Thomy BOURDELLE
 Acteur et producteur français
Acteur massif au regard bleuté perçant, Thomy Bourdelle a été une des grandes vedettes du cinéma muet grâce à son amitié avec Léon Poirier. Sa haute stature lui permet de jouer les brutes au grand cœur à la manière de George Bancroft ou Victor McLaglen mais l’acteur puissant ne trouve plus de grands rôles après l’avènement du parlant et tombe injustement dans l’oubli.
Thomy Bourdelle est né à Paris, le 20 avril 1891. Il est communément admis qu’il est le neveu du grand sculpteur Antoine Bourdelle, bien qu’aucune confirmation ne soit faite de cette filiation. Élève aux beaux-arts de Reims, le jeune Thomy ou Tommy Bourdel comme il se fait appeler à l’époque (il est le frère de l’acteur Marcel Bourdel), est un sportif complet. Il est engagé au petit théâtre Morse à Passy par André Nonnez qui se fera connaître sous le nom d’André Nox.
Sous la houlette de Léon Poirier
Mobilisé pendant la Grande Guerre, il termine sous-lieutenant de cavalerie. Il renonce à la sculpture, pratique toujours le rugby à un haut niveau au Racing Club de France et fait de la figuration au théâtre. Remarqué par Léon Poirier qui recherche un jeune premier costaud à l’américaine, il se voit confier un rôle court de bourreau dans Jocelyn en 1922. Le cinéaste lui confie des personnages plus consistants dans Geneviève d’après Lamartine avec Laurence Myrga, Jocaste d’après Anatole France en docteur auprès de Sandra Milowanoff, L’Affaire du Courrier de Lyon tourné en trois parties, La Brière d’après Châteaubriant où son rôle s’amenuise jusqu’à disparaître et surtout Verdun, visions d’histoire où il joue un impressionnant officier allemand avec une belle densité. D’autres grands réalisateurs vont savoir tirer parti du jeune acteur aux yeux clairs car en plus de sa belle carrure, il possède indiscutablement un grand pouvoir d’émotion. Il est ainsi un des voyageurs imprudents de L’Auberge Rouge de Jean Epstein, le corsaire Marcof dans Surcouf de Luitz-Morat, le médecin-major de Pêcheur d’Islande de Jacques de Baroncelli, Kléber dans Jean Chouan de Luitz-Morat, le costaud manœuvre de L’enfant des halles de René Leprince avec Suzanne Bianchetti. Il participe à deux films d’avant-garde d’Alberto Cavalcanti, En Rade et Yvette et joue avec conviction un traître perfide dans La Divine Croisière de Julien Duvivier.
Second rôle de costaud
Au début du parlant, sa prestance lui permet de camper un truculent Porthos dans Les Trois Mousquetaires d’Henri Diamant-Berger. Il retrouve Léon Poirier pour la version sonorisée Verdun, souvenirs d’histoire dont il est coréalisateur. Le costume lui va bien et Thomy Bourdelle est tour à tour l’officier russe dans Le Rebelle d’Adelqui Migliar, son meilleur rôle auprès de Suzy Vernon, l’inspecteur Juve dans Fantômas de Paul Fejos, le général Westermann guillotiné avec Danton dans un film d’André Roubaud, le contrebandier Lourges dans La Maison dans la Dune, Esdras Chapdelaine dans Maria Chapdelaine de Julien Duvivier, le colonel Fougas dans L’Homme à l’oreille cassée de Robert Boudrioz d’après le roman d’Edmond About, le général colonial dans L’Appel du Silence de Léon Poirier qui retrace la vie de Charles de Foucauld, un juge dans Sœurs d’armes et Stanley dans Brazza, deux autres films de Léon Poirier pour lequel il est assistant. Crédible en bagnard Fric-Frac, compagnon de Chéri-Bibi de Léon Mathot avec Pierre Fresnay, il prend des allures comiques en mauvais garçon roulant les épaules dans Quatorze Juillet de René Clair.
Producteur et directeur de salle
Malgré ses grandes qualités, Thomy Bourdelle n’occupe plus les premiers rôles de bourrus ou de brutes au cœur tendre qui jadis ont fait son succès. Après 1941, on le retrouve directeur de production pour Le Valet maître de Paul Mesnier, Le Capitan de Robert Vernay ou Cœur de Coq de Maurice Cloche. Il se signale encore par quelques méchants dans Vendetta en Camargue ou Alerte au Sud, deux réalisations de Jean Devaivre mais ses rôles dans Capitaine Ardant, Grand Gala, Tabor ou Le Rouge et le noir sont si fugitifs qu’on les remarque à peine. Quant à ses derniers films, Le Rouge est mis en catcheur auprès de Lino Ventura et Jean Gabin et La Tête contre les murs en vétéran de la Grande Guerre interné dans un hôpital psychiatre le font apparaître comme l’ombre du grand acteur qu’il fut. Retiré des plateaux, Thomy Bourdelle dirige une salle de cinéma à Dijon. Il décède à Toulon, le 27 juin 1972 à l’âge de 81 ans dans un parfait et injuste anonymat.


FILMOGRAPHIE :

Avec Suzy Vernon
dans Le Rebelle
1922 : La Fille des chiffonniers d’Henri Desfontaines
1922 : Jocelyn de Léon Poirier
1922 : Roger la Honte de Jacques de Baroncelli
1923 : Geneviève de Léon Poirier
1923 : Le Taxi 313-X-7 de Pierre Colombier
1923 : Château historique d’Henri Desfontaines
1923 : L'Auberge rouge de Jean Epstein
1924 : Surcouf de Luitz-Morat
1924 : Jocaste de Gaston Ravel
1924 : Pêcheur d’Islande de Jacques de Baroncelli
1924 : L'Affaire du courrier de Lyon de Léon Poirier
1924 : La Brière de Léon Poirier
1924 : L'Enfant des halles de René Leprince
1925 : Jean Chouan de Luitz-Morat
1925 : Jack de Robert Saidreau
1925 : Les Dévoyés d’Henri Vorins
1926 : Les Fiançailles rouges de Roger Lion
1926 : Ma maison de Saint-Cloud de Jean Manoussi
1927 : En rade d’Alberto Cavalcanti
1927 : Yvette d’Alberto Cavalcanti
1927 : Le Martyre de Sainte-Maxence de E.B Donatien
1928 : La Divine Croisière de Julien Duvivier
1928 : Verdun, visions d’histoire de Léon Poirier
1930 : Caïn, aventures des mers exotiques de Léon Poirier et Emil-Edwin Reinert
1930 : Les Vacances du diable d’Alberto Cavalcanti
1930 : Sous les toits de Paris de René Clair
1931 : À mi-chemin du ciel d’Alberto Cavalcanti
1931 : Le Rebelle d’Adelqui Migliar
1931 : Tumultes de Robert Siodmak
1931 : Verdun, souvenirs d’histoire de Léon Poirier
1932 : Fantômas de Paul Fejos
1932 : Danton d’André Roubaud
1932 : Camp volant de Max Reichmann
1932 : Le Testament du docteur Mabuse de Fritz Lang
1932 : Mon ami Tim de Jack Forrester
1932 : Les Trois Mousquetaires d’Henri Diamant-Berger
1933 : Quatorze juillet de René Clair
1933 : L'Étoile de Valencia de Serge de Poligny
1933 : Pêcheur d’Islande de Pierre Guerlais
1933 : Adieu les beaux jours de Johannes Meyer et André Beucler
1934 : La Maison dans la dune de Pierre Billon
1934 : Maria Chapdelaine de Julien Duvivier
1934 : Vers l'abîme de Hans Steinhoff et Serge Veber
1934 : L'Homme à l'oreille cassée de Robert Boudrioz
1935 : Un homme de trop à bord de Gerhard Lamprecht et Roger Le Bon
1936 : Les Deux Favoris de Georg Jacoby et André Hornez
1936 : L'Appel du silence de Léon Poirier
1936 : Quand minuit sonnera de Léo Joannon
1936 : Traffic d’Armes (Seven sinners) d’Albert de Courville
1937 : Sœurs d’armes de Léon Poirier
1937 : Arsène Lupin détective d’Henri Diamant-Berger
1937 : Les Hommes sans nom de Jean Vallée
1938 : Chéri-Bibi de Léon Mathot
1938 : La Belle Revanche de Paul Mesnier
1938 : Adrienne Lecouvreur de Marcel L'Herbier
1939 : Brazza ou l'épopée du Congo de Léon Poirier
1939 : Le Danube bleu d’Emil-Edwin Reinert
1940 : Untel père et fils de Julien Duvivier
1940 : Le Collier de chanvre de Léon Mathot
1942 : Les Cadets de l'océan de Jean Dréville
1943 : Jeannou de Léon Poirier
1944 : Le Cavalier noir de Gilles Grangier
1947 : Un flic de Maurice de Canonge
1947 : La Route inconnue de Léon Poirier
1948 : La Bataille du feu ou Les Joyeux Conscrits de Maurice de Canonge
1949 : Vendetta en Camargue de Jean Devaivre
1950 : Bille de clown de Jean Wall
1951 : Capitaine Ardant d’André Zwobada
1952 : Grand Gala de François Campaux
1952 : Le Retour de Don Camillo de Julien Duvivier
1952 : Quitte ou double de Robert Vernay
1952 : La Fête à Henriette de Julien Duvivier
1952 : Vincennes première de Jacques Grassi (cm)
1953 : Alerte au Sud de Jean Devaivre
1953 : Tabor de Georges Peclet
1954 : Le Rouge et le Noir de Claude Autant-Lara
1957 : Fumée blonde de Robert Vernay
1957 : Le rouge est mis de Gilles Grangier
1958 : La Tête contre les murs de Georges Franju


Filmographie de Thomy BOURDELLE
 
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