Jeannine Paulette Verret naît dans le quartier parisien de Belleville le 12 novembre 1929. Après des cours de massage médical, elle épouse Max Choureau en 1948 et ouvre avec lui un commerce à Paris pour vendre le miel produit dans le Gâtinais par les parents de Max. Ce commerce ne durera pas. Au cours de cette période, Jeannine suit le Cours Simon, puis, en 1953, sous le pseudonyme d'Etchika Choureau, tourne ses trois premiers films.
Belle et sensuelle
Elle anime auprès de Jean-Pierre Mocky l'épisode français dans Les Vaincus de Michelangelo Antonioni, obtient le prix Suzanne-Bianchetti du meilleur espoir féminin pour son rôle de fille-mère dans Les Enfants de l'amour et affronte Erich von Stroheim dans L'Envers du Paradis d'Edmond T. Gréville. Après ces débuts prometteurs, elle divorce de Max Choureau et tourne neuf films mettant en valeur sa sensualité comme Les Feux de l'été de Raymond Bernard, le mélodrame La Foire aux Femmes et rejoint Les Intrigantes d'Henri Decoin auprès de Jeanne Moreau et Raymond Rouleau. Après des apparitions dans des films européens, italiens et allemands, elle se lance à Hollywood en 1957 en participant à deux films de guerre américains réalisés par William A. Wellman et sortis en 1958. Elle campe une belle italienne courtisée par un lieutenant américain à Anzo dans Les Commandos passent à l'attaque puis incarne une prostituée dont tombe amoureux Tab Hunter dans Escadrille Lafayette.
La fiancée du prince
Mais sa carrière marque un temps d'arrêt quand elle défraye la chronique par sa liaison avec l'héritier du trône marocain, Moulay Hassan. Ils se rencontrent à Cannes, en 1956, alors que le jeune prince est en convalescence après une ablation des amygdales et que son pays, le Maroc, négocie pied à pied son indépendance. Ils ont tous deux 27 ans. Etchika Choureau, une blonde incendiaire, est déjà une actrice célèbre. Moulay Hassan, lui, fougueux et fringant, promis à régner un jour sur son royaume, est une personnalité connue du grand public français. Entre les deux jeunes gens, c'est le coup de foudre, et la convalescence de Moulay Hassan prend vite des allures de lune de miel. Le roi Mohamed V s'oppose à cette union mais décède peu après. Moulay Hassan devient le monarque du Maroc sous le nom d'Hassan II. La conjoncture politique est telle au Maroc que le nouveau souverain ne saurait risquer des réactions violentes en s'affichant avec une maîtresse européenne. Contre toute attente, la distance et le pouvoir n'éloignent pas les deux amants. En 1958, après plusieurs tentatives infructueuses pour revenir en haut de l'affiche, l'actrice décide d'abandonner le cinéma et s'installe à Rabat, près de « son prince ». Villa cossue du quartier Souissi, chauffeurs, domestiques, le tout aux frais du Palais. Etchika accède quasiment au rang de princesse et se fait une place dans la bonne société de la capitale administrative. Elle ne revoit pas officiellement le petit roi.
Dans l'ombre du roi
À partir de 1966, l'ex-actrice se réconcilie avec le roi. Elle vit à nouveau entre Paris, Rabat et Marrakech, et fréquente les membres de la famille royale. En 1968, elle épouse Philippe Rheims, un richissime commissaire-priseur français, qui devient lui aussi un « ami » du roi, et le décorateur attitré de plusieurs palais. Discrète, Etchika Choureau est approchée par plusieurs maisons d'édition pour publier ses Mémoires, mais elle refuse, privilégiant la loyauté et l'amitié. Elle accorde néanmoins un interview à Philippe Bouvard dans son appartement au Carlton tapissé des photos d'Hassan II. En 2004, Etchika est entendue par le juge chargé de la révouverture du dossier Ben Barka. Au cours de cette audition, elle a présenté, à la surprise générale, le passeport du général Oufkir, prétextant qu'il l'avait oublié chez elle un jour où il était venu lui transmettre un message de Hassan II. Elle n'a ensuite plus jamais été inquiétée par la justice. Elle s'éteint discrètement comme elle a vécu une grande partie de sa vie, le 24 janvier 2022 à Marrakech, à l'âge de 92 ans. Son décès est sobrement annoncé par son amie, la créatrice de mode Fadida El Gadi.
FILMOGRAPHIE :
Avec Alain Cuny
1953 : L'Envers du paradis d'Edmond T. Gréville
1953 : Les Enfants de l'amour de Léonide Moguy
1954 : Les Intrigantes d'Henri Decoin
1954 : Escalier de service, film à sketches de Carlo Rim
1954 : Une fille de Paris (Ein Mädchen aus Paris) de Franz Seitz
1955 : Les Fruits de l'été de Raymond Bernard
1955 : L'Impossible Monsieur Pipelet d'André Hunebelle
1956 : La Foire aux femmes de Jean Stelli
1956 : Toute la ville accuse de Claude Boissol
1956 : Les Lumières du soir de Robert Vernay
1957 : Responsabilité limitée (I colpevoli) de Turilo Vasile
1958 : Les commandos passent à l'attaque (Darby's Rangers) de W. Wellman
1958 : C'est la guerre (Lafayette Escadrille) de William A. Wellman
1962 : La Prostitution de Maurice Boutel
1964 : Angélique, marquise des anges de Bernard Borderie
1966 : Paris au mois d'août de Pierre Granier-Deferre
Filmographie d'Etchika CHOUREAU