Lucienne BOGAERT
 Actrice française
« Le visage tuméfié, mangé par des yeux immenses, on a toujours l’impression que Lucienne Bogaert vient de recevoir une correction. Ces yeux hors de tête, qui dévorent une figure désolée, semblent pleurer un éternel chagrin. Lucienne Bogaert est vouée au deuil. » C’est ainsi que Lucienne Bogaert est décrite dans le site Cinéartistes. Avant tout actrice de théâtre, elle n’a tourné que 13 films de 1943 à 1973. Elle a surtout campé des matrones sordides et vindicatives qui sont restées dans toutes les mémoires.
Lucienne Jeanne Gabrielle Lefebvre voit le jour à Caudry dans le Nord, le 6 janvier 1892. Divorcée de son mari, le comédien Robert Bogaert, elle conservera son patronyme pour sa longue carrière.
Avec Copeau et Jouvet
Elle débute au théâtre dès 1917 sous la direction de Jacques Copeau pour des pièces du répertoire comme L’Avare et L’Amour médecin de Molière, Le Mariage de Figaro de Beaumarchais ou La Surprise de l’Amour de Marivaux. Elle accompagne Copeau aux États-Unis juste après la Grande Guerre. Elle rejoint la troupe de Louis Jouvet à la Comédie des Champs-Elysées, où elle crée deux pièces de Jean Giraudoux, Siegfried et Amphitryon 38. Elle joue des auteurs modernes comme Drieu La Rochelle (L’eau fraîche), Jean Sarment (Léopold le bien-aimé) et fait sensation dans le rôle du Sphinx dans la céation de La machine infernale de Jean Cocteau en 1934. Elle épouse le jeune acteur Jean Servais, de 18 ans son cadet mais leurs noces sont de courte durée.
Des femmes marquées et vindicatives
Lucienne Bogaert débute tardivement au cinéma à cinquante ans. Elle est la femme voilée qui cherche à piéger le docteur Germain (Pierre Fresnay) dans Le Corbeau d’Henri-Georges Clouzot. Puis elle est Europe, l’âme damnée de Vautrin, Michel Simon, ancien forçat inspiré de Vidocq. Elle connaît une liaison de plusieurs années avec le monstre sacré. Robert Bresson la dirige dans ce qui constitue son rôle le plus marquant dans Les Dames du Bois de Boulogne. Vénale et sans scrupule, elle n’hésite pas à prostituer sa fille, Élina Labourdette pour améliorer son quotidien. Toujours présente sur les planches dans La Folle de Chaillot et L’Apollon de Marsac, deux pièces de Jean Giraudoux mises en scène par Jouvet mais aussi dans La Neige était sale de Frédéric Dard dirigée par Raymond Rouleau, La Dame de Trèfle mis en scène par Michel Vitold ou Le Miroir d’Armand Salacrou. Elle n’accepte que des rôles secondaires au cinéma comme la mère indigne de Daniel Gélin dans Dieu a besoin des hommes de Jean Delannoy, l’impossible Madame Donnadieu dans Les Enfants de l’amour de Léonide Moguy. Spécialisée dans les rôles de mères dévoyées, elle campe la mère ravagée par la drogue de la garce démoniaque incarnée par Danièle Delorme qui piège le brave Jean Gabin dans Voici le Temps des assassins de Julien Duvivier. Elle est tout aussi vénéneuse dans Maigret tend un piège, en mère de Jean Desailly, opposée à sa belle-fille Annie Girardot.
Des personnages plus conciliants en vieillissant
Lasse de ces personnages équivoques, elle encourage sa fille Emmanuelle Riva a épouser Félix Marten dans Le Huitième Jour de Marcel Hanoun et joue les voisines bienveillantes de Madeleine Robinson dans Un gosse de la Butte. Mais elle revient aux femmes manipulatrices pour le sketch L’Affaire Hugues dans Le Crime ne paie pas de Gérard Oury où elle affirme que Michèle Morgan a une liaison avec son mari Franck Villard. Dans les années soixante, on la retrouve dans un petit rôle en vieille dame auprès du voyou Jean-Louis Trintignant dans Safari Diamants, en mère de Jean Topart dans Le Soleil des Voyous de Jean Delannoy où elle retrouve pour la troisième fois Jean Gabin et termine sa carrière en tenancière de maison close dans Les Volets clos de Jean-Claude Brialy, sa dernière apparition au cinéma. Lucienne Bogaert fait quelques incursions à la télévision. Elle tient le rôle principal (qu’elle a tenu 10 ans plus tôt au théâtre) dans Les Papiers d’Aspern que Raymond Rouleau adapte d’Henry James et celui de la bonne de La Dame aux Camélias auprès de Ludmila Tchérina. Lucienne Bogaert s’éteint à l’âge de 91 ans, le 4 février 1983 à Montrouge.


FILMOGRAPHIE :

Avec Pierre Renoir
et Valentine Tessier
1943 : Le corbeau d’Henri-Georges Clouzot
1944 : Vautrin de Pierre Billon
1944 : Les dames du Bois de Boulogne de Robert Bresson
1947 : Une grande fille toute simple de Jacques Manuel
1950 : Dieu a besoin des hommes de Jean Delannoy
1952 : Les enfants de l’amour de Léonide Moguy
1955 : Voici le temps des assassins de Julien Duvivier
1957 : Maigret tend un piège de Jean Delannoy
1959 : Le huitième jour de Marcel Hanoun
1961 : Le crime ne paie pas, partie L’affaire Hughes de Gérard Oury
1963 : Un gosse de la butte ou Rue des Cascades de Maurice Delbez
1966 : Le soleil des voyous de Jean Delannoy
1966 : Safari diamants de Michel Drach
1969 : Ombre blanche de Youri (tv)
1971 : Les Papiers d’Aspern de Raymond Rouleau (tv)
1971 : Tang d’André Michel (tv)
1972 : La dame aux camélias de Robert Maurice (tv)
1972 : Les volets clos de Jean-Claude Brialy
1973 : La belle au bois dormant de Robert Maurice (tv)


Filmographie de Lucienne BOGAERT
 
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