Aimé Marius Clariond voit le jour le 10 mai 1894, à Périgueux, en Dordogne. Fils de comédiens, il suit ses parents dans leurs tournées dans le Sud de la France, et attrape très jeune le virus du théâtre. À l'âge de deux ans, il joue déjà sur scène, dans Le Bossu. Monté à Paris en 1910, il tente le concours d'entrée au Conservatoire... mais échoue à trois reprises. Aimé Clariond reste très marqué par la première guerre mondiale où il a été soldat de 1914 à 1917, blessé deux fois lors de la bataille de la Marne et au Chemin des Dames. Il reçoit la Croix de guerre. Il épouse à Vichy Marie Louise Marthe Richard qui met au monde une fille Jacqueline en 1922. En 1921, il entre au Théâtre de l'Odéon, où il sera pensionnaire pendant cinq ans. Il y interprète les classiques. Parallèlement à sa carrière théâtrale, Aimé Clariond débute au cinéma en 1931, avec Les frères Karamazov de Fédor Ozep. Il est vite remarqué en raison de sa prestance raffinée et de sa diction irréprochable. Très demandé par les réalisateurs, il tourne Lucrèce Borgia d'Albert Gance, où il est un impressionnant Machiavel, Crime et châtiment de Pierre Chenal d'après Dostoïevski, dans lequel il interprète Loujine, ou encore Les disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque.
Un seigneur du théâtre et des coulisses
Très distingué, il se montre parfaitement à l'aise dans les films historiques à costumes comme La route impériale de Marcel L'Herbier, La Marseillaise de Jean Renoir, Katia de Robert Siodmak, Entente cordiale de Marcel L'Herbier ou De Mayerling à Sarajevo de Max Ophüls. Durant cette même décennie, Aimé Clariond fait la connaissance de l'actrice Renée Simonot, de qui il se séparera quelques années après. Le couple a une fille Danielle, née en 1936. L'actrice épousera plus tard Maurice Dorléac et aura deux filles avec ce dernier, Catherine Deneuve et Françoise Dorléac. Pendant ce temps, Aimé a une liaison avec Jeanne Sully, fille du tragédien Mounet-Sully avec qui il a deux enfants Marie-Thérèse dite Clarionde en 1938 et François Aimé en 1942. Il divorcera de Marie Richard en 1941. Malgré une brillante carrière au cinéma, il n'en abandonne pas pour autant le théâtre. En 1936, il devient pensionnaire, puis sociétaire à la Comédie Française, où il restera jusqu'à la fin de ses jours. Il y travaille avec Louis Jouvet, Jacques Copeau, Jean Meyer, Jean-Louis Barrault et Pierre Dux, et interprète Hedda Gabler, Le Malade Imaginaire, Cyrano de Bergerac, Le Cid, Antoine et Cléopâtre, Le Bourgeois Gentilhomme mais aussi des auteurs contemporains comme Paul Claudel, François Mauriac ou Henri de Montherlant.
Des fourbes à la pelle
Mais le cinéma le réclame très vite à nouveau. Ses traits inquiétants, son regard sombre, son visage émacié et ténébreux lui permettent d'interpréter toute une galerie de personnages troubles. Voué aux rôles de figures historiques, de fourbes aristocratiques et de traîtres, il est Fouché dans Madame Sans-Gêne, le cynique marquis de Ronquerolles dans La duchesse de Langeais, Mr de Villefort dans Le comte de Monte-Cristo, Joseph Bonaparte dans Le fabuleux destin de Désirée Clary. Les rôles de barons, d'évêques, de ducs, de marquis, d'avocats ou de notables lui siéent à merveille. Sa silhouette, à la fois subtile et imposante, ne passe jamais inaperçue. Acteur reconnu, Aimé Cariond tourne énormément pendant la période de l'Occupation, à raison de plusieurs films par an. Il croisse par deux fois Raimu dans Le Colonel Chabert et L'Homme au chapeau rond après l'avoir comme partenaire un temps à la Comédie française.
Des traitres historiques et contemporains
À la Libération, sa carrière, aussi bien théâtrale que cinématographique, n'est nullement interrompue. Sur scène, il joue, au Théâtre Antoine, dans Le Carrosse du Saint-Sacrement de Prosper Mérimée, ou dans Le Misanthrope de Molière. Sur les écrans, on peut le voir dans Le Capitan de Robert Vernay ou encore dans Monsieur Vincent de Maurice Cloche où il est le cardinal de Richelieu. Dans les années cinquante, Sacha Guitry le fait tourner trois fois. On le voit également en Louis XV, dans Marie-Antoinette. Dans deux de ses derniers films, Voici le temps des assassins de Julien Duvivier et Les grandes familles de Denys de La Patellière, il a pour partenaire Jean Gabin. Aimé Clariond a eu deux autres enfants, Bernard en 1938 et France Aimée en 1944 de son union avec Irène Morozov, une russe adoptée en France. Après une filmographie très fournie, Aimé Clariond, dont le plus grand plaisir restait le théâtre, décède à Neuilly-sur-Seine, dans la nuit de la Saint-Sylvestre de l'année 1959.
FILMOGRAPHIE :
Avec Raimu
1931 : Les frères Karamasoff de Fédor Ozep
1932 : La voix sans visage de Leo Mittler
1933 : La belle de nuit de Louis Valray
1933 : Mariage à responsabilité limitée de Jean de Limur
1934 : Sans famille de Marc Allégret
1934 : Le prince Jean de Jean de Marguenat
1934 : Crime et châtiment de Pierre Chenal
1934 : La route impériale de Marcel L'Herbier
1935 : Lucrèce Borgia d'Abel Gance
1936 : L'île des veuves de Claude Heymann
1937 : Le mensonge de Nina Petrovna de Victor Tourjansky
1937 : La Marseillaise de Jean Renoir
1938 : Katia de Maurice Tourneur
1938 : Les disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque
1938 : Le révolté de Léon Mathot
1938 : Le petit chose de Maurice Cloche
1938 : Coups de feu de René Barberis
1938 : Derrière la façade de Georges Lacombe & Yves Mirande
1939 : Entente cordiale de Marcel L'Herbier
1939 : Paris-New York d'Yves Mirande
1939 : De Mayerling à Sarajevo de Max Ophüls
1941 : Madame Sans-Gêne de Roger Richebé
1941 : Mam'zelle Bonaparte de Maurice Tourneur
1941 : La duchesse de Langeais de Jacques de Baroncelli
1941 : Le destin fabuleux de Désirée Clary de Sacha Guitry
1942 : Le voile bleu de Jean Stelli
1942 : Les affaires sont les affaires de Jean Dréville
1942 : L'homme qui joue avec le feu de Jean de Limur
1942 : Monsieur La Souris de Georges Lacombe
1942 : Patricia de Paul Mesnier
1942 : Le comte de Monte Cristo de Robert Vernay
1942 : Les Roquevillard de Jean Dréville
1942 : L'auberge de l'abîme de Willy Rozier
1942 : Le chant de l'exilé d'André Hugon
1942 : Le baron fantôme de Serge de Poligny
1943 : Le soleil de minuit de Bernard-Roland
1943 : Domino de Roger Richebé
1943 : Donne-moi tes yeux de Sacha Guitry
1943 : Le colonel Chabert de René Le Hénaff
1943 : La valse blanche de Jean Stelli
1943 : Ceux du rivage de Jacques Séverac
1943 : La vie de plaisir d'Albert Valentin
1944 : Mademoiselle X de Pierre Billon
1944 : L'enfant de l'amour de Jean Stelli
1944 : La grande meute de Jean de Limur
1945 : J'ai dix-sept ans d'André Berthomieu
1945 : Étrange destin de Louis Cuny
1945 : Monsieur Grégoire s'évade de Jacques Daniel-Norman
1945 : Le capitan de Robert Vernay
1946 : Les aventures de Casanova de Jean Boyer
1946 : L'homme au chapeau rond de Pierre Billon
1946 : Le Café du Cadran de Jean Gehret & Henri Decoin
1947 : La septième porte d'André Zwoboda
1947 : Monsieur Vincent de Maurice Cloche
1947 : La ferme des sept péchés de Jean Devaivre
1948 : 56, Rue Pigalle de Willy Rozier
1948 : Fantômas contre Fantômas de Robert Vernay
1949 : La ronde des heures d'Alexander Ryder
1949 : L'épave de Willy Rozier
1949 : La danseuse de Marrakech de Léon Mathot
1950 : Rue des Saussaies de Ralph Habib
1951 : Foyer perdu de Jean Loubignac
1953 : Si Versailles m'était conté de Sacha Guitry
1954 : Napoléon de Sacha Guitry
1955 : Marie-Antoinette de Jean Delannoy
1955 : Je suis un sentimental de John Berry
1955 : Si Paris nous était conté de Sacha Guitry
1955 : Voici le temps des assassins de Julien Duvivier
1956 : Le secret de sœur Angèle de Léo Joannon
1956 : Les lumières du soir de Robert Vernay
1956 : Nathalie de Christian-Jaque
1957 : Trois jours à vivre de Gilles Grangier
1957 : À pied, à cheval et en voiture de Maurice Delbez
1958 : Les grandes familles de Denys de La Patellière
1958 : Délit de fuite de Bernard Borderie
1959 : Une fille pour l'été d'Édouard Molinaro
Filmographie d'Aimé CLARIOND