BOURVIL
 Acteur français
Bourvil a été le plus grand acteur comique de son époque. De son sens comique, de sa démarche, de son accent et de son rire « bête », il tire un personnage de paysan benêt que nombre de réalisateurs vont utiliser. Avec une humanité rare, il va personnifier le Français moyen disant : « Le monde est peuplé de Bourvil. L'avantage, c'est que je suis le seul à le savoir. »
André Robert Raimbourg naît en Normandie, durant la Première Guerre mondiale, le 27 juillet 1917. Ses parents exploitent une ferme à Prétot-Vicquemare. Il ne connaît pas son père, tué au front. Veuve, sa mère repart pour Bourville, son village natal, à une quinzaine de kilomètres de Saint-Valéry-en-Caux. Elle s'y remarie. André, après son certificat d'études, devient apprenti mitron. Déjà artiste dans l'âme, il fait le pitre dans les fêtes villageoises et intègre une fanfare municipale, ce qui lui permet de faire son service militaire à la musique du régiment qui tient garnison face au Château de Vincennes. Revenu à la vie civile, il participe à des jeux radiophoniques mais la Seconde Guerre mondiale est déclarée. Mobilisé, il suit la débâcle des malheureuses armées françaises. Démobilisé, il pratique tous les métiers dans un Paris occupé.
Le comique paysan
Il hante aussi les cabarets à la recherche d'un engagement en présentant un personnage de benêt au costume étriqué et en jouant de l'accordéon. Il fait sa première figuration au cinéma dans Croisières sidérales auprès de Madeleine Sologne. C'est à cette époque qu'il connaît la femme de sa vie, Jeanne, qu'il épouse en janvier 1943. Il prend alors son nom définitif de scène en référence au village de son enfance. À la libération et au début des années cinquante, Bourvil devient la coqueluche du Paris qui peut enfin s'amuser sans contrainte. Il est partout, dans les cabarets, à la radio. Malgré sa voix qui peine et son physique ingrat, il devient même chanteur d'opérette à côté de Georges Guétary et de Luis Mariano dans des œuvres qui seront plus tard adaptées au grand écran. Mais le cinéma va progressivement devenir l'activité principale de Bourvil après des débuts timides dans La Ferme du pendu de Jean Dréville, où il chante Les Crayons en 1945. Il tourne, en 1950, avec Jean Boyer dans Le rosier de Madame Husson, adaptation d'une nouvelle de Guy de Maupassant. La même année, il interprète le Léon Dutheil du rôle titre Le passe-muraille, auprès de l'anglaise Joan Greenwood, d'après l'œuvre satirique de Marcel Aymé. En 1952, il retrouve sa province natale pour Le Trou normand avec Pierre Larquey et la toute jeune Brigitte Bardot. Il est le faire valoir des héros de films en costume comme Georges Marchal dans Les trois Mousquetaires, François Périer dans Cadet-Rousselle ou Jean Marais dans Le Bossu et Le Capitan. Si le rire dans la qualité reste son principal objectif, il aborde un registre plus dramatique avec Seul dans Paris et La traversée de Paris qui le classe définitivement parmi les plus grands. Il donne magnifiquement la réplique à Jean Gabin qu'il retrouve dans Les Misérables en Ténardier. Il joue un mari antipathique dans Les Miroir à deux Faces et passe du comique au drame avec Fortunat, deux extraordinaires compositions auprès de Michèle Morgan.
Au sommet avec De Funès
En 1962, il rencontre son idole Fernandel dans La Cuisine au Beurre, mais Bourvil est très déçu et en dépit du succès conserve un mauvais souvenir de ce tournage. Sa rencontre avec Gérard Oury va le porter au sommet du box-office grâce au Corniaud et à La grande vadrouille en tandem avec Louis de Funès, mais aussi Le Cerveau avec Jean-Paul Belmondo. Fidèle à Grangier, Joannon ou Joffé, Bourvil travaille avec l'iconoclaste Jean-Pierre Mocky qui en fait un aristocrate pilleur de tronc dans Un drôle de Paroissien, un prof de lettres en guerre contre la télévision dans La grande Lessive, un inspecteur naïf dans La grande Frousse et un sexologue dans L'Étalon. Plus physique, il est un robuste forestier dans Les Grandes Gueules avec Lino Ventura. Il remonte sur scène pour La bonne Planque filmé dans le cadre d'Au théâtre ce soir pour la première émission. Il découvre une maladie de la moelle osseuse, qui le fait beaucoup souffrir sur le tournage des Cracks.
En 1970, loin du gugusse de ses débuts, Bourvil campe l'implacable policier Mattei dans Le Cercle rouge, film noir de Jean-Pierre Melville avec Alain Delon et Yves Montand. Malgré la maladie, il tourne encore Le mur de l'Atlantique avant de s'éteindre prématurément le 23 septembre 1970, entouré de sa femme et de ses deux fils Dominique et Philippe. Avec ses crayons, son eau ferrugineuse, ses chansons et sketches ainsi que sa cinquantaine de films, ce Normand simple au talent immense, laisse à jamais un grand vide dans le cour de tous les Français.


FILMOGRAPHIE :

Avec Michèle Morgan
1945 : La ferme du pendu de Jean Dréville
1946 : Pas si bête d'André Berthomieu
1947 : Par la fenêtre de Gilles Grangier
1947 : Blanc comme neige d'André Berthomieu
1947 : Le studio en folie, court métrage de Walter Kapps
1948 : Le cour sur la main d'André Berthomieu
1949 : Miquette et sa mère d'Henri-Georges Clouzot
1949 : Le roi Pandore d'André Berthomieu
1950 : Le rosier de madame Husson de Jean Boyer
1950 : Le passe-muraille de Jean Boyer
1951 : Seul dans Paris d'Hervé Bromberger
1951 : Cent francs par seconde de Jean Boyer
1952 : Le trou normand de Jean Boyer
1953 : Les trois Mousquetaires d'André Hunebelle
1953 : Si Versailles m'était conté de Sacha Guitry
1954 : Poisson d'avril de Gilles Grangier
1954 : Cadet-Rousselle d'André Hunebelle
1954 : Le fil à la patte de Guy Lefranc
1955 : Les Hussards d'Alex Joffé
1956 : La traversée de Paris de Claude Autant-Lara
1956 : Le chanteur de Mexico de Richard Pottier
1957 : Les Misérables de Jean-Paul Le Chanois
1958 : Le miroir à deux faces d'André Cayatte
1958 : Sérénade au Texas de Richard Pottier
1958 : Un drôle de dimanche de Marc Allégret
1959 : Le chemin des écoliers de Michel Boisrond
1959 : Le bossu d'André Hunebelle
1959 : La jument verte de Claude Autant-Lara
1960 : Le capitan d'André Hunebelle
1960 : Fortunat d'Alex Joffé
1961 : Le jour le plus long (the longest day) d'Andrew Marton
1961 : Tout l'or du monde de René Clair
1961 : Le Tracassin ou Les plaisirs de la ville d'Alex Joffé
1961 : Tartarin de Tarascon de Francis Blanche (apparition)
1962 : Les culottes rouges d'Alex Joffé
1962 : Les bonnes causes de Christian-Jaque
1962 : Un clair de lune à Maubeuge de Jean Chérasse
1963 : Un drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky
1963 : Le magot de Josefa de Claude Autant-Lara
1963 : La cuisine au beurre de Gilles Grangier
1964 : La grande frousse / La cité de l'indicible peur de Jean-Pierre Mocky
1964 : Le Corniaud de Gérard Oury
1964 : Le Majordome de Jean Delannoy (apparition)
1965 : Guerre secrète (The dirty game) de Christian-Jaque
1965 : La grosse caisse d'Alex Joffé
1965 : Les grandes Gueules de Robert Enrico
1966 : La grande Vadrouille de Gérard Oury
1966 : Trois enfants dans le désordre de Léo Joannon
1967 : Les Arnaud de Léo Joannon
1967 : Les Cracks d'Alex Joffé
1968 : La grande Lessive [!] de Jean-Pierre Mocky
1968 : Gonflés à bloc (Monte Carlo or bust) de Ken Annakin
1968 : Le Cerveau de Gérard Oury
1969 : L'Étalon de Jean-Pierre Mocky
1969 : L'arbre de Noël (the Christmas tree) de Terence Young
1970 : Clodo de Georges Clair (apparition)
1970 : Le cercle rouge de Jean-Pierre Melville
1970 : Le mur de l'Atlantique de Marcel Camus


Filmographie de BOURVIL
 
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