Pierre BERTIN
 Acteur français
Grand acteur et metteur en scène de théâtre, Pierre Bertin a trouvé dans le cinéma parlant d’innombrables occasions de mettre en œuvre sa verve et son prodigieux sens de la composition. Avec son air mielleux et ses éternels lorgnons vissés sur le nez, il incarna des fonctionnaires et des aristocrates cocasses partant des premiers rôles dans des pièces filmées à des personnages insolites pour Clouzot ou Chabrol.
Pierre Bertin est né le 24 octobre 1891 à Lille. Son père tient un commerce de meubles et le jeune Pierre entame des études de médecine. Il pratique le théâtre en amateur dans une troupe appelée Le Carillon et remarqué par André Antoine, devient professionnel à l’Odéon en 1912. Il joua les jeunes premiers amoureux comme Dorante, Damis, Horace ou Cléante. Il fréquente les cubistes comme Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Francis Jammes ou Jacques Copeau.
Vedette de l'Odéon
Mobilisé pendant la Grande Guerre à l’hôpital Cochin, il joue le soir à l’Odéon. Pour Les Fâcheux, il s’attache les services d’un jeune ocmpositeur de 18 ans, Georges Auric. Il interprète Goethe, Tristan Bernard, Max Jacob. Il fait quelques apparitions dans des films muets, donnant la réplique à Huguette Duflos dans L’Instinct, s’attachant au drame mondain dans Le Secret de la Comtesse et faisant semblant de chanter dans Le Comte de Griolet, curieuse formule où un orchestre accompagne la projection dans la salle.
Des personnages cocasses à lorgnon
En 1923, Pierre Bertin entre à la Comédie française et en devient sociétaire en 1931. Il joue les plus grands rôles du répertoire classique, faisant admirer sa grande présence scénique, sa voix inclassable et sa diction articulée. La même année 1923, naît sa fille Marie qu’il a eu avec son amie d’enfance Marcelle Meyer, épousée en 1917. Son fils, le futur comédien Roland naît le 16 octobre 1930. Il tourne son premier film sonore et musical L’Amour chante avec Fernand Gravey. Il occupe les premiers rôles dans Faubourg Montmartre de Raymond Bernard avec Gaby Morlay, Le Cordon bleu de Karl Anton avec Jeanne Helbling et occupe des seconds rôles cocasses dans La petite Chocolatière avec Raimu et la débutante Simone Simon et dans Coralie et Compagnie d’Alberto Cavalcanti avec Françoise Rosay. Dès lors, Pierre Bertin dessine les personnages qui vont l’imposer comme un des excentriques du cinéma français, l’invité surprise du prologue de Faisons un rêve de Sacha Guitry avec Arletty, le secrétaire de Maître Presle dans Jeunes Filles en détresse, le modeste musicien de Péchés de Jeunesse de Maurice Tourneur avec Harry Baur, le fournisseur en tissus dans Au Bonheur des Dames d’André Cayatte et le sous-préfet dans Le Corbeau d’Henri-Georges Clouzot.
Dans la compagnie Renaud-Barrault
Pierre Bertin quitte la Comédie-Française en 1944 mais poursuit sa brillante carrière au théâtre. Il avait partagé la vie de Madeleine Renaud, séparée de Charles Granval et pas encore avec Jean-Louis Barrault. De fait, Pierre Bertin devient un des piliers de la compagnie Renaud-Barrault interprétant Albert Camus (L’État de siège), Feydeau (On purge Bébé), Anouilh (La Répétition ou l’Amour puni) ou Musset (On ne badine pas avec l’amour), poussant la chansonnette dans La Vie Parisienne. Il met en scène Marivaux, Chancerel, Garcia Lorca ou Alexandre Dumas.
De Guitry à Bertrand Blier
Avec son aspect onctueux, son air rêveur et son fameux lorgnon, il tourne avec des cinéastes de renom comme Marcel L’Herbier (L’Affaire du collier de la reine), Guitry (Le Diable boîteux où il campe un inoubliable baron de Nesseirode), Jean Cocteau (Orphée) et Jean Renoir (Éléna et les hommes). Instituteur dans Knock avec Louis Jouvet et Napoléon III dans Monsieur Fabre avec Pierre Fresnay, il se perd aussi dans la médiocrité du cinéma d’après-guerre avec Le Château de la dernière chance, Véronique, Tire au flanc ou Mon phoque et elles. Il trouve encore des personnages impayables comme le duc de Crécy dans Babette s’en va-t-en guerre, le père d’Antoine (Claude Rich) dans Les Tontons flingueurs ou M. Belin dans Les Bonnes Femmes pour terminer par le grand-père de Marie Dubois dans La grande Vadrouille. Il a beaucoup joué les ecclésiastiques (Le Dialogue des Carmélites, Calmos) et les hommes du monde (Absences répétées en professeur homo, L’Oiseau rare). On doit également à Pierre Bertin des livrets d’opéra-comique et un brillant livre de souvenirs, Le théâtre est/et ma vie en 1971. Après quelques apparitions à la télévision, notamment dans Au Théâtre ce soir, Pierre Bertin s’éteint le 13 mais 1984 à l’âge de 92 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Monique Mélinand
dans Tartuffe
1916 : L’Instinct d’Henri Pouctal
1917 : Le Secret de la Comtesse de Georges Denola
1923 : Le Comte de Griolet de Jacques Isnardon et Raoul Grimoin-Sanson
1930 : L’Amour chante de Robert Florey
1930 : Je serai seule après minuit de Jacques de Baroncelli
1930 : Faubourg Montmartre de Raymond Bernard
1931 : Le Cordon bleu de Karl Anton
1931 : La petite Chocolatière de Marc Allégret
1932 : Le Roi bis de Robert Beaudouin
1932 : Professeur Cupidon de Robert Beaudouin & André Chemel
1932 : L’Affaire de la Rue Mouffetard de Pierre Weill (cm)
1933 : Coralie et Cie. d’Alberto Cavalcanti
1934 : Une Nuit de Folies de Maurice Cammage
1935 : La Carte forcée d’André Hugon (cm)
1935 : La Main passe d’André Hugon (cm)
1936 : Faisons un rêve de Sacha Guitry
1939 : Jeunes Filles en détresse de Georg Wilhelm Pabst
1940 : Péchés de Jeunesse de Maurice Tourneur
1942 : Mademoiselle Béatrice de Max de Vaucorbeil
1943 : Le Corbeau d’Henri-Georges Clouzot
1943 : Au Bonheur des Dames d’André Cayatte
1945 : L’insaisissable Frédéric de Richard Pottier
1945 : Cyrano de Bergerac de Fernand Rivers
1945 : L’Affaire du Collier de la Reine de Marcel L’Herbier
1945 : Le beau Voyage de Louis Cuny
1946 : Le Château de la dernière Chance de Jean-Paul Paulin
1946 : Pas un mot à la Reine Mère de Maurice Cloche
1947 : Cartouche roi de Paris de Guillaume Radot
1948 : Hans le Marin (Hans the sailor) de François Villiers
1948 : Le Diable boiteux de Sacha Guitry
1949 : Tire au flanc de Fernand Rivers
1949 : Orphée de Jean Cocteau
1949 : Véronique de Robert Vernay
1950 : Knock de Guy Lefranc
1950 : Mon Phoque et elles de Pierre Billon
1950 : Min vän Oscar de Pierre Billon & Åke Ohberg
1951 : Monsieur Fabre d’Henri Diamant-Berger
1955 : Le Patron c’est moi (Il Padrone sono me…) de Franco Brusati
1956 : Elena et les hommes de Jean Renoir
1959 : Le Dialogue des Carmélites de Raymond Leopold Bruckberger & Philippe Agostini
1959 : La Marraine de Charley de Pierre Chevalier
1959 : Babette s’en va-t-en guerre de Christian-Jaque
1960 : Les bonnes Femmes de Claude Chabrol
1963 : Les Tontons flingueurs de Georges Lautner
1964 : Comment épouser un premier Ministre ? de Michel Boisrond
1964 : Les bons Vivants, « Le procès » de Gilles Grangier
1965 : La Nuit de l’Adieu (Tretya molodost ) de Jean Dréville & Isaak Menaker
1965 : Pas de Caviar pour tante Olga de Jean Becker
1966 : La Cerisaie de Jean-Paul Sassy (tv)
1966 : La grande Vadrouille de Gérard Oury
1967 : L’Étranger (Lo Straniero) de Luchino Visconti
1969 : L’Officier recruteur de Jacques Pierre (tv)
1970 : Le Temps d’aimer (Time for loving) de Christopher Miles
1971 : Absences répétées de Guy Gilles
1972 : L’Évasion du Duc de Beaufort de Christian-Jaque (tv)
1973 : L’Oiseau rare de Jean-Claude Brialy
1974 : Au Pays d’Eudoxie ou Le Satyre de La Villette de Bernard d’Abrigeon (tv)
1975 : Calmos de Bertrand Blier
1975 : Une vieille Maîtressse de Jacques Trébouta (tv)
1975 : La Nuit des Adieux de Jean Dréville
1976 : Robert Macaire de Georges Neveux (tv)
1977 : La Foire de Pierre Vallet (tv)
1978 : Le Beaujolais nouveau est arrivé de Jean-Luc Woulfow
1980 : Maigret et les Vieillards de Stéphane Bertin (tv)
1981 : Le Calvaire d’un jeune Homme impeccable de Victor Vicas (tv)


Filmographie de Pierre BERTIN
 
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