Pierre Clémenti est né le 8 septembre 1942 à Paris. Son père décédé pendant la deuxième guerre mondiale ne l'a pas reconnu et Pierre portera le nom de sa mère d'origine corse. comme son frère Maurice. Alors qu'il a 12 ans, il est placé en pension, un événement qui le marquera à jamais. Il suit les cours au Vieux-Colombier à Paris, débute sur scène dans Il faut passer par les nuages de François Billetdoux mis en scène par Jean-Louis Barrault à l'Odéon en 1964. Il rejoint ensuite l'American Center de Marc'O, troupe d'avant-garde théâtrale composée de Bulle Ogier, Jean-Pierre Kalfon, Valérie Lagrange ou Jacques Higelin.
Avec de prestigieux auteurs
Au cinéma, Pierre Clémenti débute dans le film d'aventures Chien de pique d'Yves Allégret puis apparaît furtivement dans la comédie Adorable menteuse de Michel Deville avec Marina Vlady. Mais c'est en interprétant le fils de Burt Lancaster dans le chef-d'œuvre Le Guépard de Luchino Visconti qu'il se fait remarquer. Jeune premier du cinéma français au tempérament rebelle, à l'image de son rôle dans Brigade anti-gangs de Bernard Borderie, on le retrouve dans Belle de jour de Luis Buñuel qui consacre Catherine Deneuve. Actrice qui est de nouveau sa partenaire dans l'agréable comédie libertine Benjamin où les mémoires d'un puceau de Michel Deville avec aussi Michèle Morgan et Michel Piccoli. Néanmoins, il refuse de rester ancré dans un cinéma commercial en privilégiant un cinéma underground comme l'adaptation des Idoles de Marc'O avec Bulle Ogier et Jean-Pierre Kalfon ou Le lit de la vierge de Philippe Garrel puis Luis Buñuel l'engage à nouveau pour La voie lactée.
Italie, terre de gloire et de décadence
Parallèlement, il réalise durant vingt ans une quinzaine de courts-métrages et oriente sa carrière vers l'Italie. Il est dirigé par Bernardo Bertolucci dans Partner et Le conformiste, Pier Paolo Pasolini dans Porcherie ou Liliana Cavani dans Les cannibales. Mais sa présence sur la péninsule cause sa perte en faisant la une des faits-divers. En 1971, il est arrêté à Rome pour détention et consommation de haschich et est incarcéré à la prison Reginacelli pendant dix-sept mois avant d'être relâché pour insuffisance de preuves. Pour payer son procès, il peint en prison et écrit des scénarios de films. Il relate cet événement dans un livre intitulé Quelques messages personnels.
Un retour discret pluridisciplinaire
Après son incarcération en Italie, la carrière de Pierre Clémenti va se marginaliser. Certes, il obtient le rôle titre de Sweet movie, une comédie au sujet sulfureux de Dusan Makavejev mais dès lors, il erre de films d'auteurs comme Le pont du nord de Jacques Rivette, L'Affiche rouge et La chanson de Roland de Frank Cassenti en courts-métrages d'inspiration underground (Livret de famille, Carte de voux, Visa de censure n°X) en passant par des téléfilms comme Deuil en 24 heures où il retrouve Cassenti ou Une confidence de Maigret avec Jean Richard en 1981 sans oublier le théâtre avec Héliogabale avec les ballets de Maurice Béjart, Richard III mis en scène par Francis Huster ou Marat-Sade de Peter Weiss. Il est également l'auteur d'une pièce de théâtre Chronique d'une mort retardée, de poèmes et d'un oratorio, Le deuxième Monde. Mais il ne parvient pas à retrouver l'aura de ses débuts. Il se cantonne dans des seconds rôles dans Quartet de James Ivory, Canicule d'Yves Boisset ou L'Autrichienne de Pierre Granier-Deferre. En 1997, il partage l'affiche avec Hugues Quester d'un film d'art et essai Le Bassin de J.W. de João César Monteiro qui passe totalement inaperçu. Alors qu'il apparaît une dernière fois dans Marrakech express de Gillies MacKinnon avec Kate Winslet, Pierre Clémenti décède à l'hôpital Cochin de Paris le 27 décembre 1999 d'un cancer du foie puis est inhumé au cimetière de Soucy dans l'Yonne. Pierre Clémenti s'était marié avec Margareth Le Van. Leur fils Balthazar Clémenti, né en 1965, poursuit une carrière de comédien commencée dans les réalisations de son père. Divorcé, il se remarie avec Nadine Arnoult. De cette union, naît Valentin. En 2006, la vie de cet écorché vif fait l'objet d'un roman intitulé Pierre Clémenti rédigé par la journaliste Jeanne Hoffstetterde.
FILMOGRAPHIE :
Avec Luis Buñuel
1961 : Adorable menteuse de Michel Deville
1963 : Le guépard (Il gattopardo) de Luchino Visconti
1964 : Les îles enchantées (As ilhas encantadas) de Carlos Vilardebó
1964 : Cent briques et des tuiles de Pierre Grimblat
1965 : L'homme qui rit (L'uomo che ride) de Sergio Corbucci
1965 : Un homme de trop de Costa-Gavras
1966 : Brigade antigangs de Bernard Borderie
1966 : Belle de jour de Luis Buñuel
1967 : Et si l'on faisait l'amour ? (Scusi, facciamo l'amore ?) de Vittorio Caprioli
1967 : Le jeu de la vie (pop' game) de Francis Leroi
1967 : Lamiel de Jean Aurel
1967 : Benjamin ou les mémoires d'un puceau de Michel Deville
1968 : Les idoles de Marc'O
1968 : Partner (Il Sosia) de Bernardo Bertolucci
1968 : La voie lactée de Luis Buñuel
1968 : Le lit de la vierge de Philippe Garrel
1968 : Les roses de Tourlaville de Jean-Paul Bourdeaudrucq
1968 : Roue de cendre (Wheel of ashes) de Peter Goldman
1969 : Son jour de gloire (La sua giornata di gloria) d'Edoardo Bruno
1969 : Les cannibales (I Cannibali) de Liliana Cavani
1969 : Porcherie (Porcile) de Pier Paolo Pasolini
1970 : Le conformiste (Il conformista) de Bernardo Bertolucci
1970 : Nini Tire-Bouchon (Nini Tirabusciò, la donna che inventò la mossa) de Marcello Fondato
1970 : Têtes coupées (Cabezas cortadas) de Glauber Rocha
1970 : Nécropolis de Franco Brocani
1970 : La pacifista / Smetti di piovere de Miklós Janscó
1970 : Jupiter de Jean-Pierre Prévost
1970 : La famille d'Yvan Lagrange
1971 : La cicatrice intérieure de Philippe Garrel
1971 : La victime désignée (La vittima designata) de Maurizio Lucidi
1971 : Crush proof de François de Menil
1973 : L'ironie du sort d'Édouard Molinaro
1973 : Le loup des steppes (Steppenwolf) de Fred Haines
1974 : Sweet movie de Dusan Makavejev
1975 : Le berceau de cristal de Philippe Garrel
1975 : Le fils d'Amr est mort de Jean-Jacques Andrien
1976 : L'affiche rouge de Frank Cassenti
1976 : Les apprentis sorciers d'Edgardo Cozarinsky
1977 : Zoo zero d'Alan Fleischer
1978 : Plages sans suites de Jean-Marc Turine
1978 : La chanson de Roland de Franck Cassenti
1978 : Historia d'Eva (Piccole labbra) de Mimmo Cattarinich
1979 : Madame Sourdis de Caroline Huppert (tv)
1979 : La vraie histoire de Gérard Lechomeur de Joacquim Lletó
1979 : New old ou les chroniques du temps présent de Pierre Clémenti
1979 : La brune et moi de Philippe Puicouyoul
1980 : Cauchemar de Noël Simsolo
1981 : Quartet de James Ivory
1981 : Le pont du Nord de Jacques Rivette
1981 : L'amour des femmes de Michel Soutter
1981 : Chassé-croisé d'Arielle Dombasle
1982 : Deuil en 24 heures de Franck Cassenti (tv)
1982 : 44 ou les récits de la nuit de Moumen Smihi
1982 : Surexposé (Exposed) de James Toback
1983 : Le journal d'Edith (Ediths Tagebuch) d'Hans W. Geissendörfer
1983 : Canicule d'Yves Boisset
1983 : Par ordre du Roy de Michel Mitrani (tv)
1984 : Clash de Raphaël Delpart
1984 : Le Rapt de Pierre Koralnik
1985 : À l'ombre de la canaille bleue de Pierre Clémenti
1985 : Une Femme innocente de Pierre Boutron (tv)
1987 : L'enfant (Un bambino di nome Gésù) de Franco Rossi
1988 : Une Femme tranquille de Joyce Buñuel (tv)
1989 : Un dieu rebelle (Hard to be a god) de Peter Fleishmann
1989 : L'Autrichienne de Pierre Granier-Deferre
1989 : Manon Roland d'Édouard Molinaro (tv)
1990 : Massacres de Jean-Claude Roy
1992 : Attendre le navire d'Alain Raoust
1996 : Le bassin de J.W. (A bacia de John Wayne) de João César Monteiro
1998 : Le goût des fraises de Franck Cassenti (tv)
1998 : Marrakech Express (Hideous Kinky) de Gilles MacKinnon
Filmographie de Pierre CLÉMENTI