Au cinéma, Jane Birkin fait des débuts remarqués dans Le knack de Richard Lester puis dans Blow up de Michelangelo Antonioni, où elle joue une des deux modèles qui pose nue pour le photographe. D'un film à l'autre, elle affirme sa personnalité, et son accent délicieux nous permet de la retrouver souvent dans le rôle de «l'anglaise», victime de sa méconnaissance des mours continentales. Elle fait des apparitions remarquées dans La Piscine de Jacques Deray et Le Mouton enragé de Michel Deville.
Toi Serge, moi Jane
Sa rencontre avec Serge Gainsbourg est décisive. Elle partage la vie de Gainsbourg de 1968 à 1980. Leur fille, Charlotte Gainsbourg née en 1971, sera également comédienne. Ensemble, ils jouent dans Slogan de Pierre Grimblat et dans Cannabis. Puis il la fait tourner dans ses propres films, Je t'aime, moi non plus qui révèle son talent de tragédienne, talent confirmé un an plus tard par Le diable au cour de Bernard Queysanne. Avec Mort sur le Nil de John Guillermin, puis Au bout du bout du banc de Peter Kassovitz, elle semble cantonnée à des rôles d'écervelée souriante et sympathique, ce qu'elle confirme dans des comédies à la mode comme La Moutarde me monte au nez, La Course à l'échalote, Circulez y a rien à voir ou Le Garde du Corps. A partir de 1981, elle vit quelques années avec le réalisateur Jacques Doillon, dont elle a une fille, Lou, née en 1982, également comédienne. Jacques Doillon exploite son tempérament dramatique dans La fille prodigue et, trois ans plus tard, il fait éclater sa personnalité passionnée dans La Pirate. Dès lors, elle ne se consacre plus qu'à des rôles dramatiques avec Dust de Marion Hænsel, Daddy nostalgie de Bertrand Tavernier, L'Amour par terre et La belle noiseuse de Jacques Rivette. En 1987, Jane Birkin se prête au talent d'Agnès Varda qui réalise un très beau portrait d'elle dans Jane B. par Agnès V. Elle passe donc du statut de vedette populaire à celui d'une actrice «sérieuse», sollicitée par les plus grands cinéastes contemporains dans des rôles variés.
Di doo dah
Les années 90 sont presque totalement consacrées à la chanson et marquées par la mort de Gainsbourg en 1991. Elle participe néanmoins au film d'Alain Resnais en 1997 On connaît la chanson et tourne dans deux films de réalisateurs britanniques, Last September de Deborah Warner et La fille d'un soldat ne pleure jamais de James Ivory. Elle revient après sept ans d'absence au cinéma français avec le film d'un jeune réalisateur de 25 ans, Rodolphe Marconi, qui lui fait tenir le rôle à contre-emploi d'une femme cruelle, sans compassion ni instinct maternel, dans Ceci est mon corps. Elle renoue ensuite avec la comédie dans Reines d'un jour de Marion Vernoux ou Mariées mais pas trop de Catherine Corsini. Dans ce dernier film, comme dans le désopilant Merci Dr Rey d'Andrew Litvack, elle reçoit des hommages appuyés qui la font apparaître telle une icône. Jane Birkin est une artiste au talent multiple. Elle poursuit une carrière de chanteuse pour de nombreux concerts. Elle joue à la télévision en incarnant notamment la femme de l'écrivain R.L. Stevenson. Poussée par Agnès Varda, elle écrit le scénario de Kung-fu master. Enfin, elle réalise en 1992 pour la télévision Oh, pardon ! tu dormais, qu'elle jouera au théâtre en 1999. Elle était déjà montée sur les planches, à l'occasion de L'aide-mémoire de Jean-Claude Carrière en 1994 avec Pierre Arditi. En 2005, elle interprète Gertrude dans Hamlet, mis en scène par Rupert Gould. Elle s'investit beaucoup dans l'humanitaire depuis les années 1990, et signe des courts métrages militants comme Contre l'Oubli pour Amnesty international ou 3000 scénarios contre un virus pour Sidaction. Une carrière marquée par l'excellence qui en fait de la gentille anglaise l'une des femmes les plus populaires du cinéma français. Victime d'un AVC en septembre 2021 et luttant pendant une dizaine d'année contre la leucémie, elle doit annuler tous les concerts prévus et décède à Paris, le 16 juillet 2023.
FILMOGRAPHIE :
Avec Dirk Bogarde
et Bertrand Tavernier
1965 : Jeunes gens en colère (The Idol) de Daniel Petrie
1965 : Le gentleman de Londres (Kaleidoscope) de Jack Smight
1966 : Blow-up (Blowup) de Michelangelo Antonioni
1967 : Wonderwall (Wonderwall : The movie) de Joe Massot
1968 : La piscine de Jacques Deray
1969 : Slogan de Pierre Grimblat
1969 : Les chemins de Katmandou d'André Cayatte
1969 : Alba pagana / Delitto a Oxford d'Ugo Liberatore
1969 : Cannabis de Pierre Koralnik
1970 : Sex power d'Henri Chapier
1970 : Trop petit mon ami d'Eddy Matalon
1971 : Ballade à Sarajevo (Devetnaest djevojaka i jedan mornar) de Milan Kosovac
1971 : Le voleur de chevaux (Romance of a Horsethief) d'Abraham Polonsky
1972 : Trop jolies pour être honnêtes de Richard Balducci
1972 : Don Juan 73 / Si Don Juan était une femme de Roger Vadim
1973 : Le manoir de fantasmes (dark places) de Don Sharp
1973 : Les diablesses (La Morte negli occhi del gatto) d'Antonio Margheriti
1973 : Projection privée de François Leterrier
1973 : Le mouton enragé de Michel Deville
1974 : Bons baisers de Tarzan de Pierre Desfons (tv)
1974 : Comment réussir. quand on est con et pleurnichard de Michel Audiard
1974 : La moutarde me monte au nez de Claude Zidi
1974 : Sérieux comme le plaisir de Robert Benayoun
1975 : La course à l'échalote de Claude Zidi
1975 : Catherine et Cie de Michel Boisrond
1975 : Sept morts sur ordonnance de Jacques Rouffio
1975 : Je t'aime, moi non plus de Serge Gainsbourg
1976 : Le diable au cour de Bernard Queysanne
1976 : L'amour c'est quoi au juste ? (Bruciati da cocente passione) de Giorgio Capitani
1977 : L'animal de Claude Zidi
1978 : Mort sur le Nil (Death on the Nile) de John Guillermin
1978 : Au bout du bout du banc de Peter Kassovitz
1979 : Mélancolie Baby (Melancholy Baby) de Clarisse Gabus
1979 : La miel (Honey) de Pedro Masó
1979 : Egon Schiele, enfer et passion (Egon Schiele) d'Herbert Vesely
1980 : La fille prodigue de Jacques Doillon
1980 : Rends-moi la clé ! de Gérard Pirès
1981 : Meurtre au soleil (Evil under the sun) de Guy Hamilton
1981 : Nestor Burma, détective de choc de Jean-Luc Miesch
1982 : Circulez y'a rien à voir de Patrice Leconte
1983 : L'ami de Vincent de Pierre Granier-Deferre
1983 : Le garde du corps de François Leterrier
1983 : La pirate de Jacques Doillon
1983 : Dorothée, le Show de Robert Réa (tv)
1983 : L'amour par terre de Jacques Rivette
1984 : Dust de Marion Hänsel
1984 : Le neveu de Beethoven de Paul Morrissey
1985 : Souvenirs secrets (Love all fair) de John Reid
1986 : La femme de ma vie de Régis Wargnier
1986 : Soigne ta droite de Jean-Luc Godard
1987 : Comédie ! de Jacques Doillon
1987 : Jane B. par Agnès V. d'Agnès Varda
1987 : Kung-Fu master d'Agnès Varda
1988 : Mer de Chine, le pays pour mémoire de Jacques Perrin (tv)
1989 : Daddy Nostalgie (Daddy Nostalgia) de Bertrand Tavernier
1990 : La belle noiseuse de Jacques Rivette
1990 : L'ex-femme de ma vie de Josée Dayan (tv)
1991 : Renard rouge (Red Fox) de Ian Toynton (tv)
1994 : Les cent et une nuits de Simon Cinéma d'Agnès Varda
1995 : Noir comme le souvenir de Jean-Pierre Mocky
1997 : On connaît la chanson d'Alain Resnais
1997 : Quand le chat sourit de Sabine Azéma (tv)
1998 : La fille d'un soldat ne pleure jamais (a soldier's daughter never cries) de James Ivory
1998 : Last september (The last september) de Deborah Warner
2000 : Cendrillon Rhapsodie (Cinderella) de Beeban Kidron (tv)
2000 : Ceci est mon corps de Rodolphe Marconi
2000 : Reines d'un jour de Marion Vernoux
2001 : Merci. Dr. Rey ! d'Andrew Litvack
2002 : Mariées mais pas trop de Catherine Corsini
2006 : Les Aventuriers des mers du sud de Daniel Vigne (tv)
2006 : La tête de maman de Carine Tardieu
2006 : Boxes, les boites (Boxes) de Jane Birkin
2008 : 36 vues du Pic Saint-Loup de Jacques Rivette
2009 : Thelma, Louise et Chantal de Benoît Pétré
2010 : Si tu meurs, je te tue d'Hiner Saleem
2011 : Venir au monde (Venuto al mondo) de Sergio Castellitto
2012 : Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier
2021 : Jane par Charlotte de Charlotte Gainsbourg
Filmographie de Jane BIRKIN