Victor BOUCHER
 Acteur français
Sa vie durant, Victor Boucher a triomphé à la scène grâce à l'efficacité comique d'un jeu qui combine un débit hésitant à l'autorité du geste. Le visage séduisant barré d'une fine moustache en a fait un des rois du théâtre de boulevard. Heureusement, le cinéma nous a restitué tardivement le talent de ce prince de la scène, éminemment moderne.
Victor Boucher voit le jour à Rouen, le 24 août 1877. Après son certificat d'études le jeune Victor travaille comme aide-comptable. Mais son attrait du théâtre est le plus fort et il fait en parallèle ses premiers pas sur scène en amateur. Au tout début du vingtième siècle, il s'installe à Paris où il décroche un premier contrat dans un théâtre de boulevard. Précis, élégant, au comique s'appuyant sur les quiproquos, il obtient vite le succès et rentre dans la compagnie de Lucien Guitry. Il est mobilisé pendant la première guerre mondiale d'où il reviendra décoré de la croix de guerre. La paix revenue, il reprend son métier de comédien et triomphe dans tous les grands succès de l'époque. Il devient en 1927 directeur du célèbre théâtre de la Michodière. Il épouse Jeanne Maria-Claire Mariotta, une fille d'industriel qui présidera l'association La vie au grand air pour l'enfance.
Le roi du boulevard
Côté cinéma, Victor Boucher participe à deux courts métrages au temps du muet tirés de ses succès La petite chocolatière et L'idée de Françoise, mais il ne renouvelle pas l'expérience jusqu'à l'avènement du parlant. Alors que le cinéma cherche des acteurs rompus aux techniques théâtrales, la présence de Victor Boucher devient incontournable. En effet, le travail du comédien et fait de précision dans les gestes, les attitudes et les intonations au prix de nombreuses répétitions jusqu'à ce que le personnage éclipse tout le reste. Il fait une première apparition dans La douceur d'aimer de René Hervil «avec Renée Devillers et Alexandre Mihalesco et Arletty dont c'est l'une de ses premières interprétations au cinéma. Toujours sous la direction de René Hervil, Victor Boucher reprend, à l'écran Les vignes du seigneur d'après l'œuvre de Francis de Croisset et Robert de Flers, une pièce qu'il l'a conduit à un triomphe pendant plusieurs années. Fort de ce succès, il tourne en 1933, l'adaptation de la pièce d'Édouard Bourdet Le sexe faible réalisé par Robert Siodmak avec notamment Pierre Brasseur, Marguerite Moreno et la débutante Mireille Balin.
Un jeu résolument moderne
Victor Boucher qui approche de la soixantaine, va tourner dès lors une quinzaine de films, généralement tirés de pièces de boulevard, qu'il a lui-même créées à la scène. Grâce à son indubitable présence, il va marquer certains succès de l'époque. Et pourtant les rôles qu'il doit interpréter sont souvent ceux de personnages effacés face à de grandes personnalités. Il forme ainsi un duo contrasté des plus efficaces avec Elvire Popesco dans L'amant de Madame Vidal d'André Berthomieu et dans L'habit vert adapté pour l'écran par Roger Richebé. En 1939, le comédien retrouve la célèbre actrice roumaine dans Ils étaient neuf célibataires où Sacha Guitry évoque déjà le mariage blanc pour des étrangères voulant rester en France. Peu avant, Guitry l'avait fait affronter Raimu dans Faisons un rêve. En revanche, Claude Autant-Lara préfère embaucher à sa place Fernandel pour jouer le héros naïf de Fric Frac face aux escrocs que sont Arletty et Michel Simon alors que Victor Boucher avait créé le rôle sur les planches. Juste avant l'invasion allemande, Victor Boucher est encore l'époux de La Popesco dans Le bois sacré où Gaby Morlay et Marcel Dalio complètent la distribution.
Emporté en pleine gloire
Pendant l'occupation les spectateurs le verront encore dans une œuvre de Marc Allégret Parade en sept nuits au sujet original d'un chien, enfermé à la fourrière, qui raconte ses aventures avec les humains. Dans Ce n'est pas moi réalisé par Jacques de Baroncelli avec Jean Tissier, un banquier et un artiste peintre qui se ressemblent échangent leur état-civil. Ce sera la dernière composition de Victor Boucher au cinéma. Malgré de gros problèmes de santé, le comédien tient à honorer ses engagements. Mais le 21 février 1942 Victor Boucher décède d'une hémorragie cérébrale à Ville d'Avray en région parisienne. Le souvenir de ce grand acteur de théâtre nous reste cependant grâce aux quelques films qu'il a pu tourner.


FILMOGRAPHIE :

Avec Dolly Davis
1913 : La petite chocolatière court métrage d'André Liabel & Maurice Tourneur
1914 : L'idée de Françoise court métrage d'Émile Chautard
1930 : La douceur d'aimer de René Hervil
1931 : Gagne ta vie d'André Berthomieu
1932 : Les vignes du seigneur de René Hervil
1933 : Le sexe faible de Robert Siodmak
1934 : Votre sourire de Pierre Caron
1934 : La banque Nemo de Marguerite Viel & Jean Choux
1935 : Bichon de Fernand Rivers
1935 : L'amant de madame Vidal d'André Berthomieu
1936 : L'habit vert de Roger Richebé
1936 : Faisons un rêve de Sacha Guitry
1937 : Chipée de Roger Goupillères
1938 : Le train pour Venise d'André Berthomieu
1939 : Le bois sacré de Léon Mathot
1939 : Ils étaient neuf célibataires de Sacha Guitry
1940 : Parade en sept nuits de Marc Allégret
1941 : Ce n'est pas moi de Jacques de Baroncelli


Filmographie de Victor BOUCHER
 
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