André Pierre Darricau naît le 27 août 1925 à Vittel dans les Vosges. Il passe une enfance de chenapan blagueur dans une famille très stricte, son père médecin appartient à la haute bourgeoisie basque. Il ne connaîtra le nom de sa mère naturelle qu'à l'adolescence, madame Louise Daricau l'épouse de son père ayant simulé une grossesse pendant six mois pour éviter le scandale. Sa famille s'installe en Italie. Traumatisé, à huit ans, par une gouvernante qui le suspendit dans le vide par les pieds, il en gardera un zozotement toute sa vie. Une blessure à la hanche pendant le championnat de France de pelote basque l'oriente vers des études musicales.
L'huluberlu zozotant
En 1951, le jeune homme à la silhouette filiforme, aux cheveux frisés et au regard malicieux derrière de fines lunettes, débute comme pianiste, sous le nom de Darry Cowl, au cabaret Les Trois Baudets à Paris. Il accompagne les débuts de Georges Brassens, Jacques Brel, Bourvil, Léo Ferré ou Charles Aznavour. À la demande de Jacques Canetti, le propriétaire, il joue des petits sketches comiques entre deux tours de chant. Dès 1954, il fait des apparitions au cinéma pour, entre autres, Norbert Carbonnaux, Michel Boisrond et André Berthomieu. C'est au cabaret que Sacha Guitry le remarque et lui offre un rôle qui lance sa carrière, en 1956, dans Assassins et voleurs aux côtés de Michel Serrault et Jean Poiret. En 1957, Le triporteur, réalisé par Jack Pinoteau, le révèle au grand public et lui ouvre les portes du succès et de la célébrité. Il se trouve propulsé au premier rang des plus grandes vedettes comiques. Cette année-là, il apparaît dans une douzaine de films.
La passion dévorante du jeu
Par la suite, Darry Cowl compose un personnage de pitre bégayant dans de nombreuses comédies vite filmées et aussitôt oubliées. Flambeur invétéré, il ne cesse de tourner pour payer ses dettes de jeux. Ses compagnons de jeu forment une petite bande venue du cabaret comprenant Roger-Pierre et Jean-Marc Thibault, Jean Poiret et Michel Serrault, Jean Richard et Francis Blanche. Il fait de mémorables apparitions notamment dans Archimède le clochard de Gilles Grangier, Les livreurs de Jean Girault, Les tribulations d'un chinois en Chine de Philippe de Broca, Elle cause plus. elle flingue de Michel Audiard. Quelques grands cinéastes flairent en lui cette faculté à improviser à partir de pas grand-chose. Marco Ferreri le premier lui offre en 1971, le rôle du loufoque Major Archibald dans Touche pas à la femme blanche auprès de Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni. Suivent, Jean-Pierre Mocky, qui l'emploie pour des rôles de composition remarquables dans Les saisons du plaisir, Une nuit à l'Assemblée Nationale et Ville à vendre, puis Claude Lelouch pour Les Misérables avec Jean-Paul Belmondo et Anne Fontaine pour Augustin, roi du kung-fu.
Césarisé à près de 80 ans
Malgré une filmographie souvent indigne de son talent, Darry Cowl reste un acteur populaire et très aimé de son public. Outre ses participations au cinéma, il joue au théâtre, à la télévision et compose musique et chansons. Il obtient au théâtre un grand succès avec Docteur Glass. En 2001, il est enfin consacré par ses pairs, en recevant un César d'Honneur pour l'ensemble de sa carrière. Deux ans plus tard, Alain Resnais lui confie le rôle du concierge dans Pas sur la bouche, qui lui vaudra un César du meilleur second rôle. En 2005, il publie un livre de souvenirs Mémoires d'un canaillou, quatrième volume de souvenirs après Le Flambeur, Le Triporteur se livre et Débit de Paroles. Il apparaît une dernière fois dans deux films, La vie privée de Mehdi Ben Attia et Zina Modiano et L'homme qui rêvait d'un enfant de Delphine Gleize.
Il avait épousé l'actrice Rolande Kalis, rencontrée sur le film Les Pique-assiette, en 1966. Avec elle, il crée l'association Vive Dary qui décerne chaque année un prix récompensant un talent pluridisciplinaire reflétant l'esprit du comédien. Rolande l'accompagne sur plusieurs films dont son unique réalisation Jaloux comme un tigre, ainsi que dans ses deux derniers films. Très affaibli par un cancer du poumon depuis plusieurs années, Darry Cowl s'éteint dans son appartement de Neuilly-sur-Seine, le 14 février 2006 à l'âge de 80 ans.
FILMOGRAPHIE :
Avec Laetitia Casta
1955 : Quatre jours à Paris d'André Berthomieu
1955 : Paris canaille de Pierre Gaspard- Huit
1955 : Cette sacrée gamine de Michel Boisrond
1955 : Ces sacrées vacances de Robert Vernay
1955 : Bonjour sourire de Claude Sautet
1956 : La joyeuse prison d'André Berthomieu
1956 : Paris Palace Hôtel d'Henri Verneuil
1956 : En effeuillant la marguerite de Marc Allégret
1956 : Courte tête de Norbert Carbonnaux
1956 : À la Jamaïque d'André Berthomieu
1956 : Cinq millions comptant d'André Berthomieu
1956 : Fric-frac en dentelles de Guillaume Radot
1956 : Les lumières du soir de Robert Vernay
1956 : Assassins et voleurs de Sacha Guitry
1956 : L'amour descend du ciel de Maurice Cam
1957 : L'ami de la famille de Jacques Pinoteau
1957 : À pied, à cheval et en voiture de Maurice Delbez
1957 : Les lavandières du Portugal de Pierre Gaspard-Huit & Ramón Torrado
1957 : Fumée blonde de Robert Vernay
1957 : Le triporteur de Jacques Pinoteau
1957 : Ce joli monde de Carlo Rim
1957 : Dites 33 (Totò, Vittorio e la dotoressa) de Camillo Mastrocinque
1957 : Les trois font la paire de Sacha Guitry & Clément Duhour
1957 : Le naïf aux quarante enfants de Philippe Agostini
1957 : Le temps des œufs durs de Norbert Carbonnaux
1958 : Sois belle et tais-toi de Marc Allégret & Henri Verneuil
1958 : Chéri, fais-moi peur ! de Jacques Pinoteau
1958 : L'école des cocottes de Jacqueline Audry
1958 : Le petit prof de Carlo Rim
1958 : À pied, à cheval et en Spoutnik de Jean Dréville
1958 : Archimède le clochard de Gilles Grangier
1958 : Le train de 8 h 47 de Jacques Pinoteau
1958 : L'increvable de Jean Boyer
1959 : Vous n'avez rien à déclarer ? de Clément Duhour
1959 : Les affreux de Marc Allégret
1959 : Robinson et le triporteur de Jacques Pinoteau
1959 : Bouche cousue de Jean Boyer
1960 : La Française et l'amour de Jean Delannoy
1960 : Les pique-assiette de Jean Girault
1960 : Les moutons de Panurge de Jean Girault
1960 : Un martien à Paris de Jean-Daniel Daninos
1960 : Les fortiches de Georges Combret
1960 : Les amours de Paris de Jacques Poitrenaud
1961 : Les Parisiennes de Marc Allégret
1961 : Les petits matins de Jacqueline Audry
1961 : Les livreurs de Jean Girault
1961 : Les lions sont lâchés d'Henri Verneuil
1961 : Le crime ne paie pas de Gérard Oury
1962 : Tartarin de Tarascon de Francis Blanche
1962 : Les veinards de Jean Girault, Philippe de Broca & Jacques Pinoteau
1962 : Les bricoleurs de Jean Girault
1962 : L'abominable homme des douanes de Marc Allégret
1962 : Mandrin, bandit gentilhomme de Jean-Paul Le Chanois
1962 : Les saintes nitouches de Pierre Montazel
1963 : Strip-tease de Jacques Poitrenaud
1963 : Le bon roi Dagobert de Pierre Chevalier
1963 : Les pissenlits par la racine de Georges Lautner
1963 : Les gros bras de Francis Rigaud
1963 : Les combinards de Jean-Claude Roy
1964 : Jaloux comme un tigre de Darry Cowl
1964 : Les terreurs de l'Ouest (I magnifici brutos del West) de Marino Girolami
1964 : La bonne occase de Michel Drach
1964 : Déclic et des claques / L'esbroufe de Philippe Clair
1964 : Les gorilles de Jean Girault
1964 : Les baratineurs de Francis Rigaud
1965 : Les tribulations d'un Chinois en Chine de Philippe de Broca
1965 : La tête du client de Jacques Poitrenaud
1965 : Les bons vivants de Gilles Grangier & Georges Lautner
1965 : Les malabars sont au parfum de Guy Lefranc
1965 : La bourse et la vie de Jean-Pierre Mocky
1965 : Le lit à deux places de Jean Delannoy
1966 : Le grand bidule de Raoul André
1967 : Ces messieurs de la famille de Raoul André
1967 : Salut Berthe ! de Guy Lefranc
1969 : Le bourgeois gentil mec de Raoul André
1969 : Poussez pas grand-père dans les cactus de Jean-Claude Dague
1970 : Ces messieurs de la gâchette de Raoul André
1971 : Elle cause plus. elle flingue de Michel Audiard
1971 : Touche pas à la femme blanche de Marco Ferreri
1972 : L'heptaméron de Claude Pierson
1973 : La gueule de l'emploi de Jacques Rouland
1974 : Y'a un os dans la moulinette de Raoul André
1974 : C'est jeune et ça c'est tout ! de Claude Mulot
1975 : Trop c'est trop de Didier Kaminka
1976 : Le jour de gloire de Jacques Besnard
1977 : Un oursin dans la poche de Pascal Thomas
1977 : Arrête ton char. bidasse ! de Michel Gérard
1978 : Général. nous voilà ! de Jacques Besnard
1979 : Les Borsalini de Michel Nerval
1980 : Voulez-vous un bébé Nobel ? de Robert Pouret
1980 : Les surdoués de la première compagnie de Michel Gérard
1981 : Qu'est-ce qui fait craquer les filles ? de Michel Vocoret
1981 : Le bahut va craquer de Michel Nerval
1981 : T'es folle ou quoi ? de Michel Gérard
1982 : Pour cent briques t'as plus rien ! d'Edouard Molinaro
1982 : On s'en fout. nous on s'aime de Michel Gérard
1982 : On l'appelle catastrophe de Richard Balducci
1982 : Deux heures mois le quart avant Jésus-Christ de Jean Yanne
1983 : L'attrapeur (Liebe läßt alle Blumen blühen) de Marco Serafini
1983 : Ça va pas être triste ! de Pierre Sissier
1983 : Mon curé chez les Thaïlandaises de Robert Thomas
1984 : Liberté, égalité, choucroute de Jean Yanne
1985 : Le téléphone sonne toujours deux fois de Jean-Pierre Vergne
1986 : Suivez mon regard de Jean Curtelin
1987 : Les saisons du plaisir de Jean-Pierre Mocky
1988 : Une nuit à l'Assemblée Nationale de Jean-Pierre Mocky
1991 : Ville à vendre de Jean-Pierre Mocky
1994 : Les Misérables de Claude Lelouch
1995 : Ma femme me quitte de Didier Kaminka
1996 : Droit dans le mur de Pierre Richard
1998 : Augustin, roi du kung-fu d'Anne Fontaine
2001 : Le nouveau Jean-Claude de Didier Tronchet
2001 : Ah ! Si j'étais riche de Michel Munz & Gérard Bitton
2003 : Pas sur la bouche d'Alain Resnais
2004 : Le cou de la girafe de Safy Nebbou
2004 : Les Dalton de Philippe Haïm
2005 : L'homme qui rêvait d'un enfant de Delphine Gleize
2005 : La vie privée de Zina Modiano
Filmographie de Darry COWL