Jean DASTÉ
 Acteur et metteur en scène français
Jean Dasté restera dans les mémoires à la barre de sa péniche L’Atalante. Mais l’acteur et metteur en scène consacrera sa vie au théâtre où il fut le fil conducteur de trois générations qui ébranlèrent et continuent de révolutionner la tradition théâtrale française. Disciple et gendre de Jacques Copeau, il est devenu, à force de courage, de ténacité et de talent, un pionnier de la décentralisation dramatique en Province.
Jean Dasté voit le jour à Paris, le 18 août 1904. Il est initié au théâtre par sa mère et Jacques Copeau le prend comme élève au Vieux-Colombier en 1922. Il joue dans la troupe en Bourgogne et épouse la fille de son maître à penser, Marie-Hélène avec qui il a une fille Catherine Dasté qui poursuivra son œuvre théâtrale. Après une période de doute, Jean Dasté fonde avec Maurice Jacquemont et André Barsacq, la compagnie des Quatre-Saisons. Souhaitant s’éloigner des conventions, il monte Le Médecin volant sur le Pont-Neuf et Les Fourberies de Scapin sous la Tour Eiffel.
Le marinier de l’Atalante
Il aborde le cinéma en 1932, en interprétant un étudiant dans Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir. C’est Jean Vigo qui lui donne ses lettres de noblesse en le faisant jouer dans son brûlot anarchiste Zéro de conduite et surtout en lui confiant la direction de la péniche L'Atalante avec Dita Parlo. Même s’il semble un peu en retrait face à la composition stupéfiante de Michel Simon et aux acrobaties de Gilles Margaritis, il campe un marinier émouvant et inoubliable. Après la mort de Vigo en 1934, il retrouve Jean Renoir en maquettiste dans Le Crime de Monsieur Lange, en institueur dans La vie est à nous et en prisonnier dans La Grande Illusion. Ouvertement de gauche, il participe comme fils de bourgeois au Temps des Cerises de Jean-Paul Le Chanois, en radio dans Remorques de Jean Grémillon et en raccommodeur dans Adieu Léonard de Pierre Prévert. Pendant l’Occupation, il accepte des petits rôles dans Croisières sidérales, un clerc de notaire dans Picpus avec Albert Préjean-Maigret, Une étoile au soleil d’André Zwoboda, un aristo dans La grande Meute et un simple gendarme dans Le Mystère Saint Val avec Fernandel. Puis, il cesse pendant 18 ans toute activité cinématographique pour se consacrer au théâtre.
Jean le Stéphanois
Dans l’optique de quitter Paris, il crée une compagnie de théâtre à Grenoble mais faute de subvention municipale, elle est dissoute en 1947. Il fonde le centre dramatique de la Cité des Mineurs à Saint-Étienne et une coopérative ouvrière pour le financement. Les membres de sa troupe sillonnent les routes de la Loire pendant dix ans en parvenant à attirer un public populaire pour des auteurs du répertoire comme Molière, Beaumarchais, Shakespeare, Pirandello, Tchékhov ou Sophocle et des auteurs contemporains comme Sartre, Audiberti. Dasté intègre le mime, le no japonais et la tragédie grecque. Les succès théâtraux n’empêchent pas les divergences politiques et Dasté baptise ses locaux sous le nom de Copeau mais doit démissionner en 1970.
Retour auprès de Resnais et Truffaut
En 1963, Jean Dasté accepte, de revenir au cinéma à la demande d'Alain Resnais qui lui confie un rôle d’éleveur de chèvres dans Muriel ou le Temps d'un retour. Il retrouve le réalisateur pour La guerre est finie, Mon oncle d’Amérique et L’Amour à mort où il est le docteur qui constate le décès de Pierre Arditi. Il endosse des rôles marquants pour François Truffaut (L’Enfant sauvage, L’Homme qui aimait les femmes, La Chambre verte), Costa-Gavras (Z), Ariane Mnouchkine (Molière), Bertrand Tavernier (Une semaine de vacances), Guy Gilles (Nuit docile) et Jean-Claude Brisseau (Noce blanche). Il fait quelques apparitions à la télévision dans Pourquoi Patricia ?, L'enfant dans le corridor, La ville noire. Suzanne Schiffman, assistante et scénariste de Truffaut lui rend hommage en lui confiant un des ses derniers rôles dans Le Moine et la Sorcière en 1987. Jean Dasté meurt à Saint-Priest-en-Jarez, près de Saint-Étienne, le 15 octobre 1994. Après son décès, le Monde souligne que « Sans lui le monde du théâtre en France n'aurait pas la même apparence ».


FILMOGRAPHIE :

Avec Jean Vigo
et Dita Parlo
1932 : Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir
1933 : Zéro de conduite de Jean Vigo
1934 : L'Atalante de Jean Vigo
1936 : Sous les yeux d’occident de Marc Allégret
1936 : Le Crime de Monsieur Lange de Jean Renoir
1936 : La Vie est à nous de Jean Renoir, Jacques Becker, Jacques B. Brunius
1937 : La Grande Illusion de Jean Renoir
1938 : Le Temps des cerises de Jean-Paul Le Chanois
1941 : Remorques de Jean Grémillon
1942 : Croisières sidérales d’André Zwoboda
1943 : Picpus de Richard Pottier
1943 : Une étoile au soleil d’André Zwoboda
1943 : Adieu Léonard de Pierre Prévert
1945 : La Grande Meute de Jean de Limur
1945 : Le Mystère Saint-Val de René Le Hénaff
1963 : Muriel, ou le Temps d’un retour d’Alain Resnais
1965 : Le Ciel sur la tête d’Yves Ciampi
1966 : La Guerre est finie d’Alain Resnais
1966 : Le Trompette de la Bérésina de Jean-Paul Carrère (tv)
1969 : Z de Costa-Gavras
1970 : L'Enfant sauvage de François Truffaut
1972 : Beau masque de Bernard Paul
1974 : Les Jours gris d’Iradj Azimi
1975 : Les Prétendants de Madame Berrou d’Hervé Baslé (tv)
1975 : Mourir pour Copernic de Bernard Sobel (tv)
1976 : Le Petit Marcel de Jacques Fansten
1976 : Le Corps de mon ennemi d’Henri Verneuil
1977 : L'Homme qui aimait les femmes de François Truffaut
1978 : La Chambre verte de François Truffaut
1978 : Utopia d’Iradj Azimi
1978 : Molière d’Ariane Mnouchkine
1978 : L’Inspecteur mène l’enquête, Derrière le mur de Guy Saquez (tv)
1978 : La Tortue sur le dos de Luc Béraud
1979 : Pourquoi Patricia? de Guy Jorré (tv)
1979 : Rue du Pied de Grue de Jean-Jacques Grand-Jouan
1980 : Mon oncle d’Amérique d’Alain Resnais
1980 : Une semaine de vacances de Bertrand Tavernier
1980 : L'Enfant dans le corridor de Jacques Tréfouël (tv)
1981 : Molière, ou la vie d’un honnête homme d’Ariane Mnouchkine (tv)
1981 : La Ville noire de Jacques Tréfouël (tv)l
1982 : Le Crime d’amour de Guy Gilles
1983 : Les Îles d’Iradj Azimi
1984 : Sortie interdite de Patty Villiers (tv)
1984 : L'Amour à mort d’Alain Resnais
1987 : Monsieur Benjamin de Marie-Hélène Rebois (tv)
1987 : Le Moine et la sorcière de Suzanne Schiffman
1987 : Nuit docile de Guy Gilles
1989 : Noce blanche de Jean-Claude Brisseau
1990 : Projections de Frédéric Compain


Filmographie de Jean DASTÉ
 
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