverac
1947 : Le destin exécrable de Guillemette Babin de Guillaume Radot
1947 : Le dessous des cartes d'André Cayatte
1947 : Colomba d'Émile Couzinet
1948 : Bagarres d'Henri Calef
1948 : L'école buissonnière de Jean-Paul Le Chanois
1948 : Le grand cirque de Georges Péclet
1948 : Les eaux troubles d'Henri Calef
1948 : Deux amours de Richard Pottier
1948 : Tabusse de Jean Gehret
1949 : L'homme qui revient de loin de Jean Castanier
1949 : La belle que voilà de Jean-Paul Le Chanois
1949 : L'auberge du péché de Jean de Marguenat
1950 : Juliette ou la clé des songes de Marcel Carné
1950 : Trafic sur les dunes de Jean Gourguet
1951 : Au pays du soleil de Maurice de Canonge
1951 : La table aux crevés d'Henri Verneuil
1951 : Éternel espoir de Max Joly
1951 : Monsieur Octave de Maurice Téboul
1952 : Ce coquin d'Anatole d'Emile Couzinet
1952 : Son dernier Noël de Jacques Daniel-Norman
1952 : L'appel du destin de Georges Lacombe
1952 : Le retour de Don Camillo de Julien Duvivier
1952 : Manon des sources de Marcel Pagnol
1953 : La pensionnaire (La Spiaggia) d'Alberto Lattuada
1953 : La caraque blonde de Jacqueline Audry
1954 : Le mouton à cinq pattes d'Henri Verneuil
1954 : Les lettres de mon moulin de M Pagnol
1954 : Ali Baba et les quarante voleurs de Jacques Becker


Filmographie d'Édouard DELMONT
 
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