Marcelle CHANTAL
 Actrice française
Marcelle Chantal naît dans une richissime famille de banquiers le 9 février 1901. Pour les demoiselles fortunées d'avant la grande guerre, l'écolage au dur métier de jeune fille commence tôt. C'est un incessant alignement de leçons dites d'arts d'agréments, à savoir le chant, la danse, le piano et même l'Anglais. Car le métier de jeunes filles est d'être agréables et ainsi ferrer le jeune greluchon fortuné qui ferait de la jeune fille du monde une dame du monde.
Une jeune fille rangée
À quinze ans, Marcel L'Herbier, ami de la famille, veut faire débuter Marcelle au cinéma et lui a fait tourner un bout d'essai fort concluant. Marcelle commet hélas une maladresse, elle ne cache pas sa joie et sa mère met alors son inévitable veto. Le 5 avril 1921 elle épouse un richissime américain, David Jefferson Cohn. L'avisé fiancé avait d'ailleurs joué de subtilité pour s'attacher le cour de sa belle. Puisque maintenant ils étaient fiancés, madame mère pouvait bien laisser sa fille tourner ce film qu'on lui proposait, puisque lui, futur mari n'y voyait aucun inconvénient. C'est ainsi qu'elle tourne pour Marcel L'Herbier Le Carnaval des vérités en 1919, avec Jaque-Catelain et Paul Capellani. Puis, le riche mari trouve plus simple de lui louer le théâtre des Champs-Elysées pour qu'elle y fasse ce que bon lui semble. Elle collabore alors entre autres avec Firmin Gémier et fait découvrir au tout Paris ébloui la magnifique danseuse Anna Pavlova. Elle cumule sa carrière de cantatrice et ses fonctions de directrice de théâtre jusqu'à ce que ses forces l'abandonnent et la laissent alitée pour de longs mois.
Distinction et humour
En 1929, suite à la défection de Pola Negri, Marcelle s'impose à l'écran sous le nom de madame Marcelle Jefferson Cohn dans le rôle de la Comtesse de la Motte pour L'affaire du collier de la reine de Gaston Ravel et Tony Lekain. Les spectateurs sont sous le choc, une star est née en un film, la plus allurale et peut-être la plus belle de toutes. Devenue Marcelle Chantal pour un public admiratif elle sait être une comédienne pleine de distinction raffinée et d'humour. Elle devient bientôt pour le monde entier l'archétype de l'élégance française. En dix ans elle tourne une vingtaine de films. Tous, bien entendu, en vedette et en donnant la réplique à quelques uns des plus illustres acteurs français de leur temps dont Pierre Richard-Willm dans Toute sa vie, Charles Vanel dans Au Nom de la Loi, Fernand Gravey dans Antonia, romance hongroise, Jules Berry et Lucien Baroux dans Baccara, Harry Baur dans Nitchevo et La Tragédie impériale ou Jean-Pierre Aumont dans L'Homme du Large. Pierre Chenal lui offre le rôle de Marie Capelle, accusée du meurtre de son mari par empoisonnement dans L'Affaire Lafarge. Pour certains d'entre eux, elle n'hésite pas à pousser la chansonnette comme dans La Vagabonde avec Jean Lumière ou La Gondole aux Chimères. Elle ne néglige non plus pour autant le théâtre et se produit dans La Tendresse d'Henri Bataille et Pranzini d'André Pascal et Henri Robert. Elle est littéralement outrée que l'Allemagne ose une nouvelle fois entrer en guerre avec la France et s'exile en Suisse où elle dirige des tournées théâtrales. La paix revenue, Marcelle Chantal retrouve un Paris bien changé. Les divines créatures allurales ont fait leur temps, Marcelle est aussi démodée que ses bonnes manières.
Un retour grâce à Colette
Elle tente quelques ultimes retours sans vraiment y croire, trop consciente des choses et d'elle-même pour se perdre en illusions. Si elle est en 1949 Marianne dans Julie de Carneilhan campée par Edwige Feuillère, puis l'héroïne vieillissante de Chéri face à Jean Desailly en 1951, c'est grâce à l'insistance de Colette qui a adoré vingt ans plus tôt ce que Marcelle avait fait de sa Vagabonde et qui estime que sa grâce et sa féminité ne souffrent pas de comparaisons. La star quitte alors son Paris adoré et se retire dans une propriété superbe au Pyla sur le bassin d'Arcachon. Avec la nostalgie, des propositions sont à nouveau faites à Marcelle Chantal, elle les refuse toutes. Le cancer l'emporte le 11 mars 1960 alors qu'elle vient de fêter son cinquante-neuvième anniversaire depuis un mois. Elle repose aujourd'hui au cimetière Montmartre.


FILMOGRAPHIE :

Avec Maurice Elvey
1919 : Le carnaval des vérités de Marcel L'Herbier
1929 : La tendresse de André Hugon
1929 : Le collier de la reine de Gaston Ravel & Tony Lekain
1930 : Le secret du docteur de Charles de Rochefort
1930 : Toute sa vie de Alberto Cavalcanti
1930 : Les vacances du Diable de Alberto Cavalcanti
1931 : L'ordonnance / Hélène de Victor Tourjansky
1931 : Le réquisitoire de Dimitri Buchowetzki
1931 : La vagabonde de Solange Térac
1932 : Au nom de la loi de Maurice Tourneur
1932 : Une nuit à Monte Carlo, court métrage de Robert Land
1934 : Amok de Fédor Ozep
1934 : Antonia, romance hongroise de Max Neufeld & Jean Boyer
1935 : Baccara d'Yves Mirande
1935 : L'île des veuves de Claude Heymann
1936 : Nitchevo de Jacques de Baroncelli
1936 : La porte du large de Marcel L'Herbier
1936 : La gondole aux chimères ( La gondola delle chimere ) de Augusto Genina
1937 : Romance des Flandres (A romance in Flanders) de Maurice Elvey
1937 : L'affaire Lafarge de Pierre Chenal
1937 : La Tragédie impériale de Marcel L'Herbier
1939 : Jeunes filles en détresse de Georg Wilhelm Pabst
1948 : Fantômas contre Fantômas de Robert Vernay
1949 : Julie de Carneilhan de Jacques Manuel
1951 : Chéri de Pierre Billon


Filmographie de Marcelle CHANTAL
 
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