Venue d’une famille aisée, Françoise de Ribon, dite Françoise Brion, est née le 29 janvier 1933 dans le 16e arrondissement de Paris. Elle suit en 1956 les cours au Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Elle débute sur les planches en 1955 et y mène une carrière ambitieuse en jouant Oscar Wilde, Euripide, Bertolt Breche, Jean Anouil sous la direction de metteur en scène prestigieux comme Pierre Dux, Michael Cacoyannis, Jacques Mauclair ou Roger Planchon jusqu’en 2011.
Le cinéma de Kast et Doniol-Valcroze
Elle aborde le cinéma en 1957 par des petits rôles comme dans Ariane où elle côtoie Gary Cooper, Le petit prof avec Darry Cowl, Katia avec Curd Jurgens et Romy Schneider et Un témoin dans la ville avec Lino Ventura. Elle épouse l’acteur Paul Guers, son partenaire de théâtre en 1958. Françoise Brion devient avec L’Eau à la bouche de Jacques Doniol-Vacroze une égérie de la nouvelle vague intellectuelle. Elle tourne son premier film sous la direction de Pierre Kast, Le bel âge, marivaudage sur fond de partie de chasse qui sera suivi de Vacances portugaises, La naissance de l’empire romain et Les Soleils de l’île de Pâques. Elle divorce de Paul Guers en 1963 et partage sa vie avec Jacques Doniol-Valcroze, son réalisateur du drame Le Cœur battant où elle partage l’affiche avec Jean-Louis Trintignant et de La Dénonciation, une affaire criminelle rocambolesque avec Maurice Ronet. De son union avec le réalisateur naissent le futur acteur Simon Doniol-Valcrose et la réalisatrice et scénariste Diane Doniol-Valcroze. Distinguée et jouant d’une voix sublime, elle se surpasse dans L’Immortelle, le drame expérimental d’Alain Robbe-Grillet où elle offre une fabuleuse danse du ventre à son mari.
Des compositions audacieuses
Parallèlement à ces œuvres expérimentales et cérébrales, Françoise Brion joue les belles enjoleuses dans des films de Borderie avec Eddie Constantine comme Comment qu’elle est ? ou Lemmy pour les dames ou des polars grand public comme La blonde de Pékin de Nicolas Gessner. Dans les années 70, elle fait des incursions dans le cinéma érotique où elle se dévêt gracieusement dans Le sourire vertical de Robert Lapoujade, Le miroir obscène de Jésus Franco ou Les bijoux de famille de Jean-Claude Laureux. Elle devient une audacieuse et vénéneuse comédienne de composition. Elle est la Grande qui subit son époux, militant de la paresse dans Alexandre le Bienheureux avec Philippe Noiret. Elle fait un détour à Hollywood dans Rosebud d’Otto Preminger auprès de Peter O’Toole. Elle est l’épouse de Jean-Luc Bideau, un personnage méprisable qui prend part à une partie de chasse pour capturer une jeune femme violée dans La Traque. Elle est une amie snob dans Un beau monstre avec Virna Lisi et Helmut Berger, une maquerelle dans Adieu Poulet, une mère bourgeoise dans Néa auprès de Sami Frey et la mère d’Ann-Gisel Glass dans le drame torturé de Jacques Doillon, La tentation d’Isabelle.
Théâtre et télévision
À partir de 1976, elle se consacre à la télévision et au théâtre, acceptant des rôles secondaires au cinéma dans Attention, les enfants regardent, Rue du Bac, Isabelle Eberhardt ou Lucie, l’ex-épouse de Michel Serrault dans Nelly et Monsieur Arnaud de Claude Sautet. Au théâtre, elle interprète Le Nombril de Jean Anouilh, Les brumes de Manchester de Frédéric Dard sous la direction de Robert Hossein, Trois femmes grandes d’Edward Albee, S’agite et se pavane d’Ingmar Bergman et La langue de la montagne d’Harold Pinter mis en scène par Roger Planchon. Sa présence à la télévision est tout aussi étonnante, passant de la série H, parodie des feuilletons hospitaliers à Maigret, des Liaisons dangereuses de Josée Dayan avec une Catherine Deneuve qui a passé l’âge de jouer la marquise de Merteuil au feuilleton Les Bleus, premiers pas dans la police. Elle est saisissante dans Des yeux pour pleurer, un téléfilm signé André Cayatte où elle incarne une femme qui accuse un syndic d’avoir poussé son mari au suicide. Elle fait sa dernière apparition en maîtresse de chien dans Le premier jour du reste de ma vie de Rémi Bezançon en 2008. Mais peut-être n’a-t-elle pas dit son dernier mot.
FILMOGRAPHIE :
Avec Jacques
Doniol-Valcroze
1957 : Donnez-moi ma chance de Léonide Moguy
1957 : Nathalie de Christian-Jaque
1958 : Cette nuit-là de Maurice Cazeneuve
1958 : Le Petit Prof de Carlo Rim
1959 : Katia de Robert Siodmak
1959 : Un témoin dans la ville d’Édouard Molinaro
1960 : Le Bel Âge de Pierre Kast
1960 : Le Saint mène la danse de Jacques Nahum
1960 : Le Cœur battant de Jacques Doniol-Valcroze
1960 : L'Eau à la bouche de Jacques Doniol-Valcroze
1960 : Comment qu'elle est ? de Bernard Borderie
1962 : Et Satan conduit le bal de Grisha Dabat
1962 : L'Immortelle d’Alain Robbe-Grillet
1962 : Les Parisiennes, "Françoise" de Marc Allégret
1962 : Lemmy pour les dames de Bernard Borderie
1962 : La Dénonciation de Jacques Doniol-Valcroze
1963 : Codine d’Henri Colpi
1963 : Vacances portugaises de Pierre Kast
1963 : Dragées au poivre de Jacques Baratier
1964 : Elle est à tuer de Dossia Mage (cm)
1964 : Les murs de Jean Kerchbron (tv)
1964 : Le Salaire du crime (El salario del crimen) de Julio Buchs
1965 : La peine perdue de Maurice Cazeneuve (tv)
1966 : La naissance de l’empire romain de Pierre Kast (tv)
1966 : Cartes sur table (Cartas boca arriba) de Jesús Franco
1967 : La Blonde de Pékin de Nicolas Gessner
1967 : De cuerpo presente d’Antonio Eceiza
1967 : Alexandre le Bienheureux d’Yves Robert
1967 : Le tueur de chipeaux de Jean-Paul Carrère (tv)
1968 : To Grab the Ring de Nikolai Van den Heyde
1969 : Les Gommes de Lucien Deroisy
1971 : Traité du rossignol de Jean Fléchet
1971 : Les Soleils de l'île de Pâques de Pierre Kast
1971 : Un beau monstre de Sergio Gobbi
1972 : La Chambre rouge de Jean-Pierre Berckmans
1973 : Le Sourire vertical de Robert Lapoujade
1973 : Le Miroir obscène (Al otro lado del espejo) de Jesús Franco
1974 : Le Passager (Caravan to Vaccares) de Geoffrey Reeve
1975 : Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre
1975 : La Traque de Serge Leroy
1975 : Les Bijoux de famille de Jean-Claude Laureux
1975 : Rosebud (Rosebud) d’Otto Preminger
1976 : Néa de Nelly Kaplan
1976 : Bonjour Paris de Joseph Drimal (tv)
1977 : Le Point de mire de Jean-Claude Tramont
1977 : Esprit de suite de Jean Hennin (tv)
1978 : C’est arrivé à Paris de François Villiers (tv)
1978 : Attention, les enfants regardent de Serge Leroy
1979 : Madame Sourdis de Caroline Huppert (tv)
1980 : Tarendol de Louis Grospierre (tv)
1981 : La randonnée de Georges Régnier (tv)
1982 : Des yeux pour pleurer d’André Cayatte (tv)
1984 : L'Amour en héritage (Mistral's Daughter) de Douglas Hickox, Kevin Connor (tv)
1985 : La Tentation d'Isabelle de Jacques Doillon
1985 : Le rébus d’Alain Boudet (tv)
1986 : French Lesson (The Frog Prince) de Brian Gilbert
1986 : Suivez mon regard de Jean Curtelin
1988 : La mort mystérieuse de Nina Chéreau de Dennis Berry (tv)
1989 : Tempête sur la Manche d’Édouard Logereau (tv)
1990 : Les hordes de Jean-Claude Missiaen (tv)
1991 : Rue du Bac de Gabriel Aghion
1991 : Isabelle Eberhardt d’Ian Pringle
1991 : Le comte Max (Il conte Max) de Christian De Sica
1993 : Gabriel de Mounir Dridi (tv)
1993 : Vincennes Neuilly de Pierre Dupouey
1995 : Nelly et Monsieur Arnaud de Claude Sautet
1998 : La dernière des romantiques de Joyce Buñuel (tv)
1998 : Week-end ! d’Arnaud Sélignac (tv)
1999 : La Bûche de Danièle Thompson
1999 : Meurtre sur mesure (Kill by Inches) de Diane Doniol-Valcroze et Arthur K. Flam
2000 : L'amour prisonnier d’Yves Thomas (tv)
2000 : Toutes les femmes sont des déesses de Marion Sarraut (tv)
2003 : Les Liaisons dangereuses de Josée Dayan (tv)
2003 : Le Divorce de James Ivory
2005 : Travaux, on sait quand ça commence... de Brigitte Roüan
2008 : Le Premier Jour du reste de ta vie de Rémi Bezançon
2023 : Conann de Bertrand Mandico
Filmographie de Françoise BRION