Paul BERNARD
 Acteur français
Après l'avoir vu au théâtre, Colette écrit que «Paul Bernard est un charmant jeune premier, dénué d'humour, incapable de se caricaturer lui-même». C'est peut-être ce jugement hâtif et radical qui a décidé de son retrait du cinéma en 1937 pour se consacrer au théâtre et revenir ainsi aguerri, prêt à endosser des personnages ambigus, troubles et souvent antipathiques.
Fils de Jean Bernard, marchand coquetier, et de son épouse, Élisabeth, née Fouquet, repasseuse, Paul Bernard voit le jour le 21 septembre 1898 dans le quartier Saint-Étienne de Villeneuve-sur-Lot, bastide sur le Lot, aux confins du Périgord et de la Guyenne. Après ses études, il s'installe à Paris et travaille au Ministère des Finances, un métier qu'il n'apprécie pas vraiment. Il dépense ses maigres économies au Théâtre des Gobelins où il assiste régulièrement à des représentations prenant ainsi goût à l'art dramatique.
Le théâtre d'Antoine
Il décide alors de se lancer dans une carrière de comédien et prend des cours de théâtre. En 1916, Paul Bernard se présente au Conservatoire de Paris où il est admis dans la classe de M. Litner. Au cours de sa seconde année, en mai 1917, il est engagé à l'Odéon et ne tarde pas à se faire remarquer par son directeur André Antoine. Un an plus tard, il quitte le Conservatoire avec un deuxième prix de Comédie et entre comme titulaire à l'Odéon où il joue quelques grands rôles du répertoire. En 1920, André Antoine le recommande à l'auteur dramatique Pierre Wolff qui lui confie la création de sa nouvelle pièce Les Ailes brisées au Théâtre du Vaudeville. Un an plus tard, il est distribué au Théâtre de la Ville dans Le Chérubin de Francis de Croisset, puis dans La Possession d'Henry Bataille. Par la suite, Paul Bernard joue L'Aiglon d'Edmond Rostand, rôle rendu célèbre par Sarah Bernhardt, et interprète les jeunes premiers dans les divers théâtres de boulevard. Il fera ensuite une grande tournée en Amérique du Sud et se produira régulièrement sur scène jusqu'à sa disparition.
Jeune premier romantique
Entre temps, le cinéma est entré dans la vie de Paul Bernard en 1922. Après une apparition dans le rôle du Prince Rodolphe adolescent pour Les mystères de Paris de Charles Burguet et une participation dans Ziska, la danseuse espionne d'Henri Andréani, il s'éloigne des plateaux pour se consacrer exclusivement aux planches. Il revient à l'écran une dizaine d'années plus tard pour La belle de nuit de Louis Valray auprès de Véra Korène et Aimé Clariond. Il enchaîne les personnages un peu fades d'amants romantiques et de faire-valoir des grandes vedettes de l'époque. On le voit notamment aux côtés de Mireille Balin dans On a trouvé une femme nue, Françoise Rosay dans Pension Mimosas, Harry Baur dans Le greluchon délicat, Marcelle Chantal dans La gondole aux chimères ou Sacha Guitry dans Mon père avait raison. Déçu par ces premières propositions, il retourne au théâtre où il se produit dans Caterina de Felicien Marceau avec Maria Casarès, La Mouette de Tchekhov ou L'Ombre de Julien Green.
Glissement vers l'ignoble
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, il campe des rôles plus intéressants, tels que celui du cruel châtelain dans Lumière d'été de Jean Grémillon avec Madeleine Renaud, le traître prince de Gonzague dans Le bossu de Jean Delannoy face à Pierre Blanchar et l'amant de Maria Casarès dans Les dames du Bois de Boulogne de Robert Bresson. Après la guerre, il est encore l'interprète d'une quinzaine de films. Il campe un parfait salaud dans Un ami viendra ce soir, un traître dans Les Maudits, un assassin particulièrement répugnant, amant de Viviane Romance dans Panique de Julien Duvivier adapté de Simenon, un homme d'affaires douteux dans Le paradis des pilotes perdus, le malfaiteur qui finira guillotiné dans L'échafaud peut attendre et surtout le bourgeois acariâtre et detesté dans Pattes Blanches dans lequel il étrangle l'aguichante Suzy Delair. À partir des années cinquante, les apparitions au cinéma de Paul Bernard se font plus rares dans des compositions de personnages odieux comme dans Mystère à Shanghai d'après Steeman, l'amant pervers de Caroline Chérie ou l'époux de Françoise Christophe qu'il condamne à faire le trottoir dans La Rue des Bouches peintes. Au théâtre, il crée un dernier grand rôle dans Le Grand couteau de Clifford Odets, adapté par Jean Renoir et mis en scène par Jean Serge. Alors qu'il est en pleine répétition de L'Épouvantail au Théâtre de l'Œuvre, le comédien qui souffre d'un cancer, est hospitalisé suite à un malaise. Paul Bernard meurt peu après, le 4 mai 1958, il n'avait pas encore 60 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Sacha Guitry
1922 : Ziska, la danseuse espionne d'Henri Andréani
1922 : Les mystères de Paris de Charles Burguet
1933 : La belle de nuit de Louis Valray
1933 : La jeune fille d'une nuit de Reinhold Schünzel & Roger Le Bon
1934 : Le greluchon délicat de Jean Choux
1934 : On a trouvé une femme nue de Léo Joannon
1934 : Pension Mimosas de Jacques Feyder
1935 : La gondole aux chimères d'Augusto Genina
1935 : À minuit, le sept de Maurice de Canonge
1936 : Bach détective de René Pujol
1936 : Enfants / Jeunes filles devant l'amour de Gaston Roudès
1936 : Maria de la nuit de Willy Rozier
1936 : Mon père avait raison de Sacha Guitry
1937 : Les anges noirs de Willy Rozier
1942 : Lumière d'été de Jean Grémillon
1943 : Voyage sans espoir de Christian-Jaque
1943 : Le Bossu de Jean Delannoy
1944 : Les dames du Bois de Boulogne de Robert Bresson
1945 : Roger la Honte d'André Cayatte
1945 : Un ami viendra ce soir. de Raymond Bernard
1945 : La fille aux yeux gris de Jean Faurez
1946 : Panique de Julien Duvivier
1946 : La revanche de Roger la honte d'André Cayatte
1946 : Les maudits de René Clément
1947 : Fort de la solitude de Robert Vernay
1947 : L'échafaud peut attendre d'Albert Valentin
1948 : Sombre dimanche de Jacqueline Audry
1948 : Pattes blanches de Jean Grémillon
1948 : Le paradis des pilotes perdus de Georges Lampin
1949 : Prélude à la gloire de Georges Lacombe
1949 : L'homme qui revient de loin de Jean Castanier
1950 : Mystère à Shanghai de Roger Blanc
1951 : Caroline Chérie de Richard Pottier
1951 : La plus belle fille du monde de Christian Stengel
1955 : La Rue des bouches peintes de Robert Vernay

Filmographie de Paul BERNARD
 
Sommaire Acteurs > Sommaire Acteurs B > Contact