Suzanne BIANCHETTI
 Actrice française
Le nom de Suzanne Bianchetti est plus connu que l’actrice en raison du prix créé par son mari René Jeanne et décerné chaque année à l’actrice la plus prometteuse par la Société des auteurs et compositeurs dramatiques. Actrice de grand talent comptant parmi les vedettes préférées du public français de son époque, Suzanne Bianchetti a surtout brillé à l’époque du muet marquant de sa force dramatique quelques premiers classiques du cinéma hexagonal.
Suzanne Bianchetti voit le jour à Paris, le 24 février 1889, elle choisit très jeune une carrière d’actrice avec le soutien de sa famille. Elle apprend le chant et la comédie et se produit dans des adaptations musicales et des lectures de poésie. En 1913, elle épouse René Jeanne, un des critiques les plus respectés et influents du cinéma. Grâce à lui, elle débute à l’écran en remplaçant au pied levé Andrée de Chauveron pour incarner une des héroïnes du film patriotique, La Femme lors de la première guerre mondiale d’Alexandre Devarennes.
Des héroïnes de roman
Elle enchaîne avec ce réalisateur plusieurs films de propagande (Trois Familles) et des bandes comiques (Riquette). Elle est vraiment remarquée sous la direction de Jacques de Baroncelli dans Flipotte et le nouveau riche avec Sémery, Le Rêve d’après Zola avec Gabriel Signoret, Le père Goriot d’après Balzac, La Légende de Sœur Beatrix avec Sandra Milowanoff et La Flambée des rêves avec Charles Vanel. Devenue une véritable star, Suzanne Bianchetti fait partie de la brillante distribution réunie par Charles Burguet pour Les mystères de Paris, adapté en douze épisodes d’Eugène Sue. Elle apparaît belle, mystérieuse et séduisante dans L'enfant des Halles, un feuilleton réalisé par René Leprince. Dans Violettes impériales d’Henry Roussell, elle incarne l’impératrice Eugénie avec Émile Drain en Napoléon III. Mais la vedette du film est la belle Raquel Meller, étoile montante qui occupe à plusieurs reprises les premiers rôles des films de Suzanne Bianchetti.
Des souveraines de cinéma
L’actrice se spécialise dans des personnages royaux comme l’impératrice Marie-Louise dans Madame Sans-Gêne incarnée par Gloria Swanson, Catherine II de Russie dans Casanova auprès d’Ivan Mosjoukine, Marie-Antoinette dans Napoléon d’Abel Gance, rôle qu’elle reprend en Allemagne dans Cagliostro de Richard Oswald. Hautaine et méprisante dans le film de Gance, elle illumine de sa grâce majestueuse celui d’Oswald. Elle tourne plusieurs films en costumes pour Léon Poirier comme Jocelyn d’après Lamartine, L’Affaire du Courrier de Lyon ou Amours exotiques et compose une superbe Louise de Sermèze dans Les Aventures de Robert Macaire, incarné par Jean Angelo pour cinq épisodes signés Jean Epstein. Elle publie en 1927, une suite d’articles intitulé Quand j’étais impératrice, relatant les tournages souvent difficiles de ces films.
Le prix Suzanne-Bianchetti
Après l’avènement du cinéma sonore, Suzanne Bianchetti est sceptique jugeant qu’il s’agit d'un bond en arrière puisqu'il prive le film de son caractère international et elle s'inquiète de la difficulté des spectateurs à focaliser leur attention sur l'image s'ils doivent prêter attention à un dialogue en même temps. Elle occupe un contre-emploi de frivole dans Les Mufles de Robert Péguy et tourne Verdun, vision d’histoire du fidèle Léon Poirier où elle reprend un rôle de femme de poilu, comme si sa carrière reprenait au départ. Le film est sonorisé en 1931. Elle tourne une version sonore de Violettes impériales dans laquelle elle incarne à nouveau l’impératrice Eugénie et prête sa voix à Marie-Antoinette dans la version parlante de Napoléon de Gance. Elle revient au théâtre grâce à Sacha Guitry et tourne en Allemagne L’éternelle idole et cinq films parlants parmi lesquels Le Roi de Paris de Léo Mittler, La folle nuit de Robert Bibal et L’appel du Silence, son dernier film de Léon Poirier. Elle décède à l’âge de 47 ans à Paris, le 17 octobre 1936 des suites de complications après une opération chirurgicale. L’année suivante, son époux René Jeanne crée le prix Suzanne-Bianchetti qui récompense de jeunes actrices en hommage au talent, la distinction et la suprême élégance de l’interprète des reines de l'écran. Parmi les lauréates, on peut citer Simone Signoret, Annie Girardot, Isabelle Adani, Audrey Tautou ou récemment Camille Cottin. Destiné au départ aux jeunes espoirs des deux sexes, il a été attribué en 1959 à Roger Dumas pour Rue des Prairies.


FILMOGRAPHIE :

Avec Gabriel Signoret
1915 : La femme française pendant la guerre d’Alexandre Devarennes (cm)
1917 : Trois familles d’Alexandre Devarennes
1918 : Riquette et le nouveau riche d’Alexandre Devarennes
1918 : Riquette se marie d’Alexandre Devarennes
1919 : Sa gosse d’Henri Desfontaines
1920 : Flipotte de Jacques de Baroncelli
1920 : Agénor, chevalier sans peur de Callamand
1920 : La Marseillaise d’Henri Desfontaines
1921 : Le rêve de Jacques de Baroncelli
1921 : Le père Goriot de Jacques de Baroncelli
1921 : La brute de Daniel Bompard
1921 : L’idée de Françoise de Robert Saidreau
1921 : Soirée de réveillon de Pierre Colombier
1922 : Les mystères de Paris de Charles Burguet (12 épisodes)
1922 : Jocelyn de Léon Poirier
1923 : La légende de sœur Béatrix de Jacques de Baroncelli
1923 : L’affaire du courrier de Lyon de Léon Poirier (3 parties)
1923 : Violettes impériales d’Henry Roussel
1924 : L’heureuse mort de Serge Nadejdin
1924 : La flambée des rêves / Un homme riche de Jacques de Baroncelli
1924 : L’enfant des halles de René Leprince (8 épisodes)
1925 : Madame Sans-Gêne de Léonce Perret
1925 : La ronde de nuit de Marcel Silver
1925 : Le nègre blanc de Serge Nadejdin, Nicolas Rimsky & Henry Wulschleger
1925 : Amours exotiques de Léon Poirier
1925 : Les aventures de Robert Macaire de Jean Epstein (5 épisodes)
1926 : Casanova d’Alexandre Volkoff
1927 : Napoléon d’Abel Gance
1928 : Embrassez-moi de Robert Péguy
1928 : Cagliostro (Graf Cagliostro) de Richard Oswald
1929 : Verdun, visions d’histoire de Léon Poirier
1929 : Les mufles de Robert Péguy
1929 : L’éternelle idole (Der mann, der nicht liebt) de Guido Brignone
1930 : Princes de la cravache de Marcel L. Wion
1930 : Le roi de Paris de Leo Mittler
1932 : Violettes impériales d’Henry Roussel
1932 : La folle nuit de Robert Bibal
1934 : Aux portes de Paris de Charles Barrois
1936 : L’appel du silence de Léon Poirier


Filmographie de Suzanne BIANCHETTI
 
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