Christine BOISSON
 Actrice française
Née le 8 avril 1955, à Salon-de-Provence, Christine Boisson passe sa petite enfance au Maroc et rentre en France à neuf ans. Toute jeune, elle veut imiter son père et «faire pilote de chasse». Mais en 1973, elle présente sa candidature dans l'agence de mannequin de Catherine Harié. Christine Boisson n'a pas le temps de prendre la pose. Elle est remarquée par le photographe Just Jaeckin qui lui propose d'emblée un rôle au cinéma. Pour lui, elle se dénude dans Emmanuelle qui lance la mode du film érotique. L'année suivante, elle est Christina dans Le jeu avec le feu d'Alain Robbe-Grillet. Ces rôles de jeunes amazones exposant une nudité ravissante ne lui plaisent pas. Elle veut devenir comédienne. Mais l'image d'Emmanuelle lui colle à la peau. «Je m'usais à me cogner contre les étiquettes que je n'arrivais pas à décoller et qu'on n'arrêtait pas de me coller.» L'actrice sombre dans la drogue et l'alcool. Elle repart à zéro et entre au Conservatoire d'art dramatique de Paris où elle suit les cours de Roger Planchon, lequel lui donne ses premiers rôles importants dans La Mouette de Tchékhov, Antoine et Cléopâtre et La Mégère apprivoisée de Shakespeare, Andromaque de Racine et Lorenzaccio de Musset.
Le corps et l'esprit
Ressourcée, elle choisit de mettre sa plastique attirante au service d'un cinéma difficile et exigeant. Elle obtient son premier grand rôle au cinéma grâce à Jacques Bral dans Extérieur nuit, qu'elle interprète avec Gérard Lanvin. Ce film prend la comédienne à son propre piège. Christine Boisson cherche des rôles à l'opposé de ceux de ses débuts, mais son personnage de chauffeur de taxi paumé l'enferme dans une autre image, celle d'une actrice marginale. Michelangelo Antonioni lui demande d'être l'héroïne de son film Identification d'une femme. Toujours aux prises avec des difficultés personnelles, elle doit attendre quatre ans avant de retrouver un rôle. Rue Barbare, le polar âpre et violent que Gilles Bréhat adapte de Jean Vautrin avec Bernard Giraudeau, lui permet d'échapper pour un temps à l'emprise de son image de garçonne androgyne. Elle obtient en 1984 le prix Romy-Schneider. Même si elle donne l'impression de n'être jamais satisfaite de ses films, de nombreux réalisateurs continuent de tirer parti de sa fragilité. Elle est la petite Mimi dans Rue du Départ de Tony Gatlif, la jeune pied-noir de Liberté la nuiit de Philippe Garrel, l'hôtesse de La Maison de Jeanne de Magali Clément, la gérante de l'auberge d'Il y a des jours et des lunes de Claude Lelouch, la journaliste manipulée dans Radio Corbeau d'Yves Boisset, la femme du journaliste Michel Leeb dans Les Amies de ma Femme de Didier van Cauwelaert et la femme délaissée de Bernard Giraudeau dans Une nouvelle Vie d'Olivier Assayas. Elle poursuit sa carrière au théâtre sous la direction de Roger Planchon et Claude Régy, notamment dans C'était hier d'Harold Pinter et Par les Villages de Peter Handke.
Le jeu comme thérapie
Elle tourne des téléfilms d'une grande qualité comme La Digue de Jeanne Labrune, La Part de l'autre avec les frères Malet, Meurtres pour Mémoire de Laurent Heynemann avec Christophe Malavoy, La Rumeur d'Étienne Périer, Oh, Pardon tu dormais de Jane Birkin, Jean Moulin d'Yves Boisset, incarné par Charles Berling, Procès de famille d'Alain Tasma. Elle obtient le rôle récurrent de Catherine Alfonsi dans la série Reporters pendant deux saisons. Maïwenn lui rend hommage au cinéma en l'incluant comme prof de théâtre dans Le Bal des Actrices.
Dire que l'actrice Christine Boisson a subi des épreuves dans sa vie tient de l'euphémisme, tant son existence est marquée par la douleur. Ses rapports difficiles avec sa mère incestueuse (entre culpabilité de sa naissance et caresses déplacées) et son frère passif l'ont longtemps précipitée dans la dépression. Mère d'une fille avec un compagnon éphémère qu'elle dit incapable de se prendre en main, elle fait une tentative de suicide en octobre 2010 mais affirme qu'il ne s'agissait que d'un acte chantage. Un parcours terrifiant pour cette actrice de grand talent.


FILMOGRAPHIE :

Avec Philippe Garrel
et Maurice Garrel
1974 : La Bonne Nouvelle d'André Weinfeld
1974 : Emmanuelle de Just Jaeckin
1974 : Le Mouton enragé de Michel Deville
1975 : Thomas de Jean-François Dion
1975 : Le Jeu avec le feu d'Alain Robbe-Grillet
1975 : Divine de Dominique Delouche
1975 : Adom ou le sang d'Abel de Gérard Myriam Benhamou
1975 : Flic Story de Jacques Deray
1976 : Né pour l'enfer (Naked Massacre) de Denis Héroux
1980 : Extérieur, nuit de Jacques Bral
1980 : Seuls de Francis Reusser
1980 : Du blues dans la tête d'Hervé Palud
1980 : La Chanson du mal-aimé de Claude Weisz
1982 : Identification d'une femme (Identifidazione di una donna) de Michelangelo Antonioni
1982 : Les Ailes de la nuit (Flügel der Nacht) de Hans Noever et Ursual Jeshel
1983 : Liberté la nuit de Philippe Garrel
1984 : La Digue de Jeanne Labrune (tv)
1984 : Rue Barbare de Gilles Béhat
1984 : Paris vu par... 20 ans après, sketch « Rue Fontaine » de Philippe Garrel
1985 : Meurtres pour Mémoire de Laurent Heynemann (tv)
1986 : L'Aube de Miklós Jancsó
1986 : Rue du départ de Tony Gatlif
1986 : Le Passage de René Manzor
1987 : La Part de l'Autre de Jeanne Labrune (tv)
1987 : Le Moine et la Sorcière de Suzanne Schiffman
1987 : Jenatsch de Daniel Schmid
1987 : Dreamers (Ha-Holmim) d'Uri Barbash
1988 : La Maison de Jeanne de Magali Clément
1989 : Radio Corbeau d'Yves Boisset
1990 : Un amour de trop de Frank Landron
1990 : Il y a des jours et des lunes de Claude Lelouch
1990 : Une chaleur étouffante (Caldo soffocante) de Giovanna Gagliardo
1992 : Oh pardon, tu dormais ! de Jane Birkin (tv)
1992 : Les Amies de ma femme de Didier Van Cauwelaert
1993 : Une nouvelle vie d'Olivier Assayas
1993 : Les Marmottes d'Élie Chouraqui
1994 : Pas très catholique de Tonie Marshall
1994 : La Femme dangereuse de Gilles Béhat (tv)
1994 : Le Feu Follet de Gérard Vergez (tv)
1994 : Cour à prendre de Christian Faure (tv)
1995 : Bonjour Tristesse de Peter Kassovitz (tv)
1997 : La Rumeur d'Étienne Périer (tv)
1997 : L'Homme idéal de Xavier Gélin
1998 : Bébé volé de Florence Strauss (tv)
1999 : Love Me de Laetitia Masson
2000 : En face de Mathias Ledoux
2000 : In extremis d'Étienne Faure
2000 : La Mécanique des femmes de Jérôme de Missolz
2002 : La Vérité sur Charlie (The Truth about Charlie) de Jonathan Demme
2002 : Jean Moulin d'Yves Boisset (tv)
2003 : Procès de famille* d'Alain Tasma
2003 : Maigret et l'ombre chinoise de Charles Némès (tv)
2006 : Nous nous sommes tant haïs de Frank Apprédéris (tv)
2008 : J'ai rêvé sous l'eau (I dreamt under the water) d'Hormoz
2009 : Le Bal des actrices de Maïwenn
2009 : Une affaire d'État d'Éric Valette
2010 : Kataï de Claire Doyon
2015 : Calamity Qui ? de Isabelle Prim


Filmographie de Christine BOISSON
 
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