Estella BLAIN
 Actrice française
Les années cinquante furent propices à l'apparition de toute une génération de jeunes actrices appelées, après les douloureux événements de la guerre à combler le besoin de choses simples et divertissantes. Mais les plus sensibles ne réussirent pas à survivre à l'évanescence de leurs rêves. Estella Blain fut l'une d'entre elles.
Micheline Estellat est née à Paris, le 30 mars 1930, dans une famille modeste. D'origine basque, elle grandit dans le quartier parisien de Montmartre, tout près des studios Francour. On lui connaît un frère et deux sœurs, dont l'une, Jacqueline Estellat, deviendra conférencière. Peu assidue pour ses études, elle est attirée par le spectacle qu'elle découvre au fil des nombreux tournages qui se déroulent dans son quartier. Après quelques mois d'études de l'art dramatique chez René Simon et le gracieux enseignement de Gabrielle Fontan, elle débute sur les planches au Théâtre du Grand Guignol dans L'énigme de la chauve-souris en compagnie d'un jeune comédien Michel Piccoli. Engagée par Jean-Louis Barrault, elle donne la réplique à Yves Deniaud dans Irène innocente d'Ugo Betti.
Fruit sauvage
Remarquée par le réalisateur Hervé Bromberger, la jeune fille apparaît pour la première fois au cinéma en 1953 dans Les fruits sauvages, un sombre drame familial narrant l'errance d'une jeune fille ayant tué son père pour protéger sa sœur. Son manque d'expérience ne rebute pas le réalisateur qui lui confie le rôle titre. Elle s'y montre brune. Fraîchement mariée au jeune acteur Gérard Blain, c'est sous la combinaison de leurs deux patronymes qu'elle figure sur les affiches sous le nom d'Estella Blain. Des débuts si prometteurs laissent envisager un avenir intéressant. Pourtant, les choses tardent à se concrétiser, et les compositions suivantes d'Estella Blain ne dépassent guère le statut du second rôle. Elle est l'amie du photographe Jean-Marc Thibault dans Escalier de Service, la confidente d'Évelyne Ker dans Tant qu'il y aura des femmes d'Edmond Gréville et une des Collégiennes d'André Hunebelle, aigrie et peut-être amoureuse de l'une de ses camarades. Estella porte toujours une sombre chevelure. Mais face à l'émergence de Martine Carol et Brigitte Bardot, anciennes brunettes décolorées, nul doute que les hommes préfèrent les blondes. Estella Blain retient la leçon et met de l'or dans ses cheveux.
La pépée des cadors
En 1957, Hervé Bromberger vient donner un second coup de pouce avec le premier rôle féminin d'infirmière débutante en butte au harcèlement de son patron dans La bonne tisane. Commence alors une période rose pour l'actrice qui, pendant quelques années, installe son nom au sommet des affiches et se montre dans les soirées parisiennes. Dans Le fauve est lâché, c'est elle qui rattrape Lino Ventura, dans Les dragueurs de Jean-Pierre Mocky, elle est une des proies offertes à l'appétit de Jacques Charrier. Elle devient épouse adultère dans Colère froide, victime d'une machination dans L'Ennemi dans l'ombre, des premiers rôles mais sans grande consistance. Au début des années soixante, l'actrice tourne au-delà des frontières dans Les Pirates de la Côte, Totòtruffa ou Dans les Griffes du Maniaque. Elle fait un retour remarqué dans Angélique et le Roy et devient une des victimes consentante de l'ambitieux et amoral Jean-Louis Trintignant dans Le Mouton enragé de Michel Deville. Heureusement que le théâtre lui a donné une belle consolation avec La Mamma d'André Roussin, Hamlet mis en scène par Fernand Ledoux, La Cantate à trois voix de Claudel. C'est surtout vers la télévision (avec Claude Barma, C-J. Bonnardot, Jacques Villa), et la chanson qu'elle va désormais se tourner. Auteur et compositeur, elle enregistre plusieurs succès comme Solitude en 1965.
Sexy mais fragile
Estella Blain a divorcé de Gérard Blain en 1957. Elle convole avec le frère de Geneviève Page, Michel Bonjean et met au monde son fils Michel en 1959. Mais cette deuxième union se solde par un échec. Pour son fils, elle écrit le scénario d'une série télévisée en 13 épisodes, Un enfant nommé Michel. Estella ne fera plus qu'une apparition dans L'Oiseau Bleu diffusée pour le Noël 1981 à la télévision. Le 1er janvier 1982 au matin, elle est retrouvée morte dans le jardin de sa maison qu'elle occupait avec son compagnon d'alors, à Port-Vendres dans les Pyrénées-Orientales. Elle s'est suicidée avec une arme à feu de son compagnon. Elle avait 51 ans. « Je ne pourrais vivre sans jouer », avait-elle déclaré peu avant.


FILMOGRAPHIE :

Avec Henri Verneuil
1954 : Les Fruits sauvages d'Hervé Bromberger
1954 : Escalier de service de Carlo Rim
1955 : Tant qu'il y aura des femmes d'Edmond T. Gréville
1957 : Les Collégiennes d'André Hunebelle
1958 : La Bonne Tisane d'Hervé Bromberger
1959 : Le fauve est lâché de Maurice Labro
1959 : Les Dragueurs de Jean-Pierre Mocky
1959 : Des femmes disparaissent d'Édouard Molinaro
1960 : Colère froide d'André Haguet
1960 : L'Ennemi dans l'ombre de Charles Gérard
1960 : Le Rideau rouge de Claude Barma
1960 : Les Pirates de la côte (I Pirati della costa) de Domenico Paolella
1960 : L'Auberge du Cheval-Blanc (Im weißen Rößl) de Werner Jacobs
1961 : Tototruffa '62 de Camillo Mastrocinque
1963 : Le Tout pour le tout de Patrice Dally
1965 : La Corde au cou de Joseph Lisbona
1966 : Angélique et le Roy de Bernard Borderie
1966 : Dans les Griffes du Maniaque (Miss Muerte) de Jesús Franco
1966 : L'écharpe d'Abder Isker (tv)
1967 : Vivre la nuit de Marcel Camus
1968 : Tu retourneras poussière de Claude-Jean Bonnardot (tv)
1968 : La Puce à l'oreille (A Flea in Her Ear) de Jacques Charon
1969 : Les Têtes brûlées (Cabezas quemadas) de Willy Rozier
1971 : Les Nus (Çiplaklar) de Salik Sencer (inédit)
1971 : Le Soldat et la Sorcière, de Jean-Paul Carrère (tv)
1972 : Le Franc-tireur de Jean-Max Causse
1973 : Les Sauvagines de Jacques Villa (tv)
1974 : Le Mouton enragé de Michel Deville
1979 : La Dame aux coquillages, de Charles Paolini (tv)
1981 : L'Oiseau bleu de Gabriel Axel


Filmographie d'Estella BLAIN
 
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