Louise CARLETTI
 Actrice française
Même si Louise Carletti a quitté assez précocément le monde du cinéma, ses admirateurs garderont le souvenir d'une jeune actrice d'apparence gentille et sympathique avec un étrange visage triangulaire, deux yeux immenses tirés vers les tempes et un nez désinvolte. Ils ignorent peut-être que l'enfant de la balle d'une grande famille de saltimbanques possédait de nombreuses cordes à son art.
Une enfant de la balle
Louise Carletti, d'origine italienne, née Luisa Paola Armida Carboni, le 27 février 1922, à Marseille. Jumelle d'un frère qui ne survivra guère, la petite Luisa voit le jour au sein d'une famille d'artistes de cirque de renommée internationale, Les Carletti. Son père était contorsionniste, sa mère trapéziste, sa sœur aînée Vittoria acrobate. Nullement en reste, l'enfant fait ses débuts sur la piste dès l'âge de sept ans dans un numéro d'acrobatie musicale, tandis que la benjamine de la famille, Elena, se fera connaître plus tard sous le pseudonyme de Carlettina. De retour d'une tournée européenne, Vittoria et Luisa reçoivent une convocation de la compagnie Tobis pour laquelle le cinéaste Jacques Feyder s'apprête à tourner son nouveau film, Les gens du voyage en 1937. C'est la cadette qui est retenue, entamant ainsi, sans l'avoir cherché, une carrière d'actrice de cinéma dans le rôle d'une jeune fille éprise du fils de la dompteuse incarnée par Françoise Rosay. Après ce premier tournage munichois, la voici en Italie, pays de ses ancêtres, où Marcel L'herbier la dirige dans Terre de feu. Elle y donne la réplique à Mireille Balin, actrice phare de l'époque, qu'elle retrouvera dans les studios français pour Macao, l'enfer du jeu et L'assassin a peur la nuit, tous deux de Jean Delannoy. Elle tourne à deux reprises sous la direction du cinéaste allemand Georg WIlhem Pabst dans L'Esclave blanche avec Viviane Romance et Jeunes Filles en détresse avec Micheline Presle.
Un rayon de soleil
L'enfer des anges de Christian-Jaque, qui évoque le quotidien d'enfants misérables dans l'entre-deux-guerre, asseoit son statut de vedette. Elle décroche son premier rôle-titre avec Annette et la dame blonde, d'après Simenon, endossant un costume qu'Henri Decoin avait taillé sur mesure pour Danielle Darrieux. Elle y donne la réplique à Henri Garat, légende de la chanson en son temps mais dont la carrière décline. Tout va bien pour la jeune fille qui est à trois reprises la partenaire de la grande Gaby Morlay dans Le Diamant noir encore une fois de Delannoy, Mademoiselle Béatrice de Max de Vaucorbeil et Des jeunes filles dans la nuit de René Le Hénaff. La même année 1942, elle occupe le rôle titre de Patricia dans une production mineure facilement oubliable si l'un des assistants du réalisateur ne s'appelait Raoul André. Faveur de la providence ou erreur de parcours ? Sur le plan sentimental, le jeune homme fait indéniablement son bonheur, l'épousant en décembre 1955 et la faisant mère de leurs deux filles, Ariane future acolyte de Dorothée et Victoria dite Carlettina. Sur le plan professionnel, il est permis de se montrer plus réservé car Raoul, devenu metteur en scène et Louise feront l'essentiel de leurs carrières ensemble et ni Le village de la colère, ni Les pépées font la loi, ni Les indiscrètes ne nous feront oublier Nous les gosses de Louis Daquin. Pas même les premiers films écrits par Francis Blanche (L'Assassin est à l'écoute, Une Fille à Croquer). Tandis que son mari se spécialise dans la comédie franchouillarde, Louise est ignorée par les autres réalisateurs, excepté Roland Quignon qui dans Ah, quelle équipe l'associe à Pierre Trabaud et Sydney Bechet. Mais comment reprocher à la jolie Louise d'avoir préféré l'amour dans sa vie terrestre à la gloire dans une hypothétique postérité professionnelle ?
La vie de famille d'abord
Après la naissance de son fils, Louise Carletti prend ses distances avec son métier d'actrice pour s'occuper de sa famille. Encore un choix qui l'honore. Raoul André succombe à un cancer en 1992. Louise lui survivra dix ans jusqu'à son 80e anniversaire. Décédée le 10 mars 2002 à Boulogne-Billancourt, elle est inhumée dans cette même ville. Sa petite-fille, Eléonore Sarrazin-Carletti, a choisi également de devenir comédienne. La ressemblance entre Louise et Éléonore (Sabrina dans le feuilleton télévisé Plus belle la vie) est étonnamment frappante, tant dans les traits que dans la pétulance.


FILMOGRAPHIE :

Avec Raoul André
et leur fille Ariane
1938 : Les gens du voyage de Jacques Feyder
1938 : Terre de feu (Terra di fuoco) de Marcel L'Herbier & Giorgio Ferroni
1939 : Jeunes filles en détresse de Georg Wilhelm Pabst
1939 : L'esclave blanche de Marc Sorkin
1939 : Macao, l'enfer du jeu de Jean Delannoy
1939 : L'enfer des anges de Christian-Jaque
1940 : Le diamant noir de Jean Delannoy
1941 : Le club des soupirants de Maurice Gleize
1941 : Nous les gosses de Louis Daquin
1941 : L'assassin a peur la nuit de Jean Delannoy
1941 : Annette et la dame blonde de Jean Dréville
1942 : Patricia de Paul Mesnier
1942 : Des jeunes filles dans la nuit de René Le Hénaff
1943 : Mademoiselle Béatrice de Max de Vaucorbeil
1945 : Nous ne sommes pas mariés de Bernard-Roland
1945 : No siamo sposati de Gianni Pons version italienne de « Nous ne sommes pas mariés »
1945 : Fausse identité d'André Chotin
1946 : Le village de la colère de Raoul André
1946 : L'homme traqué de Robert Bibal
1946 : L'ennemi sans visage de Maurice Cammage & Robert-Paul Dagan
1947 : La renégate de Jacques Séverac
1948 : L'assassin est à l'écoute de Raoul André
1950 : Une fille à croquer / Le petit chaperon rouge de Raoul André
1953 : Marchandes d'illusions de Raoul André
1954 : Les pépées font la loi de Raoul André
1955 : Les indiscrètes de Raoul André
1955 : Les pépées au service secret de Raoul André
1956 : Ah, quelle équipe ! de Roland Quignon
1961 : La planque de Raoul André
1965 : Mission spéciale à Caracas de Raoul André
1965 : Une Fille futée de Raoul André

Filmographie de Louise CARLETTI
 
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