Jeanne BOITEL
 Actrice française
Grande dame du théâtre, Jeanne Boitel n'a eu qu'un seul grand rôle au cinéma dans Remous d'Edmond T. Gréville, celui de Jeanne Saint-Clair partagée entre l'amour qu'elle éprouve pour son mari Jean Galland devenu impuissant à la suite d'un accident et son attirance pour le beau sportif interprété par Maurice Maillot. Un modèle de classe et de sensualité que le cinéma n'a que très rarement exploité.
Drame et chansons
Jeanne Boitel naît le 4 janvier 1904 à Paris. Elle entre à 19 ans au conservatoire de Paris et commence par monter sur les planches où elle est capable de jouer la comédie mais aussi de chanter. En 1931, elle tourne son premier film à Berlin Le petit écart, co-réalisé par Henri Chomette, frère aîné de René Clair et par Reinhold Schünzel. Elle a pour partenaire Pierre Richard-Willm qu'elle retrouve pour Un soir au front d'Alexandre Ryder, d'après la pièce du Belge Henri Kistemaeckers. Elle y incarne une jeune femme qui, dans l'Alsace encore annexée à l'Empire Germanique, sauve et aime un officier français mais reste fidèle à son mari allemand. Toujours la même année, elle donne la réplique à Victor Francen, le fidèle serviteur du duc de Reichstadt dans L'aiglon d'Edmond Rostand, adapté par Victor Tourjansky. Elle termine l'année par des comédies de boulevard dont L'amoureuse aventure de Wilhelm Thiele, avec Albert Préjean. L'année 1932 reste tout aussi active avec notamment Chotard et Cie de Jean Renoir, où Fernand Charpin empêche le mariage de sa fille avec un écrivain en herbe et Trois pour cent de Jean Dréville, où les parents d'un jeune homme pauvre empêchent son mariage avec une jeune fille riche ! En 1933, Jeanne Boitel est encore la vedette féminine de Casanova de René Barberis avec Ivan Mosjoukine dans le rôle du célèbre Vénitien mais aussi de Remous où elle est l'épouse infidèle d'un mari impuissant qui se suicide pour la laisser libre. Puis elle retrouve Reinhold Schünzel qui tourne à Berlin, Les dieux s'amusent, une comédie musicale sur le thème de la mythologie grecque, Jeanne y est une très jolie Alcimène épouse d'Amphitryon alias Henri Garat. Elle est aussi très convaincante en Madame de Pompadour dans Remontons les Champs-Élysées de Sacha Guitry.
Retour sur les planches
Pendant l'occupation allemande, l'actrice qui a déjà à sa filmographie une trentaine de titres en seulement dix ans, ne tourne qu'un seul court métrage. Par contre restée à Paris, Jeanne Boitel renoue avec ses premières amours en jouant notamment au théâtre de la Comédie des Champs-Élysées Un homme qui revient de loin et en interprétant au cours de la saison théâtrale 1942-1943, au Théâtre des Variétés, le rôle de Madame Vavalesco dans Son Excellence, une opérette de Maurice Yvain. Après la guerre elle reste fidèle aux planches et devient pensionnaire de la Comédie-Française de 1947 à 1966. Elle se produit notamment dans Ruy Blas de Victor Hugo, Britannicus de Racine, Cyrano de Bergerac de Rostand, et La Troupe du Roy un hommage de la Grande Maison à Molière. C'est Sacha Guitry qui l'a fait revenir au cinéma pour trois rôles successifs. Elle est Madame de Sévigné dans Si Versailles m'était conté. Puis elle se fait proche de Talleyrand en interprétant la duchesse de Dino, dans Napoléon avec Raymond Pellegrin avant d'incarner Sarah Bernhardt pour Si Paris m'était conté. Enfin sous la direction de Jean Delannoy, elle est la fidèle Madame Campan qui assiste jusque dans sa geôle, Michèle Morgan remarquable en Marie-Antoinette, puis elle devient l'épouse de Jean Gabin transformé en commissaire pour Maigret tend un piège. Jeanne Boitel devient une habituée du petit écran avec des retransmissions de pièces de théâtre et obtient un dernier petite rôle dans le feuilleton télévisé Le neveu d'Amérique avant de prendre une retraite bien méritée.
Une héroïne discrète
De sa liaison avec l'administrateur du Louvres Jacques Jaujard, elle a un fils François-Xavier né en 1946.Pendant l'occupation, elle a constitué un réseau discret de Résistance sous le pseudonyme de Mozart. Femme d'un grand sang-froid, elle a transporté des serviettes bourrées de documents dans le métro au milieu des Allemands. Cette activité lui a valu la croix de guerre, la rosette de la Résistance et la légion d'honneur. Elle décède dans sa ville natale dans sa quatre-vingt quatrième année, le 7 août 1987.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jean Gabin
1931 : Le petit écart de Reinhold Schünzel & Henri Chomette
1931 : L'Aiglon de Victor Tourjansky
1931 : Un soir, au front d'Alexandre Ryder
1931 : Une nuit à l'hôtel de Leo Mittler
1931 : L'amoureuse aventure de Wilhelm Thiele
1931 : Un coup de téléphone de Georges Lacombe
1932 : Ah ! Quelle gare ! de René Guissart
1932 : Si tu veux d'André Hugon
1932 : Chotard et Cie de Jean Renoir
1932 : Conduisez-moi, madame d'Herbert Selpin
1932 : Maurin des Maures d'André Hugon
1932 : Trois pour cent de Jean Dréville
1933 : Casanova / Les amours de Casanova de René Barberis
1933 : Le grillon du foyer de Robert Boudrioz
1933 : Son autre amour d'Alfred Machard & Constant Rémy
1933 : Remous d'Edmond T. Gréville
1934 : Famille nombreuse d'André Hugon
1935 : Les dieux s'amusent de Reinhold Schünzel & Albert Valentin
1936 : Romarin d'André Hugon
1936 : Femmes de Bernard-Roland
1937 : Les hommes de proie de Willy Rozier
1937 : Petite peste de Jean de Limur
1938 : Remontons les Champs-Élysées de Sacha Guitry & Robert Bibal
1938 : La mariage de Verena de Jacques Daroy
1938 : Enfants de troupes de George Pallu
1939 : Une main a frappé de Gaston Roudès
1953 : Si Versailles m'était conté de Sacha Guitry
1954 : Napoléon de Sacha Guitry
1955 : Si Paris nous était conté de Sacha Guitry
1955 : Marie-Antoinette de Jean Delannoy
1956 : Bonjour jeunesse de Maurice Cam
1957 : Maigret tend un piège de Jean Delannoy


Filmographie de Jeanne BOITEL
 
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