Andrée CLÉMENT
 Actrice française
Dans son autobiographie, Avec ces yeux-là, Michèle Morgan a écrit à propos de La Symphonie pastorale qui lui a valu le prix d'interprétation à Cannes : « Dans ce film je n'étais rien, c'est l'autre actrice qui était fabuleuse, pas moi. Moi je n'ai fait que l'admirer. Ce film est son film, pas le mien ». L'autre actrice c'est la tragique et très regrettée Andrée Clément.
Andrée Louise Boyer naît le 7 août 1918 à Marseille. D'une enfance méconnue, on ne sait à peu près rien des origines et des jeunes années de celle qui deviendra célèbre sous le patronyme d'Andrée Clément. Sa passion pour le jeu d'acteur lui vient lorsqu'elle organise des spectacles pour les scouts dont est la cheftaine. Les vacances terminées, elle gagne Paris et suit des études d'art dramatique au Conservatoire. Recalée, elle est cependant remarquée par Louis Jouvet en personne, Jean-Louis Barrault et Charles Dullin, subjugués par cette étrange fille aux deux longues nattes qui lui encadrent le visage en dépit de toutes les modes et lui balaient le creux des genoux.
Le luxe de la souffrance
Elle débute au cinéma en 1943 dans Premier de Cordée alors que la jeune première est déjà veuve de guerre. Son mari, épousé en 1939 est tombé au front dès les premiers jours de l'offensive de la bataille de France et l'a laissée seule avec une petite fille Dominique née après son décès en 1940. La jeune veuve ne joue d'ailleurs pas les jeunes écervelées folichonnes au cinéma. Elle apparaît généralement les cheveux tirés en un sévère chignon tressé mais avec une telle présence et une telle force noire, incarnant parfaitement ce que Jacques Prévert appelle le luxe de la souffrance.
Des personnages tourmentés
Après une courte apparition en sœur Élisabeth dans Les Anges du Péché de Robert Bresson, la jeune femme donne la réplique à Pierre Fresnay dans La Fille du Diable, à Michèle Morgan et Jean Desailly dans La Symphonie pastorale, à Simone Signoret dans Macadam, Serge Reggiani dans Coïncidences, à Paul Meurisse et Danielle Darrieux dans Bethsabée, Madeleine Sologne dans Une grande fille toute simple et le couple vedette Georges Marchal et Dany Robin dans La Soif des Hommes. Malgré son statut de vedette, Andrée répugne à se mêler à la vie trépidante du Tout-Paris. Si on la considère comme une anti-star, la réalité est moins simple. Déjà brisée dans le cour Andrée Clément l'est dans le corps. Elle souffre de tuberculose et la maladie exige d'elle de longs séjours loin du tumulte et de l'air vicié de la capitale. C'est presque un miracle si elle accepte de recevoir Cinémonde dans son appartement parisien en 1947. Pour les reporters elle joue les fofolles sur son balcon dominant la Seine. Elle accepte même de dénouer ses longs cheveux noirs qui lui tombent jusqu'aux genoux, chose insensée en cette époque de nuques dégagées.
Face à la maladie
Jusqu'en 1954, elle figure dans quatorze films, trouvant son meilleur rôle dans Dieu a besoin des hommes de Jean Delannoy où elle joue la scholastique Kerneis face au prêtre Pierre Fresnay. Elle prête sa voix au film Le Mystère du Folgoët de Brittia-Films et se produit au théâtre notamment dans Renaud et Armide de Jean Cocteau, le Don Juan mis en scène par Louis Jouvet en 1947 et dans Ardèle ou la Marguerite de Jean Anouilh en 1948, toujours des personnages en souffrance. Elle refuse une proposition d'Hollywood de tourner dans un film de William Dieterle et part pendant plusieurs mois au Pays basque pour soigner ses poumons. Elle apparait encore à l'écran dans l'un des sketches de Destinées de Jean Delannoy, aux côtés de Michèle Morgan en invraisemblable Jeanne D'Arc, et dans un rôle de secrétaire amoureuse de son patron dans La Vierge du Rhin de Gilles Grangier avec Jean Gabin. Mais la maladie aura raison de la résistance d'Andrée Clément. Elle s'éteint le 31 mai 1954, à l'âge de 35 ans des suites d'une affection pulmonaire. Elle avait la pudeur de sa maladie, et lorsqu'on la questionnait sur ses longues absences des écrans, elle répondait crânement : « Depuis mes débuts, on ne me propose que des choses graves, alors que je suis l'exact opposé de ces personnages. Je veux être gaie, jouer la fantaisie mais on ne pense pas à moi pour cela, alors, c'est vrai, j'ai songé à abandonner le cinéma. ». Heureusement pour les cinéphiles, ses beaux films lui ont survécu et on peut se joindre à Michèle Morgan pour cet hommage tant mérité à cette éphémère grande dame du cinéma français.


FILMOGRAPHIE :

Avec Louis Jouvet
1943 : Premier de cordée de Louis Daquin
1943 : Les Anges du pêché de Robert Bresson
1945 : La Fille du diable d'Henri Decoin
1946 : La Symphonie pastorale de Jean Delannoy
1946 : Macadam de Marcel Blistène
1946 : Coïncidences de Serge Debecque
1947 : Bethsabée de Léonide Moguy
1947 : Une grande fille toute simple de Jacques Manuel
1949 : La Soif des hommes de Serge de Poligny
1949 : Dieu a besoin des hommes de Jean Delannoy
1952 : Suivez cet homme de Georges Lampin
1952 : Destinées , partie « Jeanne d'Arc » de Jean Delannoy
1953 : La Vierge du Rhin de Gilles Grangier


Filmographie d'Andrée CLÉMENT
 
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